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Alex Vizorek à la tête du «Quitte ou double» : comment est né le jeu historique de RTL ?
À la rentrée, l'humoriste belge de 43 ans sera chaque jour de 12 heures à 12h30 à la tête du jeu de RTL dont ce sera le grand retour. Jean-Pierre Foucault l'avait animé de 2001 à 2006.
Le « Quitte ou double » est entré dans l'histoire des médias grâce à son succès, mais aussi parce qu'il s'agit du premier « format », même si l'on n'employait pas encore ce terme, acheté aux États-Unis. Un soir de 1949, de passage à New York, Louis Merlin, directeur de Radio Luxembourg, assiste à la diffusion en direct et en public d'un jeu intitulé « Doble or nothing », c'est-à-dire « Double ou rien ». Au début de l'émission, un candidat prend place dans une cabine insonorisée afin d'éviter toute possibilité de triche avec un spectateur qui lui viendrait en aide.
Au fil des minutes, l'animateur lui pose des questions de plus en plus difficiles. S'il donne la bonne réponse, il peut s'arrêter ou tenter de doubler son gain, en se montrant aussi brillant face à la question suivante. S'il échoue, il perd tout. Pour faire monter la pression et chauffer un peu plus encore une salle qui encourage systématiquement le concurrent, des majorettes assurent les enchaînements, soutenues par d'impressionnants jeux de lumières.
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Zappy Max, premier présentateur du « Quitte ou double »
Dès le lendemain matin, Louis Merlin achète les droits d'un jeu dont il va conserver le règlement, et supprimer un décorum qui lui semble coûteux et inutile : il est convaincu que ce qui compte, c'est la magie de la voix , et rien d'autre . Des études réalisées auprès des auditrices et des auditeurs ont démontré qu'ils veulent s'instruire en s'amusant. Il décide donc que chaque questionnaire sera d'un niveau culturel très élevé, mais établi dans une matière choisie par le candidat.
« Double ou rien » ne sonnant pas bien à ses oreilles, il rebaptise le jeu « Quitte ou double » et en confie la présentation à Zappy Max, en train de devenir l'animateur vedette de la station. Il sera accompagné d'un « Monsieur Tiroir » chargé d'annoncer les gains et de vérifier que le temps accordé au candidat pour donner une réponse n'est pas dépassé. Enfin, les dirigeants du shampoing Dop apportent leur contribution financière, en faisant de cette marque la marraine de l'émission.
Des contestations retentissantes
L'aventure débute un soir de 1950, à Reims, au centre de la piste du Radio Circus, un chapiteau itinérant où l'enregistrement de plusieurs émissions de Radio Luxembourg précède les numéros des acrobates, des dresseurs et des clowns. Une candidate, qui a choisi la catégorie « arts ménagers » ouvre le bal en remportant 128.000 anciens francs, une somme importante pour l'époque. Elle donne avec une exactitude parfaite l'origine du mot cravate.
Le « Quitte ou double » est diffusé une fois par semaine, jusqu'en 1965, c'est-à-dire au moment où Radio Luxembourg va faire un trait sur son passé, en devenant RTL. La neuvième question, d'une valeur de 256.000 francs, est régulièrement fatale aux postulants. Il arrive que des perdants contestent leur élimination avec véhémence, en assurant avoir donné la bonne réponse.
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17 millions d'auditeurs pour le record de gains de « Quitte ou double »
C'est le cas de Raymond Vallot, sellier à Saint-Pierre-le-Moutier. Quand Zappy Max lui demande où se trouvait Edouard 1er d'Angleterre à la mort de Henri III, son père, il répond : « En Palestine ». L'animateur lui rétorque qu'il s'agit de la Syrie. « En 1272, la Syrie n'était pas encore considérée comme un État ! », réplique son interlocuteur. Le débat va se poursuivre pendant plusieurs semaines avec des hypothèses sous la forme de milliers de lettres adressées rue Bayard, avant que des historiens finissent par avouer qu'au stade actuel des recherches, il est impossible d'établir avec exactitude la réalité des faits. La question va être finalement annulée.
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En 1964, Jean-Claude Baudoin, passionné d'art lyrique établit un record qui ne sera jamais battu : il remporte 32 millions de centimes de francs en donnant la bonne réponse à une question sur l'opéra. L'émission exceptionnellement diffusée un mercredi soir à 20h30, va être suivie par 17 millions d'auditrices et d'auditeurs !
La participation de l'Abbé Pierre au « Quitte ou double »
Enfin, le 29 mars 1952, un homme à la barbe noire, au béret, à la veste en cuir élimée et à la soutane usée apparaît sous le chapiteau du Radio Circus, l'Abbé Pierre. Encore inconnu, il vient de fonder les chiffonniers d'Emmaüs, et a besoin d'argent pour acheter un camion. Louis Merlin, qui a entendu parler de lui par son neveu, l'a rencontré à Neuilly-Plaisance et lui a proposé de tenter sa chance au « Quitte ou double ». « J'ai abandonné la carrière politique par refus de jouer les guignols, je ne vais pas me produire pour une marque de shampoing », répond-il , avant de changer d'avis.
De bonnes réponses sur les différences entre les drapeaux français et luxembourgeois, la rencontre entre Staline et Roosevelt à Casablanca et le nombre de députés à l'Assemblée Nationale lui permettent de remporter 512.000 francs. Il va quadrupler cette somme grâce à une quête spontanée dans des gradins où se bousculent 800 personnalités du monde des affaires, de la publicité et de la presse, invitées à une « Nuit Grand Siècle ». Personne n'imagine alors que, près de sept décennies plus tard, cette idole naissante tombera de son piédestal.
