4 days ago
Un « petit pas en arrière » pour mieux revenir
L'attaquant Xavier Simoneau a signé un contrat d'un an avec le Rocket de Laval.
La profondeur du bassin d'espoirs du Canadien fait des dommages collatéraux. Comme l'organisation est limitée dans le nombre de contrats qu'elle accorde, elle est contrainte à des choix déchirants. Xavier Simoneau le sait trop bien.
Le petit attaquant voyait son contrat de recrue expirer le 1er juillet dernier. Comme le Canadien s'est abstenu de lui soumettre une offre qualificative et qu'aucune équipe de la LNH ne lui a proposé un contrat à deux volets, Simoneau a paraphé une entente d'un an avec le Rocket de Laval. Grosso modo, il lui sera impossible d'obtenir un rappel à Montréal.
« Je m'y attendais un peu. Avec les jeunes qui sont là, et ceux qui s'en viennent, il commence à manquer de place », constate-t-il, en entrevue téléphonique avec La Presse.
« C'est sûr que c'est une petite déception, avoue le gaucher. D'un autre côté, je le sais, l'organisation m'apprécie beaucoup. »
L'Avellinois a aussi eu des pourparlers avec des équipes en Europe. « Pour l'instant », il préfère demeurer au Québec, ne serait-ce que pour permettre à sa femme, enseignante, de poursuivre sa carrière.
Durant la prochaine année, il s'inspirera de Brandon Gignac. Limité à une entente de la Ligue américaine, Gignac était parvenu à convaincre les décideurs du Canadien de lui consentir une nouvelle entente pour jouer au sein du grand club, en pleine saison.
« Je me dis que c'est juste une année. Oui, c'est un petit pas en arrière, mais je suis content d'être de retour pour moi. Et pour les jeunes », statue-t-il.
Rôle revisité
Car oui, dans l'étrange monde de la Ligue américaine, à 24 ans, et avec trois saisons professionnelles derrière la cravate, Xavier Simoneau n'est plus ce que l'on appelle un « jeune ». Bien conscient de la situation, il souhaite s'établir comme mentor.
« J'apporte beaucoup au groupe à l'extérieur de la glace. Je suis facile d'approche. Et je suis l'un des gars qui chialent le moins sur le rôle qu'on me donne aussi », dévoile-t-il.
J'ai toujours cru que si tu es une bonne personne, le karma tombera de ton côté.
Xavier Simoneau
Cette bonne nature l'aura certainement servi. Au début de la dernière saison, Pascal Vincent l'a prévenu : son rôle dans l'alignement allait changer. Au revoir, l'avantage numérique, bonjour, les responsabilités défensives !
PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Xavier Simoneau (à droite)
« Pascal a mis les cartes sur table avec moi, et j'ai pris mon nouveau rôle à cœur », assure Simoneau.
Désormais, Simoneau joue contre les premiers trios, et en désavantage numérique, chose qu'il n'avait pas faite « depuis au moins dix ans ».
« Je connaissais déjà mon rôle, mais je l'ai encore plus compris : je ne ferai pas 180 points. On était tous des gars offensifs dans le junior, mais on ne peut plus tous l'être chez les pros. L'entonnoir se rétrécit. Ma philosophie, c'est d'accepter mon rôle, pour avoir la carrière professionnelle la plus longue possible », raisonne-t-il.
À une époque où le gabarit fait foi de tout, dans laquelle un robuste gaillard au talent limité comme Tanner Jeannot décroche une entente de 5 ans et 17 millions sur le marché des joueurs autonomes ou encore qu'aucune équipe n'ose repêcher un défenseur de moins de 6 pieds, Simoneau garde espoir.
Il faut dire qu'il ne peut pas vraiment faire autrement. Il aurait beau mettre des cailloux dans ses patins, dormir suspendu par les pieds, ou même se faire bénir par un basketteur retraité, Xavier Simoneau mesurera toujours 5 pieds 7 pouces.
« Mon corps est fait comme ça », résume-t-il de manière beaucoup plus concise. « Quand j'étais jeune, mon rêve, c'était de jouer dans la LNH. L'autre, c'était de gagner ma vie en jouant au hockey. Alors chaque matin, quand je me lève, je ne suis pas déçu. Loin de là », relativise-t-il.
Un poing, c'est tout
En demi-finale, Simoneau a été tenu loin de l'action, alors que les siens se faisaient balayer par les Checkers de Charlotte. Pascal Vincent avait à ce moment déclaré « qu'il était très magané ».
Le diagnostic exact, c'était une déchirure du labrum de l'épaule droite, accompagnée de problèmes d'aine et de bassin.
« Il n'y a rien de plus difficile que d'être dans les gradins et de ne pas être sur la glace pour accompagner ton équipe. C'était vraiment une décision à contrecœur [de ne pas jouer], mais à un moment donné, si tu n'avances plus, tu deviens nuisible sur la glace », constate Simoneau.
Heureusement, l'attaquant se passera finalement d'une opération, qui l'aurait tenu à l'écart jusqu'en février. La physiothérapie suffira. Même s'il demeurera « une peste qui fait prendre des deux minutes à ses adversaires », Xavier Simoneau changera une facette de son jeu.
Les bagarres, c'est désormais terminé pour lui. Avant de quitter le pugilat, Xavier Simoneau nous aura au moins offert une pièce d'anthologie : son duel contre Brett Murray, qui mesure près d'un pied de plus que lui.
« C'est trop dur sur mes épaules, se résout-il. Ceux qui veulent me voir me battre devront aller sur YouTube, parce que sur la glace, ça n'arrivera plus ! »