04-07-2025
Le chef présumé d'un lucratif réseau de fraudeurs arrêté
Gareth West a été arrêté par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) vendredi.
Un Montréalais soupçonné d'avoir dirigé un réseau de fraudeurs de type grands-parents qui aurait fait plus de 600 victimes aux États-Unis a été arrêté en début d'après-midi vendredi, a appris La Presse. Gareth West était recherché depuis mars dernier pour des fraudes totalisant 30 millions.
« Nous avons procédé à l'arrestation de Gareth West cet après-midi. Il doit comparaître demain en Cour supérieure. Nous avons agi en assistance à la police américaine », a confirmé le caporal Erique Gasse de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) région est, Québec et les provinces maritimes.
Selon des informations qui n'ont pas été confirmées, West aurait été arrêté dans le secteur de Saint-Jérôme par les enquêteurs de la GRC, à la demande des autorités américaines.
West, un individu qui se présente comme un investisseur immobilier qui achète et revend des maisons, fait face à de nombreux chefs de fraude devant un tribunal du Vermont, dans le nord-est des États-Unis, et fera vraisemblablement face à une demande d'extradition de la part des autorités américaines.
220 cellulaires saisis
La Presse a publié il y a quelques jours à peine, le 26 juin dernier, un dossier complet sur le mode opératoire de ce réseau et l'enquête policière États-Unis–Québec qui a mené à son démantèlement.
Lisez le dossier de La Presse sur le mode opératoire de ce réseau
Les fraudeurs se faisaient passer pour un petit-fils ou une petite-fille de leur victime, lui faisaient croire qu'ils avaient été impliqués dans une collision avec blessé, qu'ils étaient détenus et avaient besoin d'une forte somme d'argent pour obtenir leur liberté provisoire en attendant la suite des procédures.
Les fraudeurs comptaient sur les services de collecteurs, dont un patron se trouvait au Panama, et se déplaçaient partout aux États-Unis pour récupérer les sommes remises de bonne foi par les victimes vulnérables.
Les fraudeurs passaient leurs appels à partir de locaux situés dans l'ouest de Montréal et en mars dernier, la Sûreté du Québec, qui a prêté assistance à la police américaine, a arrêté 24 d'entre eux qui font l'objet d'une demande d'extradition aux États-Unis, où ils encourent des peines pouvant aller jusqu'à 40 ans d'emprisonnement.
Les limiers de la SQ ont perquisitionné plusieurs endroits, dont trois centres d'appels, et saisi plus de 220 téléphones cellulaires ayant servi aux fraudes.
Messages compromettants
Selon un résumé des faits préparé par les autorités américaines et déposé durant les procédures d'extradition à Montréal, au moins trois anciens membres du réseau de fraudeurs devenus collaborateurs de police aux États-Unis ont accepté de témoigner contre West.
Dans des téléphones utilisés par des accusés et saisi par les enquêteurs de la Sûreté du Québec, les policiers ont découvert des échanges de messages texte entre des lieutenants du réseau de fraudeurs et West, alors surnommé Muscle, Buddy ou G, et même des messages vocaux dans lesquels West parlerait de montants à récupérer dans le cadre de fraudes de type grands-parents.
Les enquêteurs ont également su qu'au moins l'un des suspects s'est rendu dans deux immeubles appartenant à West durant l'enquête.
West lui-même a publié sur la page internet de son entreprise, West Developments, une vidéo dans laquelle il annonce qu'il a acheté l'immeuble devant lequel il se trouve à Vaudreuil-Dorion. Le problème, c'est que cet immeuble aurait servi de centre d'appel pour commettre les fraudes et a été perquisitionné par la SQ.
Parlant de perquisition, les enquêteurs ont également trouvé des documents sur du papier avec entête de l'entreprise de Gareth West.
Un bref portrait
Sur des sites internet, West se présente comme le fondateur et PDG de West Developments, une société enregistrée au Québec en 2015, et comme « un constructeur immobilier et un passionné de santé ».
Selon nos informations, Gareth posséderait, à son nom ou à ceux de prête-noms, au moins une demi-douzaine de propriétés au Québec et en Ontario.
Durant sa cavale, les taxes et services n'auraient pas été payés pour ses propriétés en Ontario qui auraient été reprises par la banque, alors qu'un autre de ses immeubles aurait été fermé par les pompiers en raison de vices de construction, selon un reportage de Radio-Canada. Radio-Canada rapporte également que la police croit que West aurait fait plus de 10 millions de dollars avec le réseau de fraudeurs qu'il aurait dirigé.
Sur les réseaux sociaux, West expose son train de vie luxueux notamment par des photos et vidéos de lui prises à travers le monde, et ses routines et exercices dans les centres de conditionnement physique qu'il fréquente assidûment.
Durant quelques semaines en 2017, West a été président d'une compagnie de produits de boulangerie-pâtisserie dont l'administrateur était Steve Vogl, un individu que la police relie à la mafia montréalaise, et qui a fait les manchettes il y a huit ans alors qu'il avait obtenu le contrat de traiteur pour la Grande roue du Vieux-Montréal.
PHOTO DÉPOSÉE EN COUR
Jimmy Ylimaki est toujours recherché par les policiers.
Un autre membre présumé du réseau de fraudeurs, Jimmy Ylimaki, est toujours recherché par les policiers.
Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@ ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.