Dernières actualités avec #NilsAntoineSambuc


24 Heures
4 days ago
- Entertainment
- 24 Heures
Isabelle Adjani explose les codes de la saga d'été dans «Soleil Noir»
Accueil | Culture | Streaming | Isabelle Adjani s'offre un été meurtrier dans une saga tragique ou burlesque. Le coup de soleil, quoi. Netflix, 6 épisodes, 41-57 mins. Publié aujourd'hui à 09h55 Longtemps flotte dans l'air de «Soleil noir» des effluves indéfinissables. La série où trône Isabelle Adjani en impératrice déchue de la beauté et des arts, ne moque-t-elle pas tout un répertoire de la production «frenchie» estivale avec une malice bienvenue, une ironie prodigieuse si rare? Soit ces histoires de familles bourgeoises à la grandeur décadente, façon «Châteauvallon», «Les cœurs brûlés» ou «Les yeux d'Hélène». Le clan imaginé par Nils-Antoine Sambuc ne sent pas la rose même s'il la cultive en Provence depuis des générations pour des parfumeurs exigeants. Le scénariste remarqué pour son apport sur «En thérapie» , «Belphégor» ou «La maison» , reprend la formule du clan déchiré entre fric et sentiments. Liquider les terres ou les exploiter à la dure? À l'enjeu territorial s'ajoute l'immigration clandestine des saisonniers venus cueillir les roses, exploités par les vils seigneurs du château, forcés même à se prêter à des exercices sexuels, bref asservis comme au pire temps du Moyen ge. Même si les réalisateurs emballent l'horreur et savent vendre les paysages avantageux régionaux, cigales, oliviers, douceur de vivre, etc. Netflix s'autoparodie? Sur cet organigramme se greffent les habituels rebondissements, soit les trahisons, adultères, enfants adultérins et autres incidents de parcours. Se dessinent les profils types, l'aîné bouffi d'arrogance, la sœur invisibilisée, la cadette rebelle, le contremaître jaloux du patron, etc. Bisbilles de classes sociales, clash de générations, émergence de secrets enfouis, etc., piquent les épines d'un récit qui enfle dans l'outrance. Cette bouffonnerie donne à « Soleil noir » une excentricité intrigante, comme si la série devenait la parodie de ces divertissements programmés sur les chaînes télévisées pour accompagner la sieste. Ces jours, TF1 a sorti «Tout pour la lumière», M6 lance sous peu «Nouveau jour». Netflix, même désormais acoquiné avec TF1 à l'occasion, s'offre son «Soleil noir» en exclusivité. Le jus est ciselé pour sa star septuagénaire. À chaque épisode, Adjani semble sortir du lit en énormes lunettes noires et chapeau à larges bords. Ses partenaires Ava Baya, Guillaume Gouix ou Thibault de Montalembert passent les plats. Quelques séquences méritent, notamment les funérailles du patriarche que la veuve préside en tailleur rose bonbon. Mais au final, c'est enterré, déjà oublié. Notre note: 3 étoiles Petite soirée Netflix? Cécile Lecoultre, d'origine belge, diplômée de l'Université de Bruxelles en histoire de l'art et archéologie, écrit dans la rubrique culturelle depuis 1985. Elle se passionne pour la littérature et le cinéma… entre autres! Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


Le Figaro
4 days ago
- Entertainment
- Le Figaro
« Soleil noir », les larmes amères d'Isabelle Adjani
Sur Netflix, cette saga sur fond de polar dresse le constat édifiant du délitement familial en six épisodes. La saga familiale est une source inépuisable d'inspiration en ce qu'elle dit des sociétés et de leurs évolutions, des jeux de pouvoir et intrafamiliaux, du rapport dominant/dominé, de cette capacité de l'individu, quelles que soient ses origines et ses motivations, à détruire son entourage. Comme l'enfant casse le jouet qu'il a tant désiré, l'adulte brise sa famille sans en mesurer les conséquences. Jouet et liens ne sont pas toujours réparables. Ainsi Soleil noir, série en six épisodes créée par Nils-Antoine Sambuc, qui situe son intrigue dans le monde très fermé de la fleur à parfum et place Isabelle Adjani dans le rôle de l'épouse d'un puissant producteur. Ce dernier (Thibault de Montalembert, trop peu présent) est retrouvé mort, assassiné, quelques heures après l'embauche d'une fille bizarre, débarquée d'on ne sait où avec un gamin d'une dizaine d'années. Écorchée vive, fuyant un passé qui s'obstine à la rattraper, cette mère célibataire (parfaite Ava Baya) apparaît d'emblée comme la suspecte idéale. Et tout s'enchaîne. L'enquête de police. Le rapport de classe. Les secrets qui se font jour. L'argent, nerf de la guerre. La fille mal-aimée. Le fils tout-puissant. Les mariages désastreux. Le dérisoire du lien du sang. L'angoisse, si puissante, de solitude. À lire aussi Isabelle Adjani: «Les artistes qui ont une haute opinion d'eux-mêmes évitent mieux les erreurs de parcours» Publicité Tragicomique existentiel Sans parler du personnage de la mère, shakespearien, qui se révèle peu à peu intrigant, manipulateur, rebutant, mais aussi victime d'un destin dont elle tente vainement de reprendre les rênes. Isabelle Adjani, peu revue sur le petit écran depuis le Diane de Poitiers hilarant de Josée Dayan, excelle. Camille Claudel, c'est elle. Marguerite de Valois, c'est elle. Carole Matthieu, c'est elle. Subtile, charnelle, féroce, joueuse, l'actrice aux cinq César embrasse avec un naturel - il faut l'écrire - assez déconcertant les rôles de femmes poussées dans leurs retranchements et domine cette fiction qui, sans elle, peinerait à maintenir son cap. Elle n'est pas de tous les plans. Tant s'en faut. Mais chacune de ses apparitions résonne avec un tragicomique existentiel dont le scénariste Nils-Antoine Sambuc semble avoir cerné le côté jubilatoire. Les codes du genre sont respectés. Les ingrédients sont réunis. Le récit est dosé. Le reste du casting est irréprochable. À lire aussi Après Voleuses, Isabelle Adjani va revenir sur Netflix avec une « saga estivale» Et l'histoire se teinte au fil des épisodes d'une mélancolie à laquelle on ne s'attend pas. Le constat amer d'une lignée dont le délitement semble écrit, inexorable. Soleil noir n'est peut-être pas une révélation. On attend toujours la série française capable d'offrir le récit cathartique d'une déconfiture familiale sans l'étayage de la béquille policière, ressort narratif aussi lassant qu'inusable. Une fiction dans la veine de Bloodline (Netflix) dans laquelle Sissy Spacek campe une patronne d'hôtel et matriarche impérative et sacrificielle. Ou, plus récemment, de la prodigieuse Succession (HBO) dont la critique a plébiscité la maîtrise du genre jusque dans ses plus petits détails. Et même de Dallas, pionnière du genre, dont la rage intérieure de chaque personnage a suffi à alimenter les huit saisons. Pour autant, elle présente les qualités d'une saga distrayante. Une coproduction française dont Netflix, étrangement, a négligé de vendre les mérites et dont il faut à tout le moins retenir le nom du créateur. Nils-Antoine Sambuc vient de coécrire la reprise pour le petit écran du mythe de Belphégor, première coproduction de Pathé, M6 et Max (bientôt rebaptisée HBO Max). Croisé sur ce tournage, le jeune homme n'a pas caché son goût pour le cadrage serré sur les âmes, le portrait brossé à gros trait dont le téléspectateur affine peu à peu lui-même les contours. Une manière édifiante de raconter le monde.