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Le Figaro

Query Juriste, la startup française qui veut dépasser les limites des IA juridiques traditionnelles

Gagner du temps sans perdre en rigueur. Voilà la nouvelle priorité du monde juridique. Un secteur submergé de textes, de jurisprudences et d'obligations nouvelles, où les lenteurs administratives restent trop souvent la norme. Mais le droit bouge. La legaltech s'impose, et l'intelligence artificielle y fait une entrée remarquée. Ces outils assistent déjà les juristes dans la formulation de requêtes ou l'accélération de leurs recherches. Mais, comme toujours, chaque innovation appelle la suivante — plus fine, plus intégrée, plus proche des usages métier. C'est l'ambition de Query Juriste, une startup française spécialisée dans l'IA pour la recherche juridique, fondée par Étienne Le Guay et Émile-Luciano Lombardo. Elle propose une IA capable non seulement de trouver la bonne jurisprudence, mais aussi de raisonner comme un juriste. Structurer une réponse, croiser les sources, construire une analyse — à la manière d'un collaborateur expérimenté. Hébergée à Station F, Query Juriste ambitionne de repenser la recherche juridique avec une IA conçue par des juristes, pour des juristes. Et le concept séduit : plus de 500 utilisateurs — avocats, juristes d'entreprise, indépendants — testent déjà la solution. Nous voulons que notre IA fasse ce qu'un très bon collaborateur ferait : produire une analyse juridique structurée, contextualisée et vérifiable tienne Le Guay Une IA qui raisonne, pas un chatbot Contrairement à de nombreuses solutions de legaltech, Query Juriste ne se limite pas à un moteur de recherche boosté ou à un simple chatbot connecté à une base de données. SSon architecture repose sur des agents de recherche capables d'analyser l'ensemble de leur fond documentaire (jurisprudences, textes de loi, droit européen…etc), d'en extraire les éléments clés, de les recouper et de formuler un raisonnement argumenté. Concrètement, l'IA ne se contente pas de répondre par oui ou non : elle reconstitue le cheminement juridique, comme le ferait un avocat expérimenté. « L'IA ne répond pas par oui ou non. Elle restitue un raisonnement juridique, comme le ferait un avocat. Elle n'hallucine pas, elle argumente », souligne Émile-Luciano Lombardo. Cette profondeur d'analyse a un coût : comptez plusieurs minutes pour traiter un corpus complexe, ce n'est donc pas instantané, mais toujours infiniment plus rapide qu'une recherche humaine traditionnelle. Pour les cabinets, directions juridiques… et indépendants Pensée autant pour les avocats que pour les juristes d'entreprise, Query Juriste entend démocratiser l'accès à un outil longtemps réservé aux grandes structures. Avec un tarif de lancement à 80 euros HT par mois, destiné à évoluer à terme, la solution tranche avec les standards du marché, souvent fixés autour de 250 euros. Une stratégie clairement assumée, celle de viser aussi les petits cabinets, indépendants et PME, trop souvent écartés des bénéfices de la legaltech pour des raisons de coût. « Notre but est de rendre le droit plus accessible, notamment aux structures qui n'ont pas les moyens de recruter ou de sous-traiter massivement. L'IA permet aujourd'hui à un avocat seul de rivaliser avec une équipe entière », résume Étienne Le Guay. Une évolution dans la pratique juridique Les cas d'usage de recherches sont multiples : répondre à une question juridique complexe en croisant plusieurs sources, enrichir un projet de conclusions avec de la jurisprudence pertinente et à jour, évaluer la solidité juridique d'un raisonnement ou d'un argument déjà rédigé, ou encore vérifier qu'une interprétation s'appuie sur les bons fondements textuels. Query Juriste s'inscrit dans une nouvelle ère, où le gain de temps ne se fait pas au détriment de la rigueur. D'autant que l'explosion du volume législatif, la complexification des codes et l'inflation jurisprudentielle pèsent lourdement sur la productivité des juristes. « Ce n'est plus humainement possible d'avoir une maîtrise exhaustive de toutes les sources, c'est là que notre IA prend le relais », note Émile-Luciano Lombardo. Hébergée en France, pensée pour la souveraineté Autre point fort, la startup insiste sur la souveraineté numérique. Query Juriste est héberge les données utilisateurs chez ScaleWay, en France, garantissant une conformité au RGPD et une maîtrise de la chaîne de traitement des données. Une approche qui séduit de plus en plus de directions juridiques sensibles à la confidentialité et à la sécurité des données. Une levée de fonds en perspective ? Jusqu'ici, Query Juriste s'est développée sans réaliser une vraie levée de fonds, en s'appuyant sur des partenariats techniques, notamment des crédits cloud valant plusieurs centaines de milliers d'euros. Une stratégie prudente, qui n'exclut pas à terme une levée pour accélérer le développement et s'étendre à d'autres marchés européens. Un outil pensé par et pour les juristes Si Étienne est ingénieur, Émile est juriste, formé notamment au Canada — où leur rencontre a eu lieu — et où la Common Law rend la recherche encore plus complexe. En France, ils ont pu s'appuyer sur l'open data pour alimenter efficacement leur base de données. Cette collaboration à la croisée de la technique et du droit a permis de concevoir une IA en prise directe avec les besoins du terrain. « On ne va pas remplacer l'humain, mais lui faire gagner un temps précieux pour qu'il se concentre sur ce qui fait sa valeur : l'analyse, la stratégie, la défense », concluent les cofondateurs. Découvrez le fonds documentaire mis à disposition par Query Juriste sur leur base de données jurisprudentielle publique.