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Égalité sportive: les filles en vedette à la lutte et au tir à la corde du giron
Pour la première fois, les fédérées ont eu le droit de concourir «pour de vrai» lors de la journée officielle du dimanche à Saint-Prex. Avec le plaisir comme leitmotiv. Publié aujourd'hui à 18h21
Les «Girls de la corde», en provenance de La Côte, ont remporté le concours de tir à la corde du Giron du pied du Jura, un succès qui fera date pour la place des femmes dans les sports officiels de la FVJC, où le tir féminin n'est pas encore validé.
Yvain Genevay / Tamedia
En bref:
Cet été, tout le monde s'est enthousiasmé pour l'Eurofoot féminin en vantant les mérites de l'égalité dans le sport. Mais qu'en est-il de la lutte et du tir à la corde dans les girons vaudois , deux disciplines d'ordinaire réservées aux colosses plutôt qu'aux gringalets des sociétés de villages?
Depuis quelques années, l'ouverture aux filles de ces sports qui font la légende des jeunesses se fait gentiment mais sûrement, à tel point que la corde s'est invitée dans les quatre manifestations phares de l'été – la lutte à deux reprises –, mais jusqu'ici, toujours à un moment «annexe» du rendez-vous, jamais lors du dimanche, où les gars sont rois.
Quitte à faire grincer quelques dents, le très fréquenté Giron du pied du Jura de Saint-Prex a fait le forcing pour mettre tout le monde sur un pied d'égalité dimanche, pour le plus grand plaisir de Mélanie Chabloz, du Mont-sur-Lausanne. «C'est une belle vitrine et si le mouvement est encore marginal, il faut bien que certaines se lancent pour donner l'idée aux autres et montrer que c'est non seulement possible, mais naturel», explique cette membre très engagée de 21 ans. Égalité sportive évidente
Si le sujet peut diviser, à l'image de la place des femmes dans les abbayes de tir, l'accueil réservé aux onze équipes de cordes et aux 29 lutteuses – un succès inattendu – a toutefois été très bienveillant. «Normalement, nous n'avions pas le droit de les programmer le dimanche, mais nous sommes allés négocier avec le comité central de la fédération, car nous estimons qu'elles ont aussi droit aux encouragements du nombreux public présent ce jour-là, estime Joël Moret, chef des sports du giron. À titre personnel, j'espère que ça aidera à en faire des disciplines fédérées, même si certaines mentalités un peu arriérées y sont opposées. Dans les faits, ce n'est pas plus dangereux que le foot et personne ne trouve anormal que les filles y jouent.»
À l'image des filles de Chevroux, qui ont tiré avec les vestes prêtées par les garçons de Payerne, le plaisir pur a succédé à trois minutes d'efforts pour venir à bout de l'adversaire.
Yvain Genevay / Tamedia
Et le résultat a plutôt déçu en bien, notamment à la corde, où les silhouettes fines aux ongles manucurés ont permis de livrer un spectacle de très bonne tenue, très loin du ridicule que certaines mauvaises langues s'amusaient à prédire autour du rectangle d'herbe. «On le fait d'abord pour le plaisir, mais aussi pour dépasser ses limites et relever ce challenge en équipe, explique Aline, de la jeunesse de Chevroux. On fait le volley, la pétanque, mais la corde, c'est quand même une autre adrénaline.» Courage et ténacité à Saint-Prex
Qui nécessite aussi du courage et de la ténacité pendant les trois minutes où il s'agit d'attirer l'adversaire dans son camp, un défi physique qui ne change pas selon le sexe. De la tactique aussi, à l'image des élégantes «Girls de la corde», cinq filles de La Côte portée vers la victoire grâce à leur unité et leur parfaite coordination au moment de produire leur effort. «On a une petite expérience, et il ne faut pas se précipiter, attendre le bon moment pour porter l'attaque qui va faire la différence», détaille Manon dans un grand sourire.
Les fines silhouettes aux ongles manucurés ont tranché sur la place de fête, où le dimanche fait généralement honneur à la testostérone des hommes.
Yvain Genevay / Tamedia
Alors qu'on se demandait si la participation serait vraiment au rendez-vous, tireuses et lutteuses ont assurément marqué des points dimanche, ce qui n'assure de loin pas aux «pionnières» d'être intégrée dans le programme officiel à l'avenir. La fierté au bout de la lutte
Pour le président de la Fédération vaudoise des jeunesses campagnardes (FVJC), Daniel Turin , la prudence est de mise. «Intégrer ces deux tournois le dimanche n'est pas une volonté de notre fédération, mais une demande de Saint-Prex qui a été acceptée en guise de test. Nous allons désormais analyser le niveau de la participation, ainsi que les retours des athlètes et des spectateurs. Mais en faire des disciplines fédérées n'est pas à l'ordre du jour à ce stade.»
Sur le terrain, la joie est de mise, les encouragements aussi, notamment des garçons d'autres villages qui prêtent spontanément leur attirail aux filles, comme les épaisses vestes nécessaires au tir à la corde. De quoi réjouir Mélanie Chabloz, alors que le public s'amasse de plus en plus autour des lutteuses. «C'est purement de l'ego, mais je pense que n'importe quelle discipline peut être assumée par chacune et chacun. Le volley, c'est sympa, mais là, on est seule face à une adversaire et, d'une certaine façon, à soi-même. Il n'y a qu'une gagnante à la fin et beaucoup de fierté au bout.»
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Autres newsletters Cédric Jotterand est journaliste à la rubrique vaudoise, responsable du bureau de Morges. Il est par ailleurs rédacteur en chef du Journal de Morges, lauréat du Prix BZ du journalisme local. Plus d'infos @JotterandC
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