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Comment Scott Robertson, sélectionneur des All Blacks, compte s'y prendre pour dominer l'équipe de France
Le coach des All Blacks, Scott Robertson, qui reste sur trois défaites de suite face aux Bleus, compte bien profiter d'une équipe de France amoindrie par l'absence de ses joueurs « premium » pour engranger de la confiance.
Le sélectionneur des All Blacks entamera, samedi, sa deuxième saison à la tête des All Blacks. Son Bilan de l'an passé est mitigé : 10 victoires et 4 défaites. Son équipe a également une fâcheuse tendance à baisser de rythme dans les 20 dernières minutes et des soucis récurrents de discipline (11 cartons récoltés lors des 10 derniers tests), loin de l'excellence passée des triples champions du monde (1987, 2011 et 2015).
Celui qu'on surnomme Razor (en hommage à son passé de troisième-ligne façon sécateur, qui « découpait » ses adversaires au plaquage) se sait attendu sur sa capacité à renouveler le jeu néo-zélandais. Il sent l'exigeante injonction de réamorcer un élan, sinon d'invincibilité mais du moins d'enthousiasme auprès du public en développant un rugby audacieux, efficace et intuitif. « On veut développer un jeu tonique tout en vivacité car c'est notre ADN », répète le coach. Le profil des joueurs retenus laisse à penser qu'il veut s'appuyer sur un cocktail de puissance, de fulgurance et d'intensité pour aider le mythique maillot noir à retrouver son rayonnement.
Un stade avantageux
Le jeu flamboyant - mais risqué - que l'encadrement néo-zélandais souhaite mettre en place exige notamment de la discipline et de la précision technique, nécessite un pack alliant puissance, dynamisme et mobilité et la « to do list » de Razor a du mal à s'écrire sur un simple post-it. Priorité à la vitesse dans les rucks et les contre-rucks ciblés (plusieurs nouveaux joueurs retenus pour ces qualités tels que Du'Plessis Kirifi, Timoci Tanatanavai excellent dans l'art des turnovers). Rapidité de ligne défensive, offloads et continuité de jeu. Développement de profils hybrides avec notamment le centre Rieko Ioane, repositionné à l'aile ou Tupou Vaa'i apte à jouer indistinctement en deuxième ou troisième ligne.
Y parviendront-ils d'entrée face à une équipe de France que les spécialistes disent amoindrie ? Le terrain sur lequel se disputera samedi soir (9h05 heure française), la première des trois rencontres face aux Bleus pourrait y contribuer. Avec son toit couvert et sa pelouse hybride, le Forsyth Barr Stadium de Dunedin est la surface la plus rapide de Nouvelle-Zélande en cet hiver austral. Bien plus que le Westpac Stadium de Wellington, livré au vent et à la pluie, où les Français se rendront dans 8 jours pour le deuxième test-match (9h05 le samedi 12 juillet).
Les All Blacks ont traditionnellement du retard à l'allumage et des difficultés à négocier leurs premiers matches. Il y a un an, le 6 juillet 2024 à Dunedin, ils avaient frôlé la catastrophe face à l'Angleterre, mais s'étaient finalement imposés d'un rien (16- 15) au terme d'un match très serré. Ils doivent leur succès, en partie, à l'échec au pied de l'Anglais Marcus Smith. La semaine suivante, la revanche à l'Eden Park fut tout aussi étriquée (24-17) et sauvée par un doublé de Mark Telea (11e, 61e) et surtout l'entrée décisive de Beauden Barrett à l'ouverture (49e) qui a permis aux All Blacks de l'emporter.
« 2018, c'est la dernière fois qu'on a chanté dans le vestiaire après avoir battu les Français. Alors on sait ce qui nous attend »
Scott Robertson, sélectionneur des All Blacks
Si Telea est parti pour le Japon, Barret est toujours apte à mener le jeu des Blacks avec brio et ses références sont imparables : 45 essais en 135 sélections. Mais à 34 ans représente-t-il un investissement durable en vue de la coupe du monde 2027 (en Australie) ? Son dauphin, Damian McKenzie, 30 ans, est capable du meilleur comme du pire : il s'est notamment manqué lors de la finale du Super Rugby avec les Chiefs (défaite 16-12).
« La lune de miel de Razor avec le public a vécu, estime un coach kiwi qui souhaite rester anonyme. Les 7 titres glanés avec les Crusaders, le côté sympa avec sa breakdance après les matches, tout ça, c'est fini. Il va devoir prouver au niveau international. Au Crusaders il était le produit d'un environnement. Là il va devoir prouver qu'il peut bâtir un environnement et surtout performer. »
Les All Blacks restent sur trois défaites d'affilée contre la France. « 2018, c'est la dernière fois qu'on a chanté dans le vestiaire après avoir battu les Français, a rappelé Roberston. Alors on sait ce qui nous attend. » Une ample victoire face aux Bleus, comme le 49-14, à Dunedin cette année-là, serait une façon idéale d'attaquer la saison II de l'ère Scott Robertson.
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