07-07-2025
Municipales 2026 : à Nice, le trouble jeu de LFI qui désigne deux chefs de file
S'ils assurent vouloir travailler à une candidature d'union avec les Verts, le PC et le PS, les deux représentants insoumis fixent certaines conditions et suscitent la défiance de leurs potentiels alliés.
Tous les partis de gauche ont leur chef de file à Nice (Alpes-Maritimes) à moins d'un an des élections municipales de mars 2026. Et LFI en a même deux, entretenant encore un peu plus le flou sur la possibilité d'une candidature d'union. Olivier Salerno et Anne-Laure Chaintron forment ce binôme insoumis afin de défendre «un vrai projet de rupture à Nice», comme ils le martèlent.
Ces deux enseignants de profession ont déjà une expérience électorale puisqu'ils s'étaient chacun présentés dans la première circonscription détenue par Éric Ciotti. En 2022, Anne-Laure Chaintron ne s'était pas qualifiée malgré 20,42% des suffrages. Et lors des élections anticipées en 2024, Olivier Salerno était arrivé en deuxième position aux deux tours en devançant Graig Monetti, le protégé du maire Christian Estrosi.
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Alors que la conquête de l'hôtel de ville du bord de la baie des Anges risque de se concentrer autour du duel fratricide Estrosi-Ciotti, la gauche niçoise veut croire à un espace à la condition de s'entendre, ce qui est loin d'être une évidence comme sur le plan national. Verts, PS, PC et enfin LFI ont bien chacun des chefs de file mais à ce stade, dans un climat de défiance, aucun profil ne semble se détacher. Avec des collectifs citoyens comme Viva!, les insoumis ont aussi formé le mouvement «Reprenons la main» en juin, ce qui trouble sur leurs réelles intentions.
Union «pas à n'importe quel prix»
«Bien sûr qu'on prendra part aux élections municipales à Nice, mais nous avons aussi été désignés chefs de file pour travailler en vue d'une union», assure pourtant Anne-Laure Chaintron. «Jusqu'au dernier moment on fera tout pour trouver une solution, mais pas à n'importe quel prix», poursuit Olivier Salerno. «Par exemple, nous ne serons pas d'accord pour être derrière un candidat du PS. Ce n'est même pas un point de vue mais de respect des résultats et de réalités concrètes», indique-t-il.
Visé derrière ces propos, Patrick Allemand, trois fois candidat malheureux du PS à la mairie de Nice est malgré tout une personnalité politique bien identifiée. Récemment, il a même rouvert une permanence dans le quartier du port, au point que certains lui prêtent encore des ambitions pour un quatrième tour de piste.
La seule sensibilité de gauche représentée au conseil municipal dans cette mandature sont les écologistes avec officiellement trois élus. Juliette Chesnel-Le Roux qui en est la chef de file est pressentie pour être cette candidate de l'union. Du côté, des communistes, Julien Picot a repris le flambeau d'un parti vieillissant mais visible dans la cinquième ville de France, grâce notamment aux festivités annuelles du Château, une petite Fête de L'Huma au bord de la mer qui peut réunir jusqu'à 20.000 personnes.
Réunions
Lors d'une première réunion commune, LFI avait refusé de participer au motif de l'absence des collectifs citoyens et des syndicats, que les autres partis de gauche considèrent en réalité comme des militants insoumis déguisés. Mais depuis près de trois mois, des rencontres quasi hebdomadaires se tiennent enfin entre tous ces acteurs, sans pour autant que cela ne se passe vraiment bien avec LFI, comme le confient plusieurs participants au Figaro.
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«On a l'impression d'avoir des commissaires politiques dans la salle. Ils viennent et ne participent pas», dénonce l'un d'entre eux, qui s'agace de les voir évoquer des sujets de politique nationale et pas des thèmes locaux. «Leur discours d'union n'est que de façade» soupire un autre.
«On attend qu'ils passent du stade d'observateur au stade d'acteurs du rassemblement déjà engagé», explique aussi Julien Picot, le secrétaire départemental du PC. «On arrive avec des billes, on ne veut pas imposer nos idées mais on regarde aussi les derniers résultats : il y a la nécessité d'un projet de rupture», soutient Olivier Salerno au Figaro. «Il y a réellement une gauche à Nice et qui n'a aucun complexe pour voter en faveur d'un rassemblement, qui a été porté par LFI», insiste Anne-Laure Chaintron.
Prétendants ou arbitres
«Jusqu'à présent, ils ne sont pas dans une démarche d'union et de rassemblement mais ils veulent imposer une hégémonie, sans respecter les sensibilités», reproche encore Julien Picot, qui souhaite «arrêter les logiques partisanes pour se préoccuper du quotidien des Niçois».
Dans sa dernière note de blog, Jean-Luc Mélenchon a fustigé les écologistes et les socialistes qui prétendent gagner sans LFI lors des prochaines municipales. À Nice, terre de droite, il pourrait y avoir une comme plusieurs candidatures de gauche, sans oublier Jean-Marc Governatori, qui était le chef de file écolo en 2020. Plus que de prétendre à une victoire surprise, ils pourraient alors être les arbitres du match Estrosi-Ciotti.