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Vous n'avez pas fini de rire avec l'humoriste Noam Sinseau, « le Teddy Riner des pédés »
HUMOUR - Oubliez Tony Stark, Bruce Banner, Thor et leurs confrères. Faites place à Tahnee, Natacha Prudent, Norma Bell et Noam Sinseau, les « Avengers de l'humour », selon France 4. La chaîne du groupe France TV diffuse, ce vendredi 8 août à 21 heures, Comédie Queer, un plateau de stand-up unique consacré aux quatre humoristes antillais.
Une drag-queen, deux lesbiennes et un « pédé ». Ce n'est pas nous qui le disons, mais le principal intéressé. « Récemment dans la rue, on m'a dit que j'étais un petit pédé, déclare Noam Sinseau. Franchement non. Je suis un gros pédé, ok ? Je suis un super pédé, je suis le Teddy Riner des pédés. Je suis un PDG, voilà ce que je suis. »
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Le public éclate de rire. Lui, reprend son sérieux. « J'ai conscience que dire le mot 'pédé' peut être violent, dit comme ça, concède ce dernier. Mais moi, j'ai le droit car je suis… » « Pédé », s'enthousiasme la foule à l'unisson. « Non. Humoriste, leur répond-il, faussement choqué. Ayez honte, Ayez honte. »
Drag Race France, Comedy Class...
Noam Sinseau a fait de ses sketchs très frontaux des espaces de réflexion et d'éducation à l'homophobie et au racisme. « Je fais ce qu'on appelle le retournement du stigmate, une technique de sociologie qui consiste à prendre une insulte, retirer la charge négative du mot pour en faire quelque chose de flamboyant », explique-t-il.
Avant de préciser : « C'est ce qu'Aimé Césaire, Senghor et d'autres ont fait avec la négritude (courant littéraire et politique créé dans l'entre-deux-guerres, ndlr) pour permettre aux noirs de se réapproprier le mot nègre. C'est ce que font les travailleuses du sexe avec le mot pute. Parce qu'il n'y a rien de mal à être une pute. Et vive les putes. »
Sac à main sous le bras, ongles démesurément longs, et mini-short… Du haut de son mètre 90 (sans talons), l'humoriste originaire de Martinique se distingue par son style, mais aussi et surtout pour son flow rapide, ses blagues piquantes, son talent de voguing et de poésie. Depuis son passage dans l'émission d'Éric et Ramzy Comedy Class sur Amazon, on se l'arrache.
Guest-star de la saison en cours de Drag Race France, il a récemment été aperçu dans le clip du Tréma et été interviewé par la journaliste Camille Laurens dans son format viral sur Instagram Café Clash. « Je suis une superstar, revendique l'humoriste qui, en débarquant sur scène, exige une standing ovation. Ceux qui ne le font pas, on sait que vous êtes racistes et homophobes. »
Makoumè superstar
Parmi les figures montantes de l'humour comme Lou Trotignon, Jessé et Manon Bril, Noam Sinseau a été repéré par Marine Baousson pour ses threads sur X, à une époque où le réseau social s'appelait encore Twitter. « J'ai fait très peu de demandes pour participer à des plateaux. C'est plutôt au fil des propositions que j'ai grandi dans le stand-up », a-t-il précisé à nos confrères de Madmoizelle.
L'année 2023 a été un tournant. Flairant le potentiel professionnel, il décide de quitter son poste de surveillant dans une école primaire pour s'orienter vers la comédie à temps plein. En décembre de la même année, il donne la première date de son seul-en-scène à l'Appart de la Villette, un spectacle baptisé Makoumé Superstar.
Pendant cette heure de show « flamboyant » (selon Télérama, qui lui a accordé la bonne note de deux « T »), Noam Sinseau frappe fort, en ironisant sans complexe, sur son enfance en Martinique, l'homophobie sur place (« makoumè » est un terme créole qu'on pourrait traduire en français par « pédé », ndlr) ou le racisme dont il a été victime en arrivant à Paris, le jour de ses 18 ans.
« Combattre les stéréotypes »
Depuis, l'humoriste a fait le tour de la France. Du monde même, selon lui. « Je suis allé à Mulhous e, plaisante-t-il dans le spectacle de France 4 capté à Lille, au mois de mai dernier. Vous connaissez ? » Après une résidence à la Nouvelle Seine jusqu'au printemps dernier, il sera à Marseille en septembre, en Suisse en novembre, puis de retour à Paris, à la Nouvelle Ève.
Lui qui rêvait d'être journaliste trouve aujourd'hui que son métier y ressemble. « Dans la mesure où l'on raconte des histoires les plus vraies possibles, on réagit à l'actualité pour informer et divertir, et on peut en tirer une forme de morale qui aide à mieux comprendre le monde », soutient Noam Sinseau, toujours chez Madmoizelle.
Pas de « neutralité » journalistique. Il veut faire rire pour « combattre les stéréotypes », et faire « avancer les droits des personnes LGBT + ». Un métier à plein temps, y compris en dehors de la scène avec comme ligne de mire l'homophobie. « Je me suis par exemple une fois fait pisser dessus par des mecs dans les vestiaires du collège, se rappelle-t-il dans les colonnes du média indépendant MAZE. Pour pouvoir me protéger, j'avais pris ça à la rigolade. »
Chemsex, transphobie...
En ce mois d'août, il s'est livré sur le chemsex au micro du podcast de Mental Health Radio : « ç a a complètement changé mon rapport au sexe et à l'intimité parce que je n'arrivais plus - et encore aujourd'hui j'ai du mal - à avoir des relations sexuelles sans substances. » Il n'est pas le seul. La pratique à risques concerne plus de 200 000 Français, principalement des homosexuels. Le gouvernement doit présenter un plan à la rentrée.
Et alors qu'une montée de la transphobie s'observe en France, l'humoriste a pour sa part mis les plaisanteries de côté, le temps d'un passage sur Mouv', pour livrer un point de vue rare dans les médias. « On ne change pas de genre, c'est notre perception, notre connaissance de nous-mêmes, notre parcours de vie qui va nous permettre d'embrasser le genre qui nous représente le mieux », souffle-t-il.
Avant d'ajouter : « Se priver de changer, d'évoluer, c'est se priver de vivre en quelque sorte. Lou (Trotignon, ndlr), c'est une superstar, selon moi. Car il a le courage de vivre. Et il devient l'icône d'un monde qui change. » Comme lui, non ? Mic drop.