05-07-2025
Vincent Mannaert veut recoller les morceaux du football belge
On savait Vincent Mannaert, CEO Sports de l'Union belge, pleinement concentré sur sa mission de reconstruction de l'équipe nationale à la suite du limogeage de Domenico Tedesco et de son remplacement par Rudi Garcia. Mais parallèlement à l'urgence de sa mission, l'ancienne tête pensante du FC Bruges a aussi travaillé sur la finalisation du masterplan pour l'avenir du football belge dont il avait esquissé très furtivement les contours lors de son entrée en fonction le 2 décembre 2024.
Cette fois, plus de plans sur la comète mais bel et bien du concret, puisque le conseil d'administration de la Fédération, en prélude à l'AG de clôture de la saison 2024-25 ce vendredi soir, a voté le document soumis par Mannaert.
Pour la première fois, on peut parler d'unité autour d'un projet où la coupole fédérale, Voetbal Vlaanderen, l'ACFF et la Pro League œuvreront de concert dans la mise en place de ce plan stratégique dont son auteur entrevoit les premiers effets à l'horizon 2030.
Le football belge, à l'image du pays, souffre d'un morcellement institutionnel. Chaque faction, à son échelle, avance trop souvent chacune de son côté. « Un luxe que la Belgique, petit pays à la densité footballistique élevée, ne peut plus se permettre », explique Vincent Mannaert. « C'est d'ailleurs le point de départ de mon plan pour les cinq ans à venir. »
Un « sac à dos virtuel » pour chaque joueur et joueuse
Première pierre : Tubize doit devenir bien plus qu'un centre d'entraînement. Mannaert veut y créer un véritable pôle de savoir et d'innovation, mêlant sciences du sport, recherche médicale et intelligence artificielle. « L'objectif est double : aider les clubs à se professionnaliser tout en générant des revenus nouveaux via la location ou des partenariats », dit-il.
Deuxième priorité : doter chaque joueuse et chaque joueur, dès les plus jeunes catégories, d'un profil numérique personnel. « Ce que j'appelle un 'sac à dos virtuel' contiendra des données administratives et médicales, permettant un suivi tout au long de la carrière, avec à terme l'ambition d'y intégrer des éléments techniques ou tactiques. »
Troisième ambition : harmoniser les règles et la vision du jeu sur l'ensemble du territoire. « Trop de disparités subsistent entre les Régions et les niveaux de compétition de jeunes. » Mannaert veut mettre fin à cette confusion en imposant une ligne directrice unique à tout le football belge.
Les infrastructures, le point noir du foot belge
Vient ensuite la volonté d'instaurer une pyramide de formation claire et structurée. « Aujourd'hui, les passerelles entre clubs élite et structures régionales sont trop aléatoires. Un modèle formalisé permettrait aux compétences du haut niveau de mieux irriguer la base. »
Enfin, Mannaert cible un vieux mal belge : le chaos des infrastructures. « Je suis bien placé avec l'enlisement du dossier du futur stade de Bruges pour mesurer combien il est difficile de faire sortir de terre une enceinte digne de ce nom en Belgique », déplore-t-il. « A l'échelle professionnelle ou amateur, peu importe, je propose la création d'un fonds centralisé pour les équipements sportifs, avec des procédures de permis simplifiées. En échange, le monde du football devra parler d'une seule voix face aux pouvoirs publics. »