4 days ago
Accablé par la maladie, Stefano Sollecito demande sa liberté provisoire
C'est un proche de Stefano Sollecito qui a soulevé ce dernier de son fauteuil roulant, et qui l'a aidé à s'assoir dans l'auto-patrouille du SPVM, le matin de son arrestation, le 12 juin dernier.
Stefano Sollecito, cochef du clan des Siciliens de la mafia montréalaise, arrêté le 12 juin dernier durant la rafle policière réalisée dans la foulée des révélations de l'ancien tueur à gages du crime organisé Frédérick Silva, et détenu depuis à l'Établissement de détention Rivière-des-Prairies, demande à pouvoir retourner chez lui en attendant la suite des procédures.
Sollecito, 57 ans, est accusé, avec d'autres, du meurtre au premier degré de Lorenzo Lopresti, commis en octobre 2011, dans le cadre d'une guerre intestine entre clans de la mafia. Il est également accusé d'avoir comploté les meurtres de plusieurs autres individus reliés à la mafia, dans le cadre de ces mêmes conflits qui se sont prolongés sur plusieurs années.
Dans une requête déposée en Cour supérieure dont La Presse a obtenu copie, Sollecito décrit ce que serait sa vie au quotidien, lui qui souffre depuis une dizaine d'années d'un cancer qui ne cesse de progresser et qui a, dit-il, provoqué de graves problèmes de santé qui l'obligent aujourd'hui à se déplacer en fauteuil roulant.
Assisté par des codétenus
« Il doit prendre des médicaments quotidiennement. Il a de multiples rendez-vous avec différents médecins. Il ne peut pas s'allonger sur le dos. Le requérant est fortement limité dans ses mouvements [...] Depuis son incarcération, il reçoit l'aide de codétenus pour le soulever [...] Il souffre constamment et ne peut rester assis dans son fauteuil roulant pendant de longues périodes. Lorsqu'il n'est pas dans son fauteuil, il est alité », écrivent notamment ses avocats, Me Laurence Juillet et Me Giuseppe Battista, dans la requête d'une dizaine de pages.
Ceux-ci soulignent également les nombreux rendez-vous médicaux et chirurgies à venir, ainsi que l'assistance et les soins constants dont il a besoin.
« Ses problèmes de santé nécessitent une prise en charge constante par de nombreux professionnels de la santé. Une intervention chirurgicale est prévue cet été. Il est suivi notamment par un cardiologue, un oncologue et un neurologue. Il doit être suivi régulièrement par des physiothérapeutes et des ergothérapeutes. Avant son incarcération, il se rendait dans une clinique pour des séances thérapeutiques une à deux fois par semaine ».
« Il a besoin de l'assistance quotidienne d'au moins deux personnes. Sa famille a engagé trois femmes pour s'occuper de lui, en rotation, sept jours sur sept.
Il devrait intégrer un programme de réadaptation cet été », ajoutent ses avocats.
Détention domiciliaire demandée
« Depuis son incarcération, je suis extrêmement inquiète pour lui et je suis préoccupée par une possible détérioration de son état de santé. Sa situation nécessite des appels téléphoniques et des échanges de courriels quotidiens avec la prison », affirme une proche dans une déclaration assermentée qui accompagne la requête de Sollecito.
« Le centre de détention a exprimé des inquiétudes quant à l'incompatibilité de son état de santé avec les conditions de détention et craint de ne pas pouvoir répondre à ses besoins médicaux », écrivent Me Juillet et Me Battista, qui annoncent que leur client accepte de se soumettre à de sévères conditions si sa requête de libération provisoire est accueillie.
Ainsi, un important montant sera déposé en tant que caution. Stefano Sollecito s'engage à déposer son passeport au greffe, à demeurer à sa résidence 24 heures sur 24, sept jours sur sept, sauf pour ses rendez-vous médicaux, à posséder un seul téléphone cellulaire, à fournir son registre d'appels sur demande, à fournir toute preuve de rendez-vous médicaux et à porter un bracelet GPS.
Une proche s'engage également à déménager chez lui pour l'assister, mais également pour le surveiller.
Du déjà vu durant la COVID-19
« Son état de santé est un élément supplémentaire qui devrait convaincre le tribunal qu'il respectera ses conditions de libération ; dans son état actuel, il ne peut quitter son domicile que pour des rendez-vous médicaux, et il est plus que spéculatif de déduire qu'il serait en mesure de se livrer à des activités criminelles », plaident ses avocats, exposant leurs arguments.
« Le requérant soutient qu'un citoyen bien informé, pleinement conscient des risques que son incarcération représente pour sa santé, ne perdrait pas confiance dans l'administration de la justice en raison de sa mise en liberté provisoire ».
« Cette approche a été appliquée, quoique non automatiquement, pendant la pandémie de COVID-19, notamment dans les cas où l'accusé présentait un problème de santé vulnérable ».
La confiance du public dans le système judiciaire peut être réciproque. Il se pourrait que la détention d'une personne, surtout face à des difficultés importantes résultant de problèmes de santé graves, soit ce qui choquerait un membre du public raisonnablement informé », infèrent-ils notamment.
Dans sa requête, Sollecito fait aussi valoir qu'il a deux antécédents judiciaires qui datent de plus de 20 ans et qui n'ont rien à voir avec les accusations actuelles, des condamnations pour complot de distribution de drogues et possession d'une arme à feu, et qu'il n'a jamais été condamné pour avoir brisé des conditions.
Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@ ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.