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Chaka Khan, la chanteuse de Chicago, ouvre les feux du Montreux Jazz Festival
Chaka Khan, la chanteuse de Chicago, ouvre les feux du Montreux Jazz Festival

24 Heures

time3 days ago

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Chaka Khan, la chanteuse de Chicago, ouvre les feux du Montreux Jazz Festival

L'Américaine est à l'affiche avec un double concert, celui de ses 50 ans de carrière puis un show collectif en hommage à Quincy Jones. Publié aujourd'hui à 12h05 Chaka Khan sur scène à Madrid il y a une dizaine de jours. AFP En bref: Le premier miracle de Chaka Khan, c'est une nuit à Montreux. Le 21 juillet 1989, le dernier roi d'Amérique, Miles Davis, est de sortie lors de son passage au MJF . Il n'est un secret pour personne que l'homme est ombrageux. Il n'a jamais apprécié les irruptions d'invités dans ses spectacles (il avait même viré Wynton Marsalis de scène), a toujours considéré cela un peu comme des crimes de lèse-majesté. Pourtant, ce soir-là, il avait accepté que Chaka Khan, chanteuse funk de Chicago, le rejoigne quelques minutes. On ne sait pas comment il avait imaginé ça, mais on devine pourquoi: le trompettiste avait l'oreille absolue pour l'originalité du talent, il savait aussi le vrai goût de Chaka, venu de l'enfance, pour les choses du jazz. Et Chaka était aussi une amie éternelle de l'actrice Cicely Tyson, qui fut dans les eighties l'épouse de Miles. «Human Nature» avec Miles Davis Chaka Khan débarque donc dans le show pour «Human Nature», chanson de Michael Jackson devenue un tube du Miles band dernière période. Il faudrait faire écouter cela à tous ceux qui considèrent Madame Chaka comme «seulement» une aimable chanteuse R'n'B, funk ou pop, loin derrière les géantes Aretha ou Etta. Elle arrive dans la chanson façon petite fille, à la fois timidement et fermement: il s'agit, avec Miles, de trouver sa place sans faire la maligne. Elle y va. Elle décale un peu la mélodie. Et puis elle pousse dans les aigus, ce truc presque cri, cette sauvagerie surprise qui est sa manière de rugir. Mais Miles reste un saligaud, il joue avec elle, il l'oblige aux contrechants, le cat et la souris, elle tient le choc, elle suit, elle se marre, elle s'adapte, il s'engouffre ailleurs, elle est toujours là. Au bout des minutes funambules, elle salue, prend l'ovation. Quand il sortira à son tour de scène, Miles dira: «J'ai changé trois fois de tonalité, et cette garce ne s'est pas plantée.» N'y entendez pas seulement la volonté cruelle du piège, mais sentez surtout l'immensité du compliment, le respect musical: Chaka Khan avait regardé Miles Davis sans baisser les yeux. Chaka Khan: la fille du South Side Le deuxième miracle de Chaka Khan, c'est Chicago. Elle est née dans Hyde Park, un îlot juste un poil chanceux dans la jungle hostile et violente du South Side de la ville des vents, où s'inventent tous les gangs d'Amérique. Yvette Marie Stevens y voit le jour en mars 1953, aînée d'une fratrie de cinq enfants. Ses parents se séparent quand elle a 10 ans, et il s'agit d'entendre ce déchirement dans les dizaines de chansons où, plus tard, elle demandera de l'amour, du courage et de la vérité. Beaucoup de musique autour d'elle, de mélanges, du jazz au funk. À 11 ans, elle forme un premier groupe. À 13 ans, un maître yoruba lui décerne un nouveau nom: Chaka Adunne Aduffe Hodarhi Karifi. Chaka signifie «feu» dans de nombreuses langues d'Afrique. Elle milite au sein du Black Panther Party. Elle chante dans les clubs de Chicago, fait dresser l'oreille d'Ike Turner, se fait vite remarquer comme une voix d'exception. Elle épouse un bassiste, Hassan Khan, en 1970. Ils divorceront un an plus tard, elle garde son nom. Chaka Khan prend alors son envol comme chanteuse du formidable funk band Rufus. Elle a 20 ans. Sa voix est extraordinaire: mezzo-soprano, trois octaves, puissance, projection donnant sans cesse le sentiment qu'elle ne force pas, agilité et précision proche du scat, de l'improvisation jazz, modulations harmoniques complexes, placement rythmique parfait, contrôle du souffle et du vibrato. À partir de 1978, elle y va en solo. Et passe les quatre décennies qui suivent à multiplier les rencontres: Prince ou Whitney Houston, Steve Winwood, Stevie Wonder, Billy Cobham, Ray Charles, Guru et évidemment Quincy Jones, lui aussi natif du South Side de Chicago. Au bout de cette carrière, funk, pop, hip-hop, R'n'B, sept premières places dans les charts américains, de «Tell Me Something Good» en 1974 à «Disrespectful», duo avec Mary J. Blige, en 2007. Et une dizaine de Grammy Awards entre 1975 et 2008. Chaka est bien une légende, celle de 50 ans de carrière, qu'elle vient célébrer ce soir à Montreux, Scène du Lac, soleil couchant comme le feu qui dure. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. L'amie de Quincy Jones Le troisième miracle de Chaka Khan, c'est Quincy Jones et Montreux. Avec Q, qui fut son ami tout au long de la route (elle le rencontra quand elle avait 25 ans), qui la produisit, l'accueillit aussi en guest au milieu des déesses et des dieux sur «Back on the Block» en 1989, elle partageait la hauteur des goûts musicaux larges, des superproductions léchées et classe, du groove toujours élégant. De Montreux, où elle vécut quelque temps, elle a toujours dit l'émerveillement du lieu et des gens, le sentiment d'y être safe et heureuse, et une fidélité aussi, construite dès les sixties et sa rencontre avec Claude Nobs: c'est ce soir la onzième fois qu'elle participe au festival. Il n'est ainsi que pure logique de la voir en hôte de la deuxième partie de cette nuit d'ouverture sur la Scène du Lac, qui consistera en un hommage à Mister Jones, parti lui aussi de Chicago vers Montreux, et décédé en novembre dernier . Un show qui rappellera un peu ceux que le master himself mettait en place lors de ses grandes années au festival. Une bande d'invités (la merveilleuse Siedah Garrett, mais aussi Lalah Hathaway, Rahsaan Patterson ou Mica Paris) se succéderont et s'inviteront: ensemble, duos, trios ou plus encore, pour quelques tubes portant la marque de Q. «The Place You Find Love», «Tomorrow (Better You)», «Ai No Corrida», «Secret Garden», «Man in the Mirror» ou «Stuff Like That» devraient être au programme. Au centre de ce second concert, Chaka Khan sera surtout là pour le début et la fin, et ajouter ainsi une tension forte à une affaire spectaculaire qui tend parfois à en manquer, en raison de la succession des prestations. Chaka Khan vient ainsi à Montreux pour prendre date avec ses 1000 vies, son histoire, et rendre grâce: la soirée promet le feu funk et l'émotion infiniment partagée des tendresses entre musiciens qui firent de Montreux un endroit à eux. Welcome home , Chaka Khan. Montreux Jazz Festival , du 4 au 19 juillet. D'autres articles sur le Montreux Jazz Festival 2025 Christophe Passer, né à Fribourg, travaille au Matin Dimanche depuis 2014, après être passé notamment par le Nouveau Quotidien et L'Illustré. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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