31-07-2025
Mégalopole futuriste, stade suspendu, moyens XXL... Qu'est le Neom Sports Club, ce nouveau venu saoudien qui «pille» la Ligue 1 ?
Lacazette, Bulka, Galtier... Tous ont cédé aux sirènes saoudiennes cet été pour rejoindre un club au milieu du désert qui affiche des ambitions démesurées. Présentation d'un projet colossal.
Ce n'est pas un club qu'ils ont rejoint cet été, mais un projet. Celui de Neom, «nouveau futur» d'après la contraction du grec et de l'arabe. Alexandre Lacazette, Marcin Bulka, Christophe Galtier... Le casting ne cesse de s'allonger pour construire une équipe qui est destinée, à terme, à devenir l'étendard d'une mégapole futuriste et totalement artificielle dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, en plein cœur du désert, baptisée «The Line» . Neuf millions d'habitants y sont attendus. Les travaux devraient s'étendre jusqu'en 2039.
100 .000 travailleurs devraient être mobilisés pour répondre aux desiderata du prince héritier Mohammed Ben Salman, bien décidé à élargir son soft power au-delà des investissements déjà réalisés dans le football européen via le PIF, le Fonds d'Investissement Saoudien. Si l'ampleur du projet a été grandement revue à la baisse, de 170 km de long à seulement 2,4 km, le chantier reste faramineux, avec un stade de 46.000 places suspendu à 350 m au-dessus du sol, à construire avant la Coupe du monde 2034, qu'importent le coût et les risques humains et environnementaux.
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En attendant, le club, récemment rebaptisé «Neom Sports Club», joue ses matches à domicile au King Khalid Sport City Stadium de Tabuk... À 178 km de là. Il est la propriété du PIF, qui a racheté les Faucons d'Al-Suqoor (troisième division) en 2023, avant de s'offrir une montée express au deuxième échelon, puis en Saudi Pro League. Avant l'arrivée de l'ancien lyonnais Saïd Benrahma en janvier, le Neom SC avait déjà recruté 16 joueurs lors du mercato estival à grands coups de millions. Mais rien de comparable encore à l'offensive portée cet été sur les joueurs de Ligue 1.
Des têtes d'affiche et des jeunes à forts potentiels
Avant de se ruer à l'assaut du marché hexagonal, les dirigeants saoudiens, menés par leur PDG Moaath Alohali, ancien d'Al Ettifaq où il a réussi à enrôler Steven Gerrard et Jordan Henderson notamment, et par l'ancien directeur sportif de Nottingham Forrest Kyriakos Dourekas, se sont accordés sur un entraîneur pour mener la barque. Le choix s'est porté sur Christophe Galtier, tout sauf un hasard. Libre depuis son départ du Qatar, le Marseillais a officié en Ligue 1 pendant une vingtaine d'années (Saint-Etienne, Lille et le PSG notamment). Il y a croisé Alexandre Lacazette, Marcin Bulka, débarqué de l'OGC Nice, et Amadou Koné (Reims), qui l'ont tous rejoint cet été. Le jeune Saïmon Bouabré (19 ans), grand espoir du centre de formation de Monaco, devrait suivre prochainement.
Quatre profils relativement différents, avec des têtes d'affiche et des jeunes à forts potentiels. Le premier était en fin de contrat avec l'OL, tandis que les autres ont été attirés grâce à des indemnités de transfert et des salaires XXL. En témoigne l'exemple de Bouabré, quatre petits matches de Ligue 1 au compteur et un prix de vente estimé à 10 millions d'euros hors bonus à un an de la fin de son contrat.
Dans un contexte économique français désastreux, cela ressemble à une aubaine. Le Neom SC est d'ailleurs devenu cet été le deuxième club le plus dépensier du championnat devant Al-Hilal, Al-Ahli, Al-Nassr ou encore Al-Ittihad, avec bientôt plus de 70 millions d'euros mobilisés uniquement pour les transferts provenant de la Ligue 1. Avec de tels moyens, le club compte bien s'assurer un avenir doré sportivement et surtout pérenne, avec des joueurs qui pourront être revendus dans quelques années.
Une stratégie en rupture avec la précédente, basée sur l'accumulation de stars en fin de carrière comme Karim Benzema (Al-Ittihad), Neymar (Al-Hilal) ou Cristiano Ronaldo (Al-Nassr). D'autant que le pays de la péninsule arabique semble désormais se soucier un peu plus du professionnalisme de ses joueurs, en témoigne l'exfiltration express de Jhon Duran après seulement six mois à Al-Nassr. L'attaquant colombien de 21 ans, recruté en grande pompe cet hiver en provenance d'Aston Villa pour un montant qui flirtait avec les 80 millions d'euros, a été pointé du doigt pour son comportement et son investissement. Ce qui a conduit à son départ pour Fenerbahçe fin juin. Le signe d'une nouvelle politique dans le football saoudien, qui n'a pas fini de faire parler de lui, tout comme le Neom Sports Club.