11-08-2025
Amélie Nothomb: «Pour aller à Vierzon, il faut s'arrêter à la gare de Vierzon, c'est au-dessus de mes forces»
Réservé aux abonnés
Je prie les Vierzonnais de ne pas m'en tenir rigueur: quand le train s'arrête en gare de Vierzon, je ressens un néant insoutenable.
À l'âge de quatorze ans, en lisant Le Grand Meaulnes, j'ai découvert l'existence de Vierzon. Une ville proche d'un univers aussi fascinant promettait d'être enchanteresse. Entre Vierzon et moi, cela commençait bien.
Dix années plus tard, j'ai été publiée à Paris, et mon éditeur m'a envoyée à la Foire du livre de Brive. J'ai pris le fameux « train du cholestérol », qui s'arrête, entre autres, à la gare de Vierzon. C'était la première fois.
À lire aussi Le Japon éternel, d'Amélie Nothomb et Laureline Amanieux: pour les passionnés du pays du Soleil-Levant
Depuis lors, j'ai emprunté à soixante-cinq occurrences supplémentaires (car il faut compter les retours) la ligne Paris-Austerlitz-Brive-la-Gaillarde. En tout, je me suis donc arrêtée soixante-six fois en gare de Vierzon. Certes, je n'y suis jamais descendue. Mais j'estime que soixante-six fois deux minutes de stagnation induit une forme, sinon de connaissance, au moins d'entrée en matière avec la gare de Vierzon.
Un phénomène difficile à qualifier
Par ailleurs, qu'est-ce qui est le plus péjoratif ? Connaître ou ne pas connaître ? Dans une querelle, qu'est-ce qui est pire ?…