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Six villes, une même urgence
Six villes, une même urgence

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time4 days ago

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Six villes, une même urgence

Crise du logement, explosion du tourisme, pression spéculative : dans les zones touristiques, des municipalités reprennent le contrôle. Voici six exemples d'ici et d'ailleurs. Gaspé : priorité aux résidants Face à une pénurie de logements, Gaspé a adopté une stratégie pour freiner l'hémorragie. « On voyait de plus en plus de conversions de logements en location à court terme. Il fallait protéger le parc résidentiel », explique le maire Daniel Côté. Depuis 2023, seules les résidences principales peuvent être louées à court terme, les résidences secondaires étant exclues en zone urbaine. Cette mesure a entraîné une chute des conversions et un recul de l'offre illégale. « Il n'y a pratiquement plus de nouvelles conversions, et plusieurs ont rebasculé vers la location à long terme », indique le maire. La Ville a aussi mis en place des mesures fiscales : les immeubles utilisés à des fins touristiques sont désormais taxés au taux commercial, soit 4,3 fois plus élevé que le taux résidentiel. La rétroactivité des ajustements a entraîné des factures salées, forçant de nombreux propriétaires à se retirer du marché Airbnb. Parallèlement, Gaspé a encouragé la construction résidentielle. Grâce à une loi privée obtenue à l'Assemblée nationale, la Ville a pu offrir des congés de taxes et des mesures incitatives pour stimuler l'habitation. En tout, 533 nouveaux logements ont été construits en cinq ans. PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE Le maire de Gaspé, Daniel Côté On a freiné les conversions et stimulé la construction. Malgré tout, on n'est passé que de 0 % à 0,2 % d'inoccupation. C'est dire à quel point la demande est forte. Daniel Côté, maire de Gaspé La municipalité collabore également avec les entreprises pour loger les travailleurs étrangers temporaires. « Sans eux, plusieurs restaurants, usines ou services publics seraient paralysés », souligne le maire. Gaspé n'a pas suivi les exemples existants, elle a ouvert la voie. « On a été innovateurs. Notre modèle a inspiré une réforme provinciale qui donne aujourd'hui à toutes les villes les mêmes outils que nous », conclut M. Côté. Baie-Saint-Paul : des travailleurs au couvent PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE L'ancien couvent des Petites Franciscaines de Marie, à Baie-Saint-Paul À Baie-Saint-Paul, la rareté des logements pour les travailleurs saisonniers a conduit à une solution originale : réaménager une partie de l'ancien couvent des Petites Franciscaines de Marie. Depuis quelques années, l'organisme Maison Mère y hébergeait déjà des employés de différentes entreprises locales. L'arrivée du Club Med Charlevoix a toutefois marqué un tournant. « Le Club Med est venu nous voir en disant : 'Nous, on prendrait les lits qui sont disponibles, et on va vous les payer à l'année pour nos travailleurs' », explique Josette Tremblay, directrice générale. Résultat : les 200 lits sont aujourd'hui entièrement occupés par des employés du Club Med Charlevoix, en grande majorité venus du Mexique. Ce partenariat de 3,6 millions sur deux ans vise non seulement à assurer un hébergement stable pour les travailleurs étrangers, mais aussi à financer la rénovation du site. Il est actuellement en cours de renouvellement pour une période équivalente. Maison Mère ne se limite pas à offrir un toit. Elle propose aussi un milieu de vie avec du personnel hispanophone et des activités pour favoriser l'intégration. « On veut qu'ils se sentent chez eux », précise Mme Tremblay. Îles-de-la-Madeleine : des balises pour les locations touristiques PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE L'île du Havre aux Maisons, dans l'archipel des îles de la Madeleine C'est un classique aux Îles-de-la-Madeleine : chaque été, des locataires doivent quitter leur maison pour laisser la place aux touristes. La municipalité a donc adopté des mesures pour encadrer les locations touristiques : un nouveau règlement de zonage limite leur multiplication, et les propriétaires de ces résidences sont désormais imposés à un taux commercial, un changement qui ne s'est pas fait sans heurts puisqu'il s'agit d'un taux de taxation trois fois plus élevé que la taxe résidentielle. La crise du logement force aussi les employeurs à s'organiser. Certains possèdent des maisons ou des appartements pour loger leurs employés recrutés à l'extérieur des Îles, mais les grands employeurs n'ont pas le choix : il faut construire. La municipalité a récemment approuvé un projet de bâtiment de cinq étages qui abritera 60 logements destinés aux employés du Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) des Îles, à Étang-du-Nord. Pour justifier la hauteur inhabituelle (le règlement municipal autorise habituellement 12 logements sur 3 étages), le maire, Antonin Valiquette, a fait valoir que sans logement, il manquerait d'infirmières et de préposés aux bénéficiaires… La Vague – la Corporation d'innovation et de développement des Îles – planche quant à elle sur un projet de 36 logements qui pourront accueillir jusqu'à 72 travailleurs d'un grand employeur de la région. Les logements, qui seront construits à quelques centaines de mètres du port de Cap-aux-Meules, devraient être livrés au printemps 2027. Lisbonne : reconversion anti-Airbnb PHOTO PATRICIA DE MELO MOREIRA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Passant dans une rue de Lisbonne, au Portugal Lisbonne continue de serrer la vis face à la crise du logement. Depuis 2020, dans le cadre du programme Renda Segura, la municipalité rachète ou réintègre des appartements touristiques, souvent loués sur Airbnb, pour les proposer à des habitants à des loyers environ 30 % inférieurs au marché. Cette stratégie s'inscrit dans un plan plus large. En 2023, le Portugal a mis fin aux golden visas liés à l'immobilier, qui attiraient les investisseurs étrangers. En mai 2025, la mairie a aussi prolongé le moratoire sur les nouvelles licences de location touristique dans les quartiers les plus touristiques. Barcelone : reprendre 10 000 logements PHOTO DAVID RAMOS, ARCHIVES BLOOMBERG Vue de Barcelone, en Espagne Les appartements touristiques vivent leurs dernières années à Barcelone. D'ici novembre 2028, la ville supprimera les quelque 10 100 licences qui permettent actuellement de louer un logement entier à des visiteurs. Cette mesure, rendue possible par un décret catalan de 2023, vise à libérer ces logements pour les résidants. L'objectif est de faire baisser les loyers, qui ont grimpé de 68 % en 10 ans, et de freiner la spéculation. Les permis actuels, d'une durée maximale de cinq ans, prendront fin en 2028 sans possibilité de renouvellement. Amsterdam : stop à l'expansion hôtelière PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE Le quartier Red Light à Amsterdam, aux Pays-Bas Depuis 2024, la ville d'Amsterdam a interdit la construction de nouveaux hôtels, sauf si elle s'accompagne d'une fermeture ailleurs. L'idée : protéger l'équilibre résidentiel. Les locations de courte durée sont aussi sous surveillance. Actuellement, les habitants peuvent louer leur logement jusqu'à 30 nuits par an. À partir de 2026, cette limite pourrait être réduite à 15 nuits dans les quartiers les plus touchés. Par ailleurs, aux Pays-Bas, une réflexion est en cours pour mettre en place une taxe sur les logements vacants. Avec la collaboration de Nathalie Collard, La Presse Sources : Ville de Barcelone, The Guardian, Reuters, Catalan News, Ville d'Amsterdam, NL Times

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