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Violence envers la communauté LGBTQ+
Violence envers la communauté LGBTQ+

La Presse

time18-07-2025

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Violence envers la communauté LGBTQ+

Les appels de personnes ayant été victimes de violence reçus par l'organisme Interligne, qui offre des services d'aide pour la communauté LGBTQ+, ont plus que doublé par rapport à l'an dernier, révèle le rapport annuel. Les membres de la communauté LGBTQ+ qui signalent être victimes de violence et de discrimination sont beaucoup plus nombreux depuis un an, révèlent des données consultées par La Presse. Les appels de personnes ayant été victimes de violence reçus par l'organisme Interligne, qui offre des services d'aide pour la communauté LGBTQ+, ont plus que doublé par rapport à l'an dernier, révèle le rapport annuel. Ceux ayant pour motif la discrimination, les enjeux de classe et le racisme en lien avec l'orientation sexuelle ont pour leur part augmenté de 308 %. En 2023-2024, Interligne, anciennement connu sous le nom de Gai Écoute, a reçu 60 appels concernant ce motif contre 245 pour 2024-2025. PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE Pascal Vaillancourt, directeur général de l'organisme Interligne Les appels concernant la violence sont passés de 134 à 282 pour la même période. Ces données concernent les violences perpétrées dans la sphère privée, mais aussi les violences verbales et physiques subies dans l'espace public, précise le directeur général de l'organisme, Pascal Vaillancourt. « On ne parle pas seulement de cinq ou six appels supplémentaires. » Sentiment de détresse Le psychologue Jesse Bossé, spécialisé en santé mentale des personnes LGBTQ+ et des réalités trans, remarque aussi une « augmentation de la haine anti-LGBT et anti-trans ressentie par ses clients ». Il affirme que le sentiment de détresse chez les personnes LGBTQ+ augmente de façon graduelle depuis deux ans, mais encore plus depuis les six derniers mois. Jesse Bossé affirme que le sentiment de peur est « palpable » pour ses clients et leurs proches et qu'il doit faire de l'intervention de crise chaque semaine depuis quelque temps. Selon Pascal Vaillancourt, la situation est pire depuis la pandémie. L'isolement et la prolifération des chambres d'écho en ligne ont été un terrain fertile pour la légitimation des propos haineux envers les membres de la communauté, ajoute-t-il. Interligne a reçu en tout près de 20 000 appels lors de l'année 2024-2025. Pascal Vaillancourt a lui-même reçu des insultes dans la rue cette année, et ce, pour la première fois de sa vie. « J'ai une quarantaine d'années derrière moi et c'est la première fois qu'on m'a agressé verbalement. » Sous le choc Son collègue, Samuel Desbiens, intervenant pour l'organisme Trans Mauricie/Centre-du-Québec, a lui aussi vécu une altercation en mai dernier. « La seule chose que je me disais, c'était que son poing allait partir », relate avec émotion M. Desbiens. Alors qu'il attendait son dîner dans un restaurant de Trois-Rivières, un homme âgé d'environ 30 ans l'a abordé à la vue de son chandail où le mot « Trans » était inscrit. « Vous autres, les trans, vous allez bientôt disparaître. Mark Carney* et Donald Trump vont vous remettre à votre place, dans le placard, pis c'est ben correct ! Pas besoin de ça au Québec », s'est-il écrié. Aucune personne dans l'établissement n'est intervenue. Seul le silence du choc régnait. Dans sa voix, il était agressif et parlait fort, il était à deux pouces de ma figure et ses poings étaient serrés. Samuel Desbiens, intervenant pour l'organisme Trans Mauricie/Centre-du-Québec Sous le choc, l'intervenant a demandé à la serveuse de lui donner son repas afin qu'il puisse le manger dans son automobile. « J'avais peur qu'il me suive à l'extérieur », ajoute-t-il. L'agresseur est demeuré dans le restaurant et a pu y finir son repas. Samuel Desbiens remarque que, dans le cadre de son travail, la peur est plus présente qu'avant auprès des gens qui sollicitent l'aide de l'organisme. Dans un groupe de soutien en ligne dont il fait partie, les témoignages où des personnes trans sont victimes de violences verbales se multiplient. Polarisation en ligne Dans une vidéo partagée récemment sur les réseaux sociaux, l'influenceur Nabil Amraoui a révélé avoir lui aussi vécu une agression homophobe, cette fois-ci physique, dans le quartier gai à Montréal. PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE Le Village, à Montréal Des individus l'auraient interpellé : « Ce n'est pas toi le Marocain gai qui fait des vidéos sur TikTok ? » Après avoir acquiescé, M. Amraoui dit s'être fait violemment frapper au visage. « Il y a des situations comme ça qui arrivent encore aujourd'hui à Montréal et partout dans le monde. L'homophobie existe encore […]. La haine ne m'arrête pas et elle ne devrait pas t'arrêter toi non plus », conclut-il dans sa vidéo. Pourquoi cette hausse de la violence ? Experts et gens de terrain sont plusieurs à partager le même constat : la tolérance envers la diversité sexuelle et la diversité de genre recule, et c'est le sentiment de sécurité pour les personnes LGBTQ+ qui écope. « Il y a beaucoup de visibilité donnée aux personnes qui sont critiques de certains droits pour les personnes trans et non binaires, ce qui donne beaucoup d'espace à l'expression de commentaires en ligne décomplexés qui relèvent presque du discours haineux », déplore le professeur à l'UQAM Martin Blais, titulaire de la chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité de genre. Il explique que « lorsqu'on regarde les sondages au Québec comme à l'international, on peut constater un recul quant à l'attitude face à la diversité sexuelle ainsi qu'à l'appui à l'avancement des droits ». Une étude publiée par l'organisme GRIS-Montréal en janvier dernier établissait que le sentiment de confort face à la diversité sexuelle chez les adolescents reculait pour la première fois depuis la création de cet organisme, il y a de cela 30 ans. Martin Blais précise toutefois que ce changement d'attitude reste le fait d'une minorité de la population. « De notre côté, on sent surtout le recul sur les questions qui concernent les minorités et la diversité de genre », affirme-t-il. L'agitation en ligne se traduirait par des comportements plus agressifs envers cette population. Inégalités Bien que l'agression, l'intimidation et le harcèlement soient déjà plus élevés chez les personnes issues de la diversité sexuelle et de genre que dans la population générale, M. Blais affirme qu'elles le sont « à un niveau qu'on n'avait pas vu depuis un certain temps ». Selon Statistique Canada, les personnes issues de la diversité sexuelle sont deux fois plus susceptibles d'avoir vécu de l'intimidation et du harcèlement que leurs pairs hétérosexuels. Chez les personnes issues de la diversité de genre, c'est trois fois plus que la population générale. Pour le psychologue Jesse Bossé, « le besoin numéro un [pour ces personnes], c'est de se sentir soutenues, de voir leurs proches et leurs institutions soutenir la diversité sexuelle et de genre comme un droit humain fondamental ». * Précisons que le premier ministre Carney ne peut être associé aux politiques anti-trans qui ont cours actuellement aux États-Unis.

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