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La Presse
04-08-2025
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Bonsoir Bonsoir ! Sophie Fouron, la remplaçante du remplaçant
« Un cadeau du ciel. » C'est ce que Sophie Fouron s'est dit quand on lui a offert de prendre la barre de Bonsoir bonsoir ! pour les deux prochaines semaines. L'animatrice a beau graviter dans l'écosystème télévisuel depuis plus de 20 ans, elle sait qu'elle n'est « pas une vedette ». D'ailleurs, plusieurs téléspectateurs se sont demandé sur les réseaux sociaux qui elle était lorsqu'il a été annoncé que ce serait elle qui remplacerait Jean-Sébastien Girard durant ses vacances. En la choisissant, Radio-Canada prend un risque. Certains seraient tentés d'y voir un test. « Est-ce que c'est un test ? Peut-être. Mais en même temps, je ne veux pas trop y penser, car tout est tellement incertain en télé. Je préfère le prendre avec beaucoup de joie et de gratitude », assure avec sérénité celle qui sera aux commandes du rendez-vous estival de Radio-Canada à partir de ce mercredi. C'est la première fois que Sophie Fouron hérite d'une émission à heure de grande écoute à Radio-Canada, même si elle est vraisemblablement dans les bonnes grâces du diffuseur public depuis quelques années déjà. Durant quatre saisons, elle a coanimé le magazine culturel Retour vers la culture avec Benoît McGinnis, sur ICI ARTV. Elle est aussi la remplaçante attitrée de Sébastien Diaz sur le talk-show de fin d'après-midi On va se le dire. Qui plus est, on peut régulièrement l'entendre comme chroniqueuse sur les ondes d'ICI Première dans les émissions de Rebecca Makonnen et d'Émilie Perreault. À 56 ans, Sophie Fouron a le sentiment que plus elle vieillit, plus de portes s'ouvrent à elle, contrairement à plusieurs autres femmes dans le métier. « Je défie les statistiques », s'amuse l'animatrice, qui reconnaît aussi que les efforts en faveur de la diversité culturelle dans les dernières années ont profité sur un plan professionnel à celle qui est née d'une mère québécoise et d'un père haïtien. PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE L'animatrice Sophie Fouron Oui, j'en ai peut-être eu, des jobs, parce que je coche des cases. Mais combien n'en ai-je pas eu à cause de ma couleur de peau ou de mon nom ? Ça, je ne le saurai jamais. Sophie Fouron Lunettes roses Les parents de Sophie Fouron se sont rencontrés à Montréal. Elle était infirmière, lui, médecin. Le Dr Jean-Claude Fouron, pionnier de la cardiopédiatrie, avait fui le régime Duvalier en 1960 durant sa résidence. Mort en 2022, il est connu comme le fondateur de l'Unité de cardiologie fœtale de l'hôpital Sainte-Justine, la première unité du genre au pays, qu'il a dirigée pendant plusieurs années. Sophie Fouron a grandi dans ce qu'elle décrit elle-même comme « un milieu privilégié très blanc ». Ses sœurs et elle n'ont pas baigné dans la culture haïtienne durant leur enfance. Elles n'ont pas non plus été aux prises directement avec le racisme. À la maison, on ne parlait pratiquement jamais de ces choses-là. C'est plus tard dans sa vie que l'animatrice a vraiment pris conscience qu'il restait du chemin à parcourir en matière d'acceptation. La vie s'est chargée de le lui rappeler quand elle est devenue mère. À deux reprises, on l'a prise pour la nounou, parce que sa peau est plus foncée que celle de ses filles, ce qui l'a atteinte personnellement. « On a vraiment été élevées comme des Québécoises. Mon père se demandait parfois si c'était la bonne chose à faire, mais il suivait ma mère. C'était un couple qui s'aimait beaucoup. Leur manière de nous élever a fait que l'on a été épargnées d'un déchirement identitaire. Mais ça a aussi fait en sorte que l'on avait des œillères par rapport à des problèmes qui existaient dans la société. Pendant longtemps, j'ai eu des lunettes roses », observe avec le recul l'animatrice de Bonsoir bonsoir ! jusqu'au 21 août. PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Sophie Fouron en préparation de l'animation de Bonsoir bonsoir ! Très au fait des préjugés qui persistent, Sophie Fouron s'est fait un point d'honneur de mettre en valeur la pluralité culturelle dans ses derniers projets à la télé, comme l'émission Tenir salon, dans laquelle elle s'entretenait avec des coiffeurs venus des quatre coins du monde. Une démarche qui s'inscrit en droite ligne avec tout le mouvement en faveur de l'inclusion. L'animatrice souhaiterait que ce ne soit pas juste une mode dans le milieu de la télévision, mais elle en doute, alors que l'on sent une certaine lassitude pour les questions de diversité. « Longtemps, la culture au Québec, c'était fait par des 'de souche' pour les 'de souche'. Avec Black Lives Matter, on s'est rendu compte que ça ne pouvait plus durer comme ça. Le mouvement a été très intense ensuite. Le camion a viré de bord abruptement, disons. Est-ce qu'il y a eu des maladresses ? Sans doute. Est-ce que c'est parfois allé trop loin ? Peut-être. Mais le fait est qu'il y avait un immense rattrapage à faire pour une plus grande diversité à l'écran », insiste celle qui a eu envie de devenir intervieweuse en regardant Oprah, mais aussi Claire Lamarche. De Cinar aux Lionnes La télévision, Sophie Fouron en rêve depuis longtemps, mais elle y a tenté sa chance sur le tard. Diplômée en science politique et en communication, Sophie Fouron a d'abord travaillé après ses études au département de marketing chez Cinar. C'était avant que le « Disney canadien » ne soit aspiré par une succession de scandales, dont la très médiatisée affaire de plagiat opposant l'entreprise au dessinateur Claude Robinson. « C'était vraiment le fun, travailler chez Cinar ! C'était une compagnie qui avait le vent dans les voiles. On était une gang de jeunes, on trippait ensemble. Nous, on n'a rien vu de louche. Tout ce qui s'est passé, je l'ai appris dans les journaux en même temps que tout le monde, quand je n'étais plus là. C'est certain que c'était une grande déception », évoque Sophie Fouron, qui parle de cette époque avec un mélange de nostalgie et de gêne. Après ses années chez Cinar, Sophie Fouron a été recherchiste, notamment sur Les francs-tireurs avec Richard Martineau et Patrick Lagacé, et sur La fosse aux lionnes, où elle est passée devant la caméra pour la première fois comme chroniqueuse. On a pu ensuite la voir à la barre des émissions de voyage Chacun son île et Ports d'attache. Une ascension lente, jalonnée de périodes creuses. C'est une industrie qui est tough. Il n'y a plus de certitudes, même pour les grosses vedettes. Sophie Fouron Elle poursuit : « Pour travailler en télé, il faut être à l'aise avec l'inconfort. L'inconfort financier d'abord, mais aussi l'inconfort psychologique. Tu te demandes tout le temps si tu as encore ta place. » Ambition Elle n'a pas non plus tenté de dissuader sa fille Julia Pagé, aujourd'hui journaliste pour Rad, de travailler en télé. Loin d'être aigrie, Sophie Fouron se dit plus que jamais passionnée par son métier. « C'est sûr qu'un jour, j'aimerais avoir mon émission à Radio-Canada. Je mentirais si je disais le contraire. Mais en même temps, je suis lucide. J'en ai vu d'autres », glisse-t-elle en toute transparence. Pour l'heure, Sophie Fouron pourra faire ses preuves à l'animation de Bonsoir bonsoir ! à partir de mercredi. Jean-Sébastien Girard sera de retour à la fin d'août pour terminer la saison. Il a déjà été confirmé que Jean-Philippe Wauthier ne reviendra pas à la barre du talk-show cet été. Radio-Canada avait annoncé en mars qu'il se retirait de tous ses projets en raison d'un épuisement professionnel. Bonsoir bonsoir !, du lundi au jeudi, 21 h, sur ICI Télé
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24-07-2025
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Bonsoir bonsoir ! Jean-Philippe Wauthier ne reviendra pas cette saison
Jean-Philippe Wauthier ne reviendra pas cette saison L'animateur Jean-Philippe Wauthier ne reviendra pas à Bonsoir bonsoir ! cette saison, a annoncé jeudi Radio-Canada. Jean-Sébastien Girard, déjà à la barre de l'émission, reste à l'animation jusqu'au début du mois d'août. Il sera ensuite lui-même remplacé, pour des vacances, comprend-on, du 6 au 21 août par Sophie Fouron. Rappelons que Jean-Philippe Wauthier s'est retiré de ses activités professionnelles en mars dernier. Son retour à Bonsoir bonsoir ! avait été annoncé pour le 7 juillet dernier, mais Radio-Canada avait annoncé à la dernière minute qu'il ne reprendrait pas son rôle ce jour-là. L'émission La journée (est encore jeune) doit reprendre les ondes sur ICI Première à la fin de l'été. On ne sait pas encore si Jean-Philippe Wauthier sera derrière son micro à la rentrée.
