3 days ago
L'étrange saison de Lewis Hamilton
Au seuil de la pause de mi-saison en Formule 1, une question se pose : que se passe-t-il avec Lewis Hamilton ?
Énonçons l'évidence : le septuple champion du monde ne connaît pas la saison espérée dans sa nouvelle équipe.
Au cours des dernières semaines, le pilote de Ferrari a exprimé haut et fort ses émotions, mais jamais aussi intensément et crûment que le week-end dernier, en Hongrie. Après avoir été éliminé dès la deuxième séance de qualifications – alors que son coéquipier Charles Leclerc obtenait la position de tête –, Hamilton s'est montré très sévère envers lui-même.
À Sky Sports, le Britannique s'est dit « inutile, absolument inutile » pour son écurie. « L'équipe n'a pas de problème – vous voyez bien que la voiture est en position de tête. Ils ont probablement besoin de changer le pilote », a-t-il lâché.
Le lendemain, après la course, il a déclaré qu'il se passait « beaucoup de choses qui ne sont pas géniales en arrière-plan ».
La frustration de Hamilton est compréhensible. Après tout, on parle ici d'un des plus grands pilotes de l'histoire. Un habitué du succès… qui n'a pas de succès chez la Scuderia. Et qui vit actuellement certains des mois les plus laborieux de sa grande carrière.
Hamilton n'a encore obtenu aucun podium et n'a jamais fait mieux qu'une quatrième place en qualifications jusqu'ici cette saison. Ça allait un peu mieux avant les deux derniers Grands Prix ; il avait fini quatrième en Autriche et en Grande-Bretagne. Néanmoins, Charles Leclerc, qui en est à sa septième saison avec Ferrari, réussit mieux que lui.
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Lewis Hamilton et le pilote Mercedes Kimi Antonelli, dans les puits au Grand Prix de Hongrie, dimanche dernier
Récemment, avant le Grand Prix de Belgique, Hamilton a révélé avoir soumis à son équipe des documents remplis d'idées de correctifs à apporter. Il a également affirmé ne pas vouloir faire partie de la « tendance » de l'équipe italienne ces 20 dernières années ; une tendance aux résultats insatisfaisants.
« Je suis ici pour gagner. Et je n'ai pas autant de temps que mon collègue [Kimi Antonelli], avait-il déclaré, selon des propos rapportés par Associated Press. Ça passe ou ça casse. Je crois fermement au potentiel de cette équipe. »
« Pas démotivé »
On entend d'ici les avocats du diable : Hamilton n'avait pas plus de succès chez Mercedes l'an dernier, diront-ils. Et ils n'auront pas complètement tort. Reste qu'après 14 courses, il a 31 points de moins qu'il n'en avait après autant d'épreuves la saison passée, et 45 de moins qu'en 2023.
Comment expliquer ces résultats ? De toute évidence, il conduit une toute nouvelle voiture après plusieurs années au volant d'une Mercedes. On ne peut pas non plus passer à côté de son âge ; à 40 ans, la fin approche inévitablement.
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La Ferrari de Lewis Hamilton sur la piste en Hongrie
Là encore, Fernando Alonso, à 44 ans, est encore bien présent et vient de réussir une cinquième place à bord de son Aston Martin à Budapest. Et puis, le talent des jeunes pilotes sur la grille n'est pas à négliger. Regardez Oscar Piastri, Isack Hadjar, Kimi Antonelli… La jeunesse est à la mode.
Quand Hamilton s'est autoflagellé publiquement, après le Grand Prix de Hongrie, le chef d'équipe de la Scuderia, Frédéric Vasseur, s'est porté à sa défense. Vasseur a reconnu que le vétéran était « exigeant », mais a ajouté que c'est ce qui expliquait sans doute ses sept championnats.
« Il est frustré, mais pas démotivé, ce qui est complètement différent », a-t-il aussi souligné, selon des propos publiés sur le site internet de la Formule 1.
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Garage de Ferrari au Grand Prix de Hongrie
De quoi aura l'air la deuxième moitié de saison du Britannique ? Personne ne le sait, mais une chose semble incontestable : la volonté est là. Après tout, un pilote ne s'autoflagelle pas ainsi s'il ne se soucie pas de son équipe.
Un huitième sacre est-il encore envisageable pour Hamilton ? Pas cette année, évidemment, mais l'an prochain ? Si on se fie à ses commentaires, il faudra que la Scuderia procède à des correctifs. Et avec la nouvelle réglementation en 2026, qui sait ce qui pourrait arriver ?