28-07-2025
«J'aimerais que l'on trouve davantage les vins de Cassis à Paris» : au domaine Bodin, une nouvelle génération aux commandes
Dans un vignoble connu pour sa dimension familiale, le domaine Bodin en est à la cinquième génération. Avec un défi, celui de faire monter ces vins largement consommés en Provence jusqu'à Paris.
Pour cette nouvelle série d'été, Le Figaro vous emmène à Cassis, appellation viticole située autour du village éponyme, dans un décor de calanques et d'eau turquoise.
À la découverte de Cassis, l'appellation la plus confidentielle de la Provence En savoir plus sur notre série
Voilà cinq générations que leur nom est solidement amarré à celui de l'appellation. Si le domaine de 30 hectares tourne encore aujourd'hui à plein régime, c'est en partie grâce aux choix opérés par un arrière-grand-père qui ne manquait ni d'entrain ni d'entregent. Passionné de botanique, il introduit sur ses terres les premiers greffons du Texas, afin de surmonter la crise du phylloxéra, tout en développant une clientèle locale, qui le dispense de chercher à écouler ses vins dans un périmètre excédant la Ciotat. Sur les étagères, d'anciens millésimes côtoient une production plus récente de miel et d'huile d'olive, ainsi que des clichés immortalisant la visite de la chanteuse-actrice Vanessa Paradis, manifestement encore en âge de s'en tenir à une menthe à l'eau.
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Quatrième génération à officier au domaine, Louise, Émile et Joseph Bontoux ont bien conscience d'avoir entre les mains le fruit d'un précieux patrimoine. «J'ai mis du temps à réaliser», admet la seule fille de la fratrie, longs cheveux blonds et chemise à carreaux faussement négligée. Étudiante en design d'espace à Aix, elle aimait le dessin, les projections, mais moins l'informatique. Un remplacement temporaire au domaine, une saison à observer les vendanges, et le retour fut consommé. «Les gens me disaient : 'Quelle chance, c'est à toi !' C'est là que j'ai compris que j'avais hérité de quelque chose de rare…»
Domaine Cassis Bodin : la prudence en héritage
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En dépit de son jeune âge, elle ne tient pas à s'improviser en chef de chantier, sans casque ni chaussures de sécurité : «L'identité des vins a très peu changé, nous gardons ce côté minéral et sec, ces notes de pierre à fusil, que certains ont préféré atténuer pour répondre à la demande des marchés étrangers . Pourtant, nous restons à flux tendu, écoulant chaque année nos vins entre mai et septembre.» Étudiant la viticulture et l'œnologie en alternance, Louise se félicite d'incarner la nouvelle génération résolue à prendre la relève : «Du temps de mon grand-père, les femmes restaient à la maison. Aujourd'hui, regardez autour de vous… Nous sommes là, sur le terrain !», insiste celle qui rêverait, un jour, de fonder une association de vigneronnes.
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Afin d'abreuver ceux qui viendront user les bancs de bois de leur table éphémère, ouverte en haute saison, Louise et ses deux frères ont élaboré une cuvée de muscat blanc et une de muscat rosé en extra-brut effervescent, tout en élargissant leur présence en cave sur une zone allant de Cassis à Monaco, en passant par Aix-en-Provence. «J'aimerais que l'on trouve davantage les vins de Cassis à Paris, confie-t-elle, car ils ont de nombreux arguments à faire valoir. L'appellation rassure par son côté familial, et nous avons la chance de ne pas nous faire concurrence. Après tout, nous avons tous grandi ensemble.»
