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La Cicad, au cœur d'accusations de censure tous azimuts

Pas de subvention à la Cicad, plaide un metteur en scène, car elle chercherait à faire taire la critique d'Israël. Attention au retour de boomerang, prévient une élue. Polémique. Publié aujourd'hui à 16h35 Chaque année, la Coordination intercommunautaire contre l'antisémitisme et la diffamation (Cicad) publie un rapport sur l'antisémitisme en Suisse romande. TDG En bref: Sur fond de destruction de Gaza, une énième polémique a enflé à Genève, à la suite de deux courriers de lecteurs parus les 16, puis 25 juillet dans la «Tribune de Genève». Dans le premier, Dominique Ziegler plaide pour que la Ville de Genève coupe la subvention annuelle de 100'000 francs versée à la Cicad . L'auteur et metteur en scène reproche à l'organisation romande de lutte contre l'antisémitisme «d'assimiler ceux qui manifestent contre la politique d'Israël à des antisémites». En cause, «l'amalgame douteux entre judaïsme et sionisme». Et donc entre antisionisme et antisémitisme. Choquée, la conseillère municipale PLR en Ville de Genève, Michèle Roullet , a alors écrit à la «Tribune» pour souligner le «travail essentiel et fondamental» de la Cicad. «Avec Dominique Ziegler, on comprend que celui qui émet des propos dérangeants ou discutables est assigné à se taire.» Et de prévenir le fondateur de la compagnie Les Associés de l'ombre, «qui a reçu des subventions ponctuelles conséquentes», qu'il risquait de «subir les effets boomerang de son intolérance». Certains citoyens pourraient demander que le metteur en scène ne reçoive plus d'aides, précise l'élue. «Intimidation publique» «C'est la première fois de toute ma vie que je vois à Genève une attaque aussi déterminée contre un acteur culturel avec intimidation publique à la clé», a réagi sur les réseaux sociaux le metteur en scène genevois José Lillo. Des propos qui n'ont pas été pris à la légère: la «menace» est brandie par une élue siégeant à la commission des arts et de la culture, insiste l'homme de théâtre, vite rejoint par d'autres acteurs culturels. «S'ils veulent les sous de la bonne bourgeoisie, les artistes doivent fermer leur gueule ou chanter pour Tsahal», a renchéri l'écrivain Quentin Mouron, accusant le parti de l'élue d'être historiquement hostile à la cause palestinienne. Ces deux hommes de culture reprochent aussi à Michèle Roullet de diffamer Dominique Ziegler, quand elle écrit qu'il s'enferme «dans une rhétorique d'extrême gauche au relent antisémite»; ou quand elle demande s'il veut que «les juifs se fassent discrets, petits». Sur les réseaux toujours, l'ancien président du PLR genevois, l'avocat Bertrand Reich, rappelle que, comme lui-même, d'autres membres de son parti soutiennent la reconnaissance d'un État palestinien. Il estime encore que les propos de Michèle Roullet n'engagent qu'elle-même. Donner une leçon Mais sur le fond, il lui donne raison de «mettre en évidence le fait que la liberté de parole et de pensée ne peut être asymétrique: si on peut couper la subvention d'une association parce que son discours dérange, alors on doit accepter qu'un artiste subisse le même traitement». Mais il conclut que lui-même se battra toujours contre la censure. Dans «Le Temps», Michèle Roullet dément toute volonté de couper les vivres à Dominique Ziegler . Elle affirme avoir seulement voulu lui donner une leçon en inversant son discours. Une «menace rhétorique […] malheureuse», commente, toujours dans «Le Temps», la cheffe de la Culture en ville, la socialiste Joëlle Bertossa. Avant de rassurer: les subventions aux artistes ne dépendent pas des conseillers municipaux, mais d'un guichet d'experts extérieurs, qui statue sur les qualités artistiques des projets et non sur leur portée politique. Quant au secrétaire général de la Cicad, Johanne Gurfinkiel, il réfute que son organisation confonde critique d'Israël et antisémitisme. Selon lui, Dominique Ziegler, et d'autres, cherche à délégitimer la Cicad, car elle refuse de «taire la réalité de l'antisémitisme lorsque celui-ci se pare d'un vernis politique ou humaniste». Newsletter «La semaine genevoise» Découvrez l'essentiel de l'actualité du canton de Genève, chaque semaine dans votre boîte mail. Autres newsletters Rachad Armanios est journaliste à la rubrique genevoise depuis août 2022 et couvre en particulier la politique cantonale. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.