18-07-2025
« L'un des matchs les plus fous que j'ai joués »
(Montréal) Il restait deux minutes et 43 secondes au match entre les Alouettes de Montréal et les Argonauts de Toronto, jeudi soir. Les Montréalais tiraient de l'arrière par cinq points. Les locaux, dominés pendant l'entièreté de la rencontre, montraient enfin un signe de vie.
Deux minutes et 17 secondes à jouer. Embourbés dans le fond de leur territoire, les Argonauts souhaitaient remonter le terrain pour au moins effectuer un placement question de mettre le match hors de portée des Alouettes. Pendant que les feux d'artifice décoraient le ciel au-dessus du pont Jacques-Cartier, Lwal Uguak a renversé le quart Nick Arbuckle, lui faisant du même coup perdre le contrôle du ballon. Le géant Shawn Oakman en a pris possession. Le stade a explosé.
Une minute et 46 secondes à compléter. À la ligne de 10 verges des Argos, le quart-arrière Davis Alexander a pris ses jambes à son coup pour inscrire le touché donnant les devants aux Alouettes pour la première fois du match. 26-25 pour les locaux. Spieker a ensuite raté un attrapé facile pour la transformation de deux points.
53 secondes au cadran. Dans une ultime chance de remontée, les Argonauts ont tenté une longue passe. Marc-Antoine Dequoy s'est faufilé entre les joueurs de ligne offensive de Toronto pour aller frapper violemment Arbuckle. Dans l'urgence, il a décoché une passe imprécise interceptée par Kabion Ento. Si bien qu'un déficit de 18 points s'est transformé en une victoire in extremis de 26 à 25 des Alouettes.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Marc-Antoine Dequoy et Tyrell Richards
Le sifflet final s'est fait entendre et le secondeur Geoffrey Cantin-Arku a fait le tour du terrain, près des partisans, les bras dans les airs, à la manière de Jean Béliveau au Forum après avoir remporté une énième coupe Stanley.
« C'est l'un des matchs les plus fous que j'ai joués », a lancé Marc-Antoine Dequoy, encore essoufflé quelques instants après la fin de cette joute aux mille rebondissements. C'est hallucinant. De revenir dans le match, de ne jamais baisser les bras, de continuer à jouer notre football. C'est notre identité. C'est dans les moments difficiles que tu vois l'identité d'une équipe », a ajouté le demi défensif.
De peine et de misère
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Les Argonauts n'ont rien donné aux Alouettes. Et ce, dans toutes les phases du jeu.
Cette quatrième victoire s'est méritée au pic et à la pelle. « Nous sommes des battants. Nous sommes une bande de gagnants. Je me suis levé ce matin et je sentais quelque chose de différent. Il y avait quelque chose dans l'air », a expliqué Alexander.
Toutefois, en début de rencontre, rien ne fonctionnait pour son équipe. Pourtant, toutes les conditions étaient réunies pour que les Montréalais sortent des blocs avec la fureur de vaincre. Alexander effectuait son retour au jeu après avoir raté les deux dernières rencontres. Même chose pour le receveur Austin Mack. L'équipe revenait d'une semaine de congé. Puis, elle affrontait une équipe ayant perdu quatre de ses cinq matchs. Cependant, les champions en titre de la coupe Grey ont entamé la rencontre comme les champions qu'ils sont.
Ils n'ont rien donné aux Alouettes. Et ce, dans toutes les phases du jeu.
Offensivement, les Alouettes n'ont rien montré de concluant. À la fin de la première demie, Montréal n'avait inscrit aucun touché. Alexander avait récolté seulement 107 verges aériennes à la demie. Il avait également lancé une interception. Et l'équipe avait converti uniquement quatre de ses 10 jeux en situation de deuxième essai.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Match des Alouettes de Montreal contre les les Argonauts de Toronto au stade Percival-Molson le 17 Juillet 2025. Sur cette photo: Davis Alexander
Tactiquement, difficile d'expliquer les décisions des entraîneurs. Avant la rencontre, Toronto entretenait le pire rendement de la LCF contre la course. L'équipe allouait en moyenne 124,8 verges au sol par match. Or, les Alouettes ont couru à peine six fois en première demie. Et seulement lors de la dernière séquence du deuxième quart. Dans un contexte où le jeu par la passe, qui plus est, n'avait aucun rythme.
En défense, ce n'était guère mieux. « On ne jouait pas selon notre standard, a avoué Cantin-Arku. Il faut commencer les matchs en étant physique. »
Chaque fois que Arbuckle complétait une passe, les couvreurs se trouvaient toujours trop loin des receveurs. Très souvent, les Torontois avaient le temps et l'espace pour capter le ballon, se retourner, faire quelques pas et tenter une feinte avant de se faire frapper. Cette manière de jouer n'avait rien à voir avec ce à quoi la meilleure défense la Ligue canadienne nous a habitués.
« Il ne faut jamais abandonner. Ça reste du football. Et on n'a jamais abandonné. Dans les trois dernières minutes, c'est là que ça se joue », a rappelé Dequoy.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Nick Arbuckle
À 25-7 en faveur des visiteurs, au troisième quart, le match semblait déjà hors de portée. Mais Spieker a ramené son équipe dans la rencontre avec un touché réalisé sur la pointe des pieds, dans la zone des buts, grâce à une passe précise d'Alexander sur 10 verges en situation de troisième essai et quatre verges. Un sac du quart de Cantin-Arku a assommé Arbuckle au début du dernier quart. Un attrapé de 38 verges de Spieker a ensuite mis les Alouettes en bonne position pour marquer. Et le demi-offensif Sean Thomas Erlington a enfilé l'aiguille sur une course de trois verges. L'écart n'était plus que de cinq points. Et la suite fait presque partie de l'histoire.
« C'est certainement dans le top 3 de mes matchs avec les Alouettes, a dit en rigolant Cantin-Arku. La foule était en délire. C'était fou. C'est pour ça qu'on joue au football. »
Alexander et la suite des choses
Déjà fragile, Alexander a été rudoyé au quatrième quart. Il a été sonné sur une courte course. Il a même failli mettre un genou au sol. Il a retraité momentanément au vestiaire avant de revenir.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Alexander a terminé la soirée avec 26 passes complétées en 39 tentatives, 303 verges, un touché et une interception.
Puis, sur son touché décisif, il a arrêté sa course immédiatement après avoir franchi la ligne des buts pour se prendre le derrière de la cuisse. Il a admis après le match s'être à nouveau blessé aux ischiojambiers qui l'avaient fait rater les deux dernières rencontres. Il a terminé la joute avec ses coéquipiers, mais en boitant. Devant les membres des médias, il avait du mal à tenir debout. « Ça ressemble à la première fois où je me suis blessé », a confirmé le quart-arrière, émotif.
Alexander a terminé la soirée avec 26 passes complétées en 39 tentatives, 303 verges, un touché et une interception.
Selon lui, il serait surprenant de le voir en uniforme contre les Stampeders de Calgary la semaine prochaine. « Je suppose que je ne jouerai pas. Mais je vais voir demain. »
Malgré tout, c'était la fête dans le vestiaire de l'équipe gagnante. Même le grand Robert Charlebois était de la partie pour festoyer. Il félicitait les joueurs Québécois un par un. Après tout, qui de mieux que Garou pour célébrer cette victoire loin d'être ordinaire ?
En hausse
Cole Spieker
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Cole Spieker (17)
Tyson Philpot, blessé, n'a pas disputé la rencontre. Spieker a donc pris sa place dans les différents schémas offensifs. Et il a joué comme un receveur numéro un. Neuf attrapés en 13 tentatives, 129 verges et un touché. Cette remontée n'aurait jamais eu lieu sans son apport.