03-08-2025
Six choses à savoir sur Ouninpohja, la spéciale mythique du Rallye de Finlande
Le Rallye de Finlande s'achève ce dimanche par deux passages dans la plus belle spéciale de la saison, Ouninpohja, avec ses sauts gigantesques et un passé qui a forgé sa légende.
Privilège rare en rallye, les équipages s'offrent ce dimanche matin une grasse matinée. La première voiture à s'élancer, la Hyundai d'Ott Tänak, a en effet quitté le parc d'assistance de Jyväskylä à 9 heures locales (8 heures en France). Direction Ouninpohja, à 80 kilomètres de là, pour se frotter à l'une des spéciales les plus mythiques du WRC et considérée de manière unanime par les pilotes comme la plus belle de toutes, celle de Whaanga Coast en Nouvelle-Zélande n'étant plus au programme.
Ultra rapide mais également technique par endroits, ponctuée de nombreux sauts en aveugle, elle a été le théâtre de nombreux rebondissements. Et avec les points du Super Sunday et de la Power Stage, elle sera sans doute primordiale pour cette saison 2025, avec la perspective de relancer totalement le Championnat.
Timo Mäkinen à bloc malgré son capot relevé
Lors de l'édition 1967 du Rallye des 1000 lacs, bien avant la création du Championnat du monde, le légendaire Timo Mäkinen, signa une performance incroyable en résistant au retour de Simo Lampinen dans Ouninpohja malgré le capot de sa Mini levé sur le pare-brise.
Vatanen en aveugle dans le noir
Ari Vatanen a souvent subi la loi, en ces lieux, de son compatriote Markku Alen, véritable maître d'Ouninpohja. C'est en 1981, l'année de son sacre mondial, que Vatanen y a signé son premier scratch. Mais il y a aussi vécu une histoire incroyable. « Une fois, avec une Ford, ça avait tapé tellement fort à la réception d'une bosse que cela avait coupé l'alimentation électrique. Je m'étais retrouvé sans phare, de nuit. Heureusement, je savais que la route était droite à cet endroit-là ! Cette spéciale existe depuis la création du Rallye de Finlande, dans les années 1950. Sa légende s'est construite au fil des éditions. Il s'en est passé des choses, ici ! »
Le double langage de Denis Giraudet
Avec 192 départs en Championnat du monde, Denis Giraudet est l'un des copilotes les plus capés du Championnat du monde. Autant dire qu'il a vécu tout un tas d'aventure, à la droite de nombreux pilotes de toutes nationalités. L'une des plus amusantes s'est sans doute produite dans Ouninpohja. « En 1993, je co-pilotais le Finlandais Juha Kankkunen. Sur une bosse qu'il a passée à fond alors que ce n'était pas prévu comme ça dans les notes, j'ai eu tellement peur que je me suis mis à annoncer les notes suivantes en français au lieu de l'anglais ! » Cela ne les avait pas empêchés de s'imposer à bord de leur Toyota Celica.
136 km/h de moyenne pour Rovanperä l'an dernier
Ouninpojha, qui existe dans des versions plus ou moins longues (33 km dans sa version intégrale historique, 23,98 pour cette édition 2025) est l'une des spéciales les plus rapides du WRC. En 2004, Petter Solberg y établit le record du tracé au volant d'une Subaru en 15'18''5, à une moyenne de 131,94 km/h, avec une portion de 3,14 km avalée à 201,9 km/h de moyenne !
Un excès de vitesse qui poussa la FIA à demander aux organisateurs de trouver des spéciales où la vitesse moyenne ne dépasserait pas 130 km/h. Ouninpojha, dans sa version longue, était alors condamnée. Tronçonnée en différentes parties, avant d'être réintroduite en 2007, agrémentée de plusieurs chicanes pour casser la vitesse des WRC... Ce qui n'empêcha pas Kris Meeke de l'avaler, au volant de sa Citroën DS3 WRC, à 132,5 km/h en 2016. Kalle Rovanperä, l'enfant du pays, affola encore plus les compteurs l'an dernier, avec une moyenne de 136,1 km/h !
Le saut de 57 mètres de Märtin
Certains points de passage sont devenus légendaires, comme les carrefours de Mutanen et Kakaristo. Mais c'est du côté de la « maison jaune » et de son saut spectaculaire sur le public s'entasse généralement. En 2003, l'Estonien Markko Märtin y réalisa une envolée de 57 mètres de long.
Le danger partout et la mort au tournant
Si Ouninpohja est un mythe, c'est aussi pour son caractère dangereux. Beaucoup de pilotes avouent leur appréhension sur la ligne de départ. « C'est chaud, comme spéciale !, nous avait confié Sébastien Loeb en 2012. Ça jette à droite, à gauche, à des vitesses pas possibles, avec beaucoup de sommets en aveugle. Ce n'est vraiment pas évident. Et par endroits, avec les arbres qui sont juste au bord de la route, on sent que c'est dangereux et que l'on n'a pas le droit à l'erreur. »
C'est sur ce tracé que le WRC connut son premier décès en course, avec un accident fatal à Seppo Jämsä, copilote de Nieminen sur Morris Mini, lors de l'édition 1974.