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Les températures record de 70 lacs suisses passées au crible jour par jour
Les températures record de 70 lacs suisses passées au crible jour par jour

24 Heures

time2 days ago

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Les températures record de 70 lacs suisses passées au crible jour par jour

Au début de l'été, de nombreux lacs de Suisse affichaient 1 à 2 degrés de plus que le maximum historique depuis 1981 pour cette période. Suivez l'évolution au jour le jour pour chaque lac. Alors que depuis ce week-end la chaleur est de retour en Suisse, elle se ressent aussi dans nos lacs. Il n'a fallu que quelques jours de canicule, début juillet pour que leurs eaux se réchauffent comme jamais pour un début d'été. Plusieurs lacs ont battu des records de température pour la saison. Après un mois de juin historiquement chaud , celui de juillet a commencé par 30 degrés et plus. Depuis, le thermomètre s'est calmé, mais les températures de nos lacs restent élevées. Pourquoi? La climatologue Martine Rebetez, professeure à l'Université de Neuchâtel et à l'Institut fédéral de recherches WSL sur la forêt, la neige et le paysage, nous livre son analyse. L'eau des lacs suisses s'est réchauffée comme jamais à fin juin-début juillet. Est-ce uniquement lié à la canicule? Les températures des eaux de surface, qui sont présentées ici, dépendent fortement des conditions météo à court terme. Mais si on arrive à des valeurs aussi élevées, c'est parce que l'eau des lacs est plus chaude que par le passé, et cela sur l'ensemble de l'année . Par rapport aux années 1970, la température de l'air a augmenté d'environ 2,5 degrés en Suisse. La température des lacs suit cette tendance. Cela se traduit par exemple par le fait que le brassage hivernal , qui permet d'apporter de l' oxygène en profondeur , se produit de moins en moins dans un grand lac comme le Léman, parce qu'il ne parvient plus à se refroidir suffisamment. Ces températures élevées vous inquiètent-elles? Elles posent plusieurs problèmes pour la vie dans le lac. Les poissons sont adaptés à des températures spécifiques. Dans les océans, on les voit migrer en direction des pôles. Or, les lacs sont des lieux fermés: la migration n'est pas vraiment possible. Les poissons d'ici ne pourront pas partir ailleurs et d'autres, qui seraient mieux adaptés, ne pourront pas venir naturellement. À moins qu'on les introduise, volontairement ou accidentellement, ce qui peut être problématique par rapport à l'équilibre de l'ensemble de l'écosystème. La hausse de la température des lacs est liée au réchauffement climatique. Dans un deuxième temps, risque-t-elle aussi d'intensifier le phénomène? Vu leur faible volume, les lacs ont peu d'impact sur la température d'un continent. En revanche, à une échelle locale, durant les périodes caniculaires, le lac rafraîchit les températures de l'air la journée. La nuit, il va plutôt les maintenir un peu plus élevées. Au printemps, la présence du lac évite souvent les gelées, ce qui est très apprécié pour la vigne ou les arbres fruitiers par exemple. Même plus chauds, les lacs vont rester importants pour ces mécanismes, qui restent les mêmes. Martine Rebetez, climatologue et professeure à l'Université de Neuchâtel et à l'Institut de recherches sur la forêt, la neige et le paysage. KEYSTONE/Cyril Zingaro Est-ce que ce réchauffement de l'eau a des conséquences sur la météo locale? Plus l'air est chaud, plus il peut absorber d'humidité et provoquer des précipitations intenses. La température du lac peut jouer un rôle, mais celui-ci n'est pas aussi déterminant pour nos régions que celui de plus grandes surfaces d'eau comme la Méditerranée ou l'Atlantique. Justement: la problématique que l'on voit dans nos lacs se produit aussi dans les mers et les océans. Est-elle identique? On rencontre les mêmes mécanismes de réchauffement dans les mers et les océans. Mais là, on assiste encore à un autre problème: la montée des eaux, car le volume des océans augmente avec chaque degré supplémentaire, et pas seulement avec l'apport de l'eau de fonte des glaciers. L'inertie est telle que le niveau des mers n'est pas encore adapté au réchauffement actuel de l'atmosphère, sans parler des hausses futures. Toute la géographie des côtes va changer. Cela va poser de plus en plus de problèmes aux populations qui vivent à proximité des côtes et à l'ensemble de l'équilibre mondial. Et pour les lacs, à quoi faut-il s'attendre pour la suite? Les températures de l'air ne vont en aucun cas pouvoir retourner à ce qu'elles étaient auparavant et si le monde continue à brûler du pétrole, du gaz et du charbon, elles vont encore beaucoup augmenter. Toutes les conditions sont donc malheureusement réunies pour que les températures de nos lacs continuent elles aussi d'enregistrer de nouveaux records, et cela à toutes les saisons. Même s'il arrive que nous vivions une période exceptionnellement fraîche ou froide, cela ne va pas inverser la tendance. Jusqu'où pourra-t-on aller? Y a-t-il une limite au-delà de laquelle «ce ne sera plus possible»? Il y a des limites au-delà desquelles la vie végétale et animale dans les lacs se porte moins bien et certains poissons ne survivront pas. Selon le centre «La Maison de la rivière», les salmonidés risquent d'être les plus touchés car ils apprécient les températures fraîches et l'eau riche en oxygène (lire ci-contre) . Les poissons ne réagissent pas tous de la même façon au réchauffement de l'eau. Jean-François Rubin, directeur de la fondation de la Maison de la rivière explique que, dans la famille des salmonidés, les truites meurent en cas de température supérieure à 20-25 degrés pendant quelque temps. Et à partir de 15 degrés environ, elles grandissent moins bien. La situation est la même pour les ombles chevaliers, mais ils vivent à des plus grandes profondeurs, où l'eau est plus froide. Les carpes, elles, supportent très bien des températures élevées, jusqu'autour de 30 degrés. Quant aux perches, elles se situent entre deux. Il faut toutefois aussi tenir compte du fait que ces poissons mangent du plancton, qui est fortement altéré par la température. Finalement, la qualité chimique de l'eau des lacs suisses s'améliore et entre ces éléments contradictoires, il est difficile de faire des prévisions. Pour suivre l'évolution des températures de plus de cent lacs en Suisse, l'Institut de recherche sur l'eau de l'EPFZ (Eawag) a conçu un modèle de simulation baptisé Alplakes . Cet outil fournit des prévisions fiables, avec une marge d'erreur comprise entre 0,5 et 1,5 °C par rapport aux mesures réelles. Le modèle présente un autre atout: il couvre la quasi-totalité des grands lacs suisses et actualise ses données quotidiennement. Les courbes présentées dans notre tableau de bord retracent l'évolution de la température d'un lac au fil de l'année. Elles permettent de comparer la situation actuelle du lac avec les données des années précédentes, notamment celle de l'an dernier et de l'année en cours. Les valeurs présentées proviennent de modélisations, et non de mesures directes. Environnement: nos cartes et articles visuels en Suisse Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

Ces fois où la Terre tourne un peu plus vite
Ces fois où la Terre tourne un peu plus vite

La Presse

time04-08-2025

  • Science
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Ces fois où la Terre tourne un peu plus vite

Depuis quelques années, les journées durent moins longtemps. Les astrophysiciens ne comprennent pas pourquoi, puisque depuis des milliards d'années, elles rallongeaient. Le 5 août sera l'une des journées les plus courtes de l'année. « La journée va avoir 1,3 à 1,5 milliseconde de moins le 5 août, par rapport au 4 août », dit Robert Lamontagne, astronome de l'Université de Montréal à la retraite. « Dans le quotidien, vous et moi ne verrons pas la différence. Mais ça a un impact sur les GPS et les transactions boursières. Si on ne corrige pas les horloges, il peut y avoir une variation de plusieurs centaines de mètres avec le GPS. » C'est pourquoi les satellites qui permettent aux GPS de fonctionner sont en lien avec ces horloges ultras précises. Depuis 2020, les journées sont de plus en plus courtes parce que la Terre tourne plus vite sur elle-même. « Ça va à l'encontre du ralentissement de la vitesse de rotation de la Terre qu'on a mesuré depuis des millions, voire des milliards d'années, souligne M. Lamontagne. On a des preuves géologiques qu'à l'époque des dinosaures, par exemple, il y a 100 millions d'années, les journées avaient 23 heures plutôt que 24. Et il y a 900 millions d'années, c'était 22 heures. » Ajouter des secondes Cet allongement très graduel des journées avait poussé le Service des systèmes de référence de la rotation de la Terre (IERS) à introduire, en 1972, une seconde supplémentaire, appelée « intercalaire », à cette année, ce qui a été fait à 24 autres reprises depuis. Le dernier ajout d'une seconde à une année a eu lieu en 2016. « Il y a 400 horloges atomiques un peu partout dans le monde et l'heure officielle est la moyenne de toutes ces horloges, explique M. Lamontagne. Quand il y a un écart un peu trop grand entre la rotation de la Terre et l'heure des horloges atomiques, on ajuste toutes les horloges. C'est une opération compliquée aujourd'hui à cause de tous les systèmes informatiques qui dépendent d'une heure très précise, alors il y a des gens qui proposent d'abandonner le synchronisme entre la rotation de la Terre et les horloges atomiques. » Séismes et climat La raison de cette inversion de tendance, qui fait maintenant raccourcir les journées, n'est pas claire. « En physique, il y a un principe bien connu qui est la conservation du moment angulaire », indique M. Lamontagne, qui a aussi été directeur du télescope de l'Observatoire du Mont-Mégantic. « Quand un patineur artistique termine sa pirouette sur lui-même, il replie les bras le long du corps et tourne plus vite. C'est une question de centre de masse. On a vu par exemple qu'après des tremblements de terre importants, au Chili et en Haïti en 2010, dans les jours qui ont suivi, la Terre a tourné plus vite d'un millionième de seconde. Des gens ont suggéré que les changements climatiques sont responsables du raccourcissement des journées ces dernières années. Si des pans de la banquise tombent dans l'eau, ça change la répartition des fluides sur notre planète. » Le raccourcissement des journées est minime. « On parle d'une à deux millisecondes au total, moins qu'un battement de cils », dit Robert Lamontagne. » Mais à cause de cette tendance, l'IERS envisage d'enlever une seconde à une journée, en 2028 ou 2029. Le phénomène a été pour la première fois démontré par des astronomes de l'Université d'État de Moscou, en 2022, dans le Journal of Geophysical Research. Cet allongement jusqu'à 2020, puis le raccourcissement, n'est pas un long fleuve tranquille. « On s'entend que la période de rotation de notre planète, ça fluctue, observe M. Lamontagne. On compare souvent ça aux fluctuations des marchés boursiers. En moyenne, ils grimpent de 5 % par année, mais on sait qu'il y a des excursions vers le haut ou le bas. Ou même la température des saisons : on a un réchauffement climatique, mais certaines années vont quand même être plus froides que d'autres. » Déformation Cette variabilité est due à la forme et à la composition de la Terre. « Si notre planète était une boule de quilles solide en surface, parfaitement sphérique et toute seule dans le cosmos, sa période de rotation serait extrêmement stable, note l'astronome. Mais ce n'est pas le cas. Le diamètre mesuré à l'équateur est 43 kilomètres plus grand qu'aux pôles. Il y a du magma qui se déplace à l'intérieur de la Terre. Et il y a aussi beaucoup d'eau en surface. C'est la même chose que pour les trains routiers : si le matériel n'est pas arrimé à l'intérieur, le véhicule va tanguer d'un côté à l'autre en fonction des aléas de la route. » Comment parvient-on à prédire la durée de la journée du 5 août ? « La Lune s'est déjà retrouvée dans une position semblable récemment », explique M. Lamontagne. La durée des journées observée lors de ces épisodes récents peut donc servir d'indicateur. La Lune influence les marées et exerce aussi une attraction sur la Terre qui modifie sa rotation. La Lune était dans une position similaire les 9 et 22 juillet. Mais finalement, le jour le plus court au début du mois a plutôt été le 10 juillet, avec 1,38 milliseconde de moins que la normale, selon un chroniqueur de Weather Channel.

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