09-07-2025
Incendies : pourquoi vaut-il mieux se confiner plutôt que fuir face à l'arrivée des flammes ?
Le
système FR-Alert
a retenti sur le smartphone de milliers de Marseillais, mardi vers 16 heures. Face à l'incendie qui se propageait à une vitesse folle, aidé par un fort mistral, les habitants du XVIe arrondissement de la cité phocéenne ont reçu l'ordre de se confiner chez eux. « On ferme les volets, on reste à la maison », a sommé le maire de Marseille, Benoît Payan.
Une décision qui a pu étonner. « Comment vous arrivez humainement à vous confiner lorsque les flammes lèchent votre maison et brûlent vos arbres dans le jardin ? », s'est par exemple interrogée sur RMC Anifa, une habitante de Marseille.
À la télévision, Benoît Payan a dit qu'il comprenait la peur de cette habitante, mais il a rappelé l'importance de respecter les consignes de sécurité. « Quand on dit aux gens qu'ils doivent se confiner, c'est qu'ils sont en sécurité à la maison. Quand on évacue des gens, c'est qu'on considère qu'ils ne peuvent pas rester confinés », déroule simplement l'élu.
Cela peut paraître contre-intuitif, mais le premier réflexe à avoir en cas de feu de forêt est de s'abriter chez soi. « On est beaucoup plus en sécurité dans une maison avec des murs que sur la route dans une voiture, à la merci des flammes », confirme Christian Pouget, le préfet de l'Aude.
Pour les forces de secours, un confinement est aussi plus simple à gérer qu'une évacuation. « Imaginez qu'il faille évacuer 15 000 personnes, illustre Anthony Chauveau, porte-parole de l'UNSA Sdis, un syndicat de pompiers. En termes de gestion du flux humain, ça demande des moyens importants de la part des forces de l'ordre, sinon ça peut vite partir dans tous les sens. » Et ralentir l'intervention des pompiers, si les routes sont encombrées par des départs précipités et simultanés.
Anthony Chauveau conseille de respecter « scrupuleusement » les consignes de FR-Alert, qui sonnent même lorsque le portable est en silencieux. Chez soi, pour se protéger des fumées toxiques, il faut
fermer et arroser les portes et volets
, garder un œil ou une oreille sur l'actualité, occulter les ouvertures et ventilations avec du linge humide, fermer le gaz et l'électricité. Les pompiers recommandent aussi d'éviter de téléphoner (sauf appels d'urgence) et de mettre sa voiture à l'abri.
Puis on reste à la maison tant qu'on n'a pas reçu l'ordre d'évacuer. Cette décision est prise en dernier recours, en cas de danger immédiat. « Les forces de secours savent quand le feu arrive sur des habitations, insiste Anthony Chauveau. Et lorsqu'il y a un point sensible à défendre, il devient la priorité. »
À Marseille, mardi, seules 400 personnes ont été évacuées, dont les 71 résidents d'un Ehpad aux Pennes-Mirabeau, la ville voisine. Même si le ciel est redevenu bleu mercredi matin au-dessus de Marseille, elles ne peuvent toujours pas regagner leur domicile. « Il est beaucoup trop tôt
(pour rentrer chez soi)
car l'incendie peut repartir, explique Benoît Payan. Je ne ferai pas rentrer de gens chez eux si la maison présente un danger structurel. »
En revanche, les habitants du XVIe arrondissement et de Pennes-Mirabeau ont été déconfinés dans la matinée.
Aucune victime n'est à déplorer
, notamment grâce aux mesures prises par les pompiers et les autorités. « Les consignes ont été, dans une immense majorité, respectées par les Marseillais », félicite Benoît Payan.
D'après un bilan provisoire de la préfecture, 71 bâtiments — dont 68 maisons — ont été touchés par les flammes.
Dix d'entre eux ont été détruits
.