3 days ago
Budgets à sec pour les fontaines brisées
Vous avez l'habitude de lancer des pièces de 25 cents dans les fontaines que vous croisez ? Montréal pourrait devoir y lancer des millions.
La Ville fait face à des factures extrêmement salées pour réparer certaines de ses fontaines les plus iconiques, brisées depuis parfois plusieurs années.
La fontaine du parc La Fontaine, par exemple, à sec depuis 2019, ne retrouvera pas ses jets d'eau de sitôt. Montréal a renoncé à la faire réparer devant une facture prévue de quelque 7,6 millions.
« C'est un coût vraiment trop élevé », a fait valoir la conseillère municipale Laurence Parent, confirmant des informations d'abord publiées par le média local Mon Plateau. « C'est beaucoup d'argent, surtout dans le contexte actuel. À la Ville, l'argent ne pleut pas et les besoins en infrastructure sont énormes partout. »
PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE
La fontaine du parc La Fontaine en 2012
« Présentement, ce qui est en train d'être fait, c'est de revoir quelle technologie va être utilisée pour cette fontaine-là pour qu'elle soit moins complexe, a expliqué Mme Parent. Le système précédent était très complexe. Remettre en état ce système-là coûtait très cher. »
Mastodo, la fontaine-monument du sculpteur Charles Daudelin, est elle aussi brisée, à peine un an après sa réinstallation au square Viger, après des décennies d'incertitude. « Un bris mécanique occasionne des problèmes au niveau de l'alimentation en eau dans le square Viger », a indiqué Marc-Antoine Bélanger, relationniste à la Ville. « Nos équipes s'affairent à en [déterminer] la cause. »
« Je vous avoue que je trouve ça décourageant après tant d'années à vouloir sauver cette œuvre magistrale », a déploré le fils de l'artiste, Éric Daudelin. La restauration avait fait l'objet d'un contrat de 700 000 $.
PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE
La fontaine Mastodo au square Viger
Plus de 3 millions pour une fontaine
Dans le Sud-Ouest, la fontaine centenaire du square Sir-George-Étienne-Cartier ne fonctionne plus depuis 2022. Des fuites d'eau importantes menacent la stabilité de l'ouvrage.
« L'ampleur et la complexité des travaux à réaliser nécessitent des investissements considérables estimés à plus de 3 millions », indique l'arrondissement sur son site internet.
Devant une telle facture, les travaux ont été retardés. « L'ampleur de l'ouvrage et les coûts qui y sont associés [auraient] pour résultat notamment de retarder plusieurs autres projets très attendus dans notre quartier », ajoute l'arrondissement, qui affirme vouloir tout de même aller de l'avant avec ces travaux. « Des démarches se poursuivent pour tenter d'obtenir du financement et des subventions pour ce projet fort attendu par notre communauté. »
La Ville s'apprête aussi à dépenser 313 000 $ pour la réfection du bassin de la fontaine La fermière, en face du marché Maisonneuve.
PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE
La fontaine La fermière en 2022
La fontaine du parc Baldwin, dans l'arrondissement du Plateau-Mont-Royal, est brisée elle aussi, selon la Ville de Montréal. « Notre équipe est informée et travaille à régler la situation », indique-t-on.
Des prix « démentiels »
François Ménard est ingénieur fontainier, une spécialité extrêmement rare au Québec, dont il est le « pionnier ». Le professionnel a travaillé sur plus d'une quinzaine d'ouvrages aquatiques depuis 1999.
Il constate que les prix des réparations des fontaines sont « démentiels », ces jours-ci, mais souligne que c'est loin d'être le seul domaine dans la même situation.
« On reçoit des montants de soumission qu'on ne croyait jamais voir », a-t-il confié en entrevue avec La Presse.
Des fois, on a des montants qu'on est stupéfaits de voir et on a de la misère à pointer la raison ou les raisons précises. C'est inconfortable.
François Ménard, ingénieur fontainier
« Il y a des augmentations dans les coûts des produits, oui. Mais on est toujours étonnés de voir à quel point c'est beaucoup plus cher que ce à quoi on s'attendait », a continué M. Ménard, en reconnaissant que « c'est sûr qu'à partir du moment où on fait intervenir un élément patrimonial, ça peut amener un surcoût, comme dans n'importe quel ouvrage ».