11-07-2025
Achat à l'aveugle, galères d'immatriculation... Philippe, 60 ans, roule enfin avec la Mustang de ses rêves
DANS MON GARAGE - Chaque semaine, des automobilistes présentent au Figaro leurs véhicules d'exception. Aujourd'hui, Philippe, habitant de Saint-Cloud, nous parle de sa Ford Mustang cabriolet de 1965 qu'il utilise au quotidien depuis 2018.
Depuis son domicile à Saint-Cloud, Philippe nous raconte toutes les étapes de son rêve : celui de posséder une voiture de collection. «J'y ai pensé pendant au moins cinq années avant de sauter le pas», lance-t-il. L'homme de 60 ans est un passionné, quelqu'un qui a commencé à suivre le monde de l'automobile en se rendant régulièrement à des expositions pour en admirer les voitures. «J'ai fait le salon Rétromobile à plusieurs reprises, cet univers me fascinait», témoigne Philippe.
En tête de ses désirs, les modèles des années 60, une époque où l'on fabriquait des voitures qui avaient «un charme unique». Son désir se transforme vite en objectif. «Dès que j'ai eu un peu de sous, je me suis lancé avec deux critères : je voulais une voiture d'utilisation - pas une voiture de garage qu'on regarde amoureusement trois fois par an - et je voulais surtout emmener mes gamins dedans, donc il me fallait 4-5 places». Nous sommes en 2018.
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Philippe fait le tour des garages et des propriétaires de voitures anciennes pour récolter les bons conseils. «Je ne sais rien faire de mes mains, donc il fallait une voiture robuste avec des pièces accessibles que l'on trouve facilement». Il réfléchit aux anglaises ou aux Mercedes, mais raté, les proprios de ce type de modèle lui font comprendre que les pièces coûtent un bras : à la moindre réparation, c'est un gouffre financier.
Sa quête de voitures américaines
Ne trouvant pas son bonheur en France ou chez nos voisins proches, Philippe se tourne vers l'import. « J'ai cherché en France, rien trouvé qui correspondait à ce que je cherchais. J'ai pris contact avec une boîte qui s'était spécialisée dans l'import, le gars m'a rassuré, m'a donné confiance, m'a présenté une voiture quelques semaines après en m'expliquant qu'elle était magnifique, plus belle en vrai selon ses dires».
Voilà comment Philippe a rencontré la voiture de ses rêves : la Mustang. «Elle cochait toutes les cases : facile à entretenir, une 'super gueule'... Cerise sur le gâteau, je voulais une voiture ayant exactement mon âge, et l'importateur m'a proposé un modèle de mon année de naissance : 1965 ».
Pourtant, la petite opération n'est pas sans risque. Ses amis le préviennent : « tu es fou, il faut payer 100 % du prix avant l'import ! ». Malgré leurs inquiétudes, Philippe franchit le pas, effectuant un virement de 37.000 euros. L'attente est longue, ponctuée de doutes et d'excitation. Puis, un jour, le coup de fil tant attendu arrive. « Voilà votre voiture est arrivée, elle est au Havre ». Philippe sent son cœur s'emballer, l'adrénaline monte : le rêve est enfin à portée de main.
Les mauvaises surprises
La réception de la voiture réserve à Philippe quelques surprises. Lorsqu'il découvre la Mustang, il remarque plusieurs détails qui ne correspondent pas exactement à ce que l'exportateur lui avait promis : un éclat sur la planche de bord, une imperfection sur la peinture, et la moquette arrière qui, sans être complètement abîmée, n'est pas impeccable. La voiture, annoncée comme étant en parfait état, se révèle simplement «en très bon état», remarque Philippe. Face à ses plaintes, l'exportateur reste inflexible : « Je ne vous rendrai pas votre argent, faites ce que vous voulez de la voiture».
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Contrarié, Philippe décide de consulter un expert. Ce spécialiste l'examine attentivement et le rassure : « vous avez fait une bonne affaire , la base est saine, le moteur est en excellent état». Philippe peut enfin se reposer et conduire sereinement sa voiture.
Les péripéties de l'immatriculation
C'est sans compter la paperasse pour faire immatriculer la voiture. Au moment où il entame les démarches, il découvre que la procédure vient tout juste de basculer vers la numérisation, rendant le système «totalement dysfonctionnel». Bref, il doit patienter six mois avant d'obtenir véritablement l'immatriculation.
Face à son urgente envie de conduire enfin sa Mustang, il opte pour une solution de fortune. «J'ai demandé à un concessionnaire s'il n'avait pas une plaque américaine sous la main et j'ai fini par rouler pendant six mois avec des plaques qui n'avaient aucune valeur légale... » Philippe reçoit finalement la carte grise tant attendue. «L'apothéose, c'est que l'immatriculation se termine par mes initiales : PR. Cette voiture est faite pour moi ! », s'exclame le sexagénaire.
Comment profiter de Mustang ?
Depuis, Philippe profite pleinement de sa Mustang : il l'utilise chaque semaine pour aller travailler ou simplement s'évader dans sa maison de campagne. L'entretien reste accessible grâce à un garagiste de confiance, et depuis plusieurs années, la voiture ne connaît que des révisions : aucune réparation à effectuer.
Le plaisir réside aussi dans le regard qu'éprouvent les autres pour son bijou. Un jour, alors que la Mustang était garée à Saint-Cloud, Philippe a surpris deux adolescentes en pleine séance photo devant la voiture, prenant la pose pour Instagram. Un peu gênées à son arrivée, elles ont été invitées à monter à bord pour immortaliser l'instant. «Ce qui est incroyable, c'est que la Mustang fait rêver aussi bien les jeunes que les vieux. Ça traverse vraiment toutes les générations», résume-t-il.
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Mais la véritable délectation, Philippe la trouve à chaque fois qu'il prend le volant. « Ici, pas d'électronique, pas d'aides à la conduite. Il faut vraiment sentir la voiture, écouter le moteur, être attentif à chaque geste », pointe-t-il. Le grondement du V8, la direction brute, le freinage exigeant… Tout rappelle une époque où la mécanique primait sur les capteurs. Pour Philippe, conduire sa Mustang, c'est vivre une expérience authentique et retrouver le goût simple et puissant de la passion automobile.