18-07-2025
Montée courte et mur infernal : à quoi les coureurs du Tour de France doivent-ils s'attendre pour le contre-la-montre vers l'altiport de Peyragudes ?
Toute la spécificité du contre-la-montre qui aura lieu lors de la 13e étape du Tour de France 2025, vendredi, réside en son mur final menant à l'altiport de Peyragudes. Où l'on peut tout perdre en quelques centaines de mètres.
La douceur des reliefs sauvages et désertiques autour de Peyragudes (Hautes-Pyrénées) convoque paradoxalement des souvenirs brumeux et brutaux pour ceux qui les ont sillonnés sur le Tour de France ces dernières années. « J'ai l'image de (Fabio) Jakobsen qui s'écroule en arrivant pile dans les délais (le sprinteur avait été sauvé pour 16''). J'ai la même vision pour moi dans la rampe toute droite et interminable de l'altiport », sourit Maxime Bouet. Un fragment de mémoire de l'arrivée de la 17e étape en 2022, c'est déjà plus que Matthieu Ladagnous sur la 8e étape de 2016 : « J'étais malade, je ne me souviens pas de grand-chose, c'était sûrement ma pire journée sur un vélo. »
Avant de nous rappeler par téléphone : « J'ai dû confondre, désolé. Parce qu'il me semble qu'on avait basculé à Bagnères-de-Luchon ensuite. » L'ancien rouleur béarnais n'était pas à côté de la plaque : si le lieu de son calvaire avait plutôt été le col de Peyresourde, ce dernier représente la majeure partie des 10,9 km du contre-la-montre, ce vendredi, avant un virage à droite à 3 km de l'arrivée, direction Peyragudes et le mur de l'altiport.
La montée régulière : « Je pense que certains mecs seront à 25-26 km/h »
« Ce n'est pas un col très long mais il est régulier, toujours à 7-8 % », décrit Bouet. On commence doucement sur une route départementale longeant le lac de Loudenvielle par la droite, « ça monte un tout petit peu puis ça redescend avec un ou deux petits virages mais ce n'est pas très technique », détaille le Bagnérais Bruno Armirail (Decathlon-AG2R La Mondiale). Quatre premiers kilomètres où les coureurs pourront tirer le gros plateau, « un 54 dents ». Une fois la commune d'Estarvielle dépassée, une épingle à droite engage les coureurs face à un panorama magnifique. « Mais je ne suis pas sûr qu'on aura le temps d'admirer », sourit Armirail. On entre dans les 8 %.
« Souvent, il y a vent de dos sur ce col et à part sur deux lacets, on est assez exposés, détaille le champion de France du chrono. Je pense que certains mecs comme Pogacar seront à 25-26 km/h et grimperont sur le gros plateau. »
Le mur final : « T'es assommé »
On est toujours sur la grande route du col de Peyresourde et « juste avant de la quitter, il y a peut-être un petit replat à 5,5 % sur une centaine de mètres, mais c'est tout », complète le Bigourdan. Après ce court répit, on tourne à droite et découvre des collines jaunies. La route n'est plus jamais à l'ombre et la difficulté monte encore d'un cran, à 9 %.
Un dernier S et on prend à gauche sur un étroit passage goudronné pour atterrir sur l'altiport. Une dernière rampe à 16 %, on s'y écrase brutalement. « C'est une route large, toute noire, en plein soleil, t'es assommé, dépeint Bouet. Chaque col est associé à une image, pour moi c'est celle-là. Il n'y a même pas 500 m et tu te dis : je vais mettre 5 minutes à monter. » « Un gros mur en ligne droite », résume Ladagnous.
Kévin Rinaldi prévient : « Il sera important d'arriver au pied de ce mur avec de l'énergie, au risque de perdre du temps comme (Christopher) Froome face à (Romain) Bardet. » L'entraîneur de Kévin Vauquelin (Arkéa-B & B Hotels) fait référence à l'arrivée de la 12e étape en 2017. Le vainqueur auvergnat avait collé 22 secondes au Maillot Jaune en 300 mètres.
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