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Une collection inédite dévoilée à Vevey

Accueil | Culture | Arts & expos | Le fantasme est total au Musée Jenisch qui expose de très belles œuvres sorties de l'intimité de la collection du Genevois Thierry Barbier-Mueller. Publié aujourd'hui à 09h14 Le Zurichois Thomas Huber, ici avec «Tôt le matin», 2022, une huile sur toile (180 x 330 cm), fait partie des artistes représentés. ProLitteris Zurich, courtesy Thomas Huber et Skopia/Marlene Burz En bref: On se souvient – les annales des plus grands succès du Mudac à Lausanne, aussi – de sa passion unique pour un objet ordinaire, domestique: la chaise. Thierry Barbier-Mueller les collectionnait, curieux de leurs existences les plus épurées. Fantasques. Théâtrales. Ou totalement incertaines. En 2022, ce drôle de fonds donnait l' exposition «A Chair and You» mise en scène par Bob Wilson et vue par plus de 50'000 personnes. Avant de filer à Leipzig (2024). Et bientôt à Rotterdam (2026). Rares étaient alors ceux qui savaient le Genevois pleinement investi dans une autre collection en phase avec l'art et les artistes de sa génération. Des Suisses. Ou pas. Et surtout des grands, des immenses formats. Susceptibles de donner la mesure «d'un certain courage, d'une certaine conviction», disait-il. Silvia Bächli, ici avec «Sans titre». «Thierry Barbier-Mueller avait l'œil et sa sélection m'étonnait souvent», confie l'artiste dans le catalogue de l'exposition. Julien Gremaud Fils des fondateurs du Musée Barbier-Mueller à Genève et collectionneurs des arts d'Afrique, d'Asie, d'Océanie, d'Amérique, le directeur du groupe immobilier SPG-Rytz affirmait aussi sa différence dans un amour de l'œuvre papier. Si sincère, si intense, jusque dans le monumental. Et ça tombe bien, le Musée Jenisch aussi! Le collectionneur et l'institution veveysanne étaient faits pour se rencontrer: les prémices de l'exposition datent de 2020, Thierry Barbier-Mueller avait dit son enthousiasme. Il se réjouissait de ce premier partage d'une partie des œuvres qu'il choisissait, pour lui, depuis ses 22 ans. Répondant à une curiosité féconde. Foisonnante. Mais sur le pas de porte d'«Une conversation sans mots» – deuxième joli coup de l'année pour le Jenisch après la venue de Françoise Pétrovitch – l'émotion est intense. Plus que jamais! Une exposition, beaucoup d'émotions Emporté par un arrêt cardiaque en 2023, Thierry Barbier-Mueller est dans chacun des choix, ardents, qu'il faisait seul. En galerie. Et s'il posait des questions, il ne commentait pas ses décisions. Sa collection d'art contemporain, le promoteur lui vouait une attention presque sacerdotale. «Il s'agit d'un engagement véritable, disait-il. Par engagement, j'entends conserver la pièce, la chérir, la soigner, la protéger.» Thierry Barbier-Mueller, en 2022, dans l'exposition «A Chair and You» au Mudac à Lausanne composée à partir de sa collection de chaises. PATRICK MARTIN/24HEURES Le portrait est donc celui d'un mécène. Constant. Fidèle. Avec des artistes comme Ugo Rondinone, Silvia Bächli, Markus Raetz ou Uwe Wittwer. Les œuvres, immenses, où l'art est un horizon pour l'émotion, le complètent et brossent encore celui d'un esprit libre et indépendant. Qui s'abandonne à la densité des mondes de végétation nés du fusain du Lausannois Alain Huck , aux respirations des natures gravées par le Bernois Franz Gertsch comme à l'infinitude des cieux peints par l'Allemand Peter Dreher. Thierry Barbier-Mueller, des choix éclectiques Les aspirations du collectionneur sont éclectiques, mais Thierry Barbier-Mueller est libre, sans obligation institutionnelle de constituer une histoire de l'art! Histoire il y a pourtant, dans ses choix hors normes. Et on ne parle pas uniquement de formats, dont certains n'ont pas passé les portes du Musée Jenisch, mais de perspectives. De probité de l'esprit. Il y a du sexe dans les deux corps enlacés par Urs Lüthi, mais pas de frivolité. Des ténèbres mais pas de noirceur dans «Le Christ mort» de Holbein, image dans l'image de Candida Höfer. Et il y a tellement d'humour, mais pas de facilité, dans les observations en série dessinées par David Shrigley. Markus Raetz compte aussi plusieurs pièces dans la collection Barbier-Mueller dont «Zweige», 29 rameaux de bruyère épinglés au mur. ProLitteris Zurich, 2025/Patrick Goetelen Les pièces de la collection de Thierry Barbier-Mueller partagent ce devoir de sincérité. On se libère. On ne cache pas. On dit. On ne surjoue pas. Jusque dans la découpe stylisée d'une feuille de Jannis Kounellis. Jusque dans ce portrait de groupe de Giulia Andreani évoquant davantage l'absence que le lien. Jusque dans l'évidence magnétique de la projection de Bill Viola qui alterne les visages de l'angoisse et de la souffrance. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Exposer un collectionneur, plus encore qu'une collection, n'est pas un exercice donné. C'est un acte fort, une incursion dans une pratique intime. Irrationnelle. C'est aussi une chance de recevoir cette claque à travers un ensemble arbitré par l'émotion pure. Au Musée Jenisch, cette «Conversation sans mots» est aussi celle d'une vérité qui en chasse une autre. Il n'y a pas que des artistes suisses. Pas que des contemporains. Et pas que des œuvres papier… Vevey, Musée Jenisch, jusqu'au 26 oct, du ma au di (11 h-18 h). Exposition et art contemporain Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Florence Millioud a rejoint la rubrique culturelle en 2011 par passion pour les gens de culture, après avoir couvert dès 1994 la politique et l'économie locales. Historienne de l'art, elle collabore à la rédaction de catalogues d'exposition et d'ouvrages monographiques sur des artistes. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.