logo
#

Dernières actualités avec #VirginieOccidentale

Sale temps pour les médias publics américains
Sale temps pour les médias publics américains

La Presse

timea day ago

  • Politics
  • La Presse

Sale temps pour les médias publics américains

Travis Bubenik, directeur de l'information à la radio publique de Marfa, au Texas. Cette station, comme bien d'autres radios et télés locales, subira les contrecoups de l'annulation du financement des médias publics aux États-Unis. (New York) En tant que directeur général de trois stations de radio communautaires émettant dans les Appalaches – deux en Virginie et l'autre en Virginie-Occidentale –, Scott Smith s'attendait à recevoir de mauvaises nouvelles la semaine dernière. Mais il a été surpris par l'émotion qui l'a saisi lorsque la Chambre des représentants, emboîtant le pas au Sénat, a approuvé, par 216 voix contre 213, la suppression de 1,1 milliard de dollars déjà alloués pour les deux prochaines années aux médias publics américains. « Franchement, pour ceux d'entre nous qui étaient investis dans cette affaire, nous avions une idée de la façon dont les choses allaient se dérouler, a confié Scott Smith lundi. Cela dit, les journées de jeudi et vendredi derniers ont été un véritable coup de massue. Et il est difficile de s'en remettre. » Cela se comprend : entre 60 et 65 % du financement annuel du réseau que dirige Scott Smith – Allegheny Mountain Radio – provient de la Corporation for Public Broadcasting (CPB). Jusqu'à la semaine dernière, cette organisation créée en 1967 finançait une part très modeste des budgets des deux réseaux publics emblématiques, la télévision PBS et la radio NPR, de même qu'une part beaucoup plus importante des budgets de 1500 radios et télés locales partenaires ou indépendantes. PHOTO TING SHEN, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES Les bureaux de NPR à Washington Majoritaires au Sénat et à la Chambre, les républicains ont invoqué le manque d'objectivité des reportages et des émissions de PBS et de NPR pour justifier l'annulation du financement des médias publics, qui représente environ 1,60 $ par personne par an. Ils ont ainsi offert une victoire à Donald Trump, qui avait demandé au Congrès en mars dernier de mettre fin au financement public de ces deux « réseaux horriblement et complètement biaisés ». Or, l'annulation de ce financement nuira davantage aux radios situées dans les régions rurales, où se trouvent les électeurs de Donald Trump, qu'à NPR, qui peut compter sur d'autres sources de revenus. Qui plus est, ces radios sont souvent les seuls médias à encore fournir des informations locales aux populations de leurs régions. C'est notamment le cas pour les stations du réseau Allegheny Mountain Radio, dont l'auditoire a un accès « très, très limité » au service cellulaire, dit Scott Smith. « Bien sûr, si vous n'avez pas de service cellulaire ou d'électricité lors d'une urgence météorologique, vous pouvez toujours recevoir notre signal si vous avez une radio branchée sur une batterie. Vous pouvez marcher jusqu'à votre voiture, tourner la clé et syntoniser notre station. Nous émettons toujours pendant ces situations d'urgence », explique-t-il. « Idéologie nationale » Il fut un temps où le service essentiel offert par ces radios situées en zone rurale ou dans les territoires autochtones incitait des élus républicains à renouveler le financement des médias publics, et ce, malgré les efforts de tous les présidents républicains depuis Ronald Reagan pour y mettre fin. La sénatrice républicaine d'Alaska Lisa Murkowski a d'ailleurs repris cet argument la semaine dernière pour justifier son opposition à la suppression de ce financement. Mais elle est la seule de son camp, avec la sénatrice républicaine du Maine Susan Collins, qui s'est opposée au projet de loi qui a également annulé 7,9 milliards de dollars destinés à l'aide internationale. Les autres républicains ont tout simplement tourné le dos au « localisme », selon Josh Shepperd, professeur d'études des médias à l'Université du Colorado à Boulder et auteur de Shadow of the New Deal : The Victory of Public Broadcasting. Aujourd'hui, gagner des élections ne signifie pas que [ces élus] ont une responsabilité envers leurs communautés. Ils ont une responsabilité envers une idéologie nationale. Josh Shepperd, professeur d'études des médias à l'Université du Colorado à Boulder « Si l'ouest du Nebraska perd son dernier point d'accès aux médias publics, toutes les communautés rurales s'y trouvant deviendront, par défaut, de simples consommatrices d'informations nationales, c'est-à-dire de Fox News, de Breitbart, etc. Ainsi, les communautés les plus républicaines risquent de ne plus jamais recevoir d'informations traitant de leurs propres affaires. Je ne prédis pas que cela va se produire, mais c'est l'objectif. L'objectif est de transformer ces communautés pour qu'elles n'existent plus en elles-mêmes », explique-t-il. Les plus grands promoteurs de la fin du financement des médias publics ne semblent pas s'intéresser à cet enjeu. Ils concentrent leurs critiques parfois caricaturales sur PBS et NPR, dont les émissions sont pourtant synonymes de qualité et de diversité pour des dizaines de millions d'Américains. Figurent parmi celles-ci Sesame Street, PBS NewsHour, All Things Considered, Tiny Desk, NOVA, Antiques Road Show, Wait Wait… Don't Tell Me !. PHOTO JONAH MARKOWITZ, ARCHIVES THE NEW YORK TIMES Sesame Street est une émission phare du réseau PBS. « PBS et NPR ont été créées pour fournir un journalisme objectif », a écrit sur X David Bozel, président du Media Research Center et critique du financement public de ces chaînes. « Au lieu de cela, nous avons eu droit à des spectacles de drag queens pour enfants, à des reportages élogieux sur les démocrates et au silence ou à la diffamation pour les conservateurs. » Soutien du public N'empêche : les républicains du Congrès ont approuvé une mesure dont la grande majorité des Américains ne voulait pas, s'il faut se fier aux enquêtes d'opinion. Il y a deux semaines, un sondage Harris avait indiqué que 66 % d'entre eux, dont 58 % des républicains et 77 % des démocrates, soutiennent le financement de la radio publique. Ce soutien, Scott Smith l'a ressenti après le vote des deux chambres du Congrès. Depuis que notre situation a été révélée, tant au niveau local que national, la réponse du public est incroyable. Je ne peux pas vous dire à quel point cela nous touche et à quel point c'est important pour nous. Scott Smith, directeur général d'Allegheny Mountain Radio Allegheny Mountain Radio, qui emploie 11 personnes, dont 5 à temps plein, survivra-t-elle aux coupes ? Scott Smith estime que les réserves du réseau lui permettront de poursuivre ses activités sans changement majeur pendant au moins un an. « Mais quand vous commencez à piger dans vos réserves et à fonctionner dans le rouge, vous vous approchez du moment où vous vous retrouvez devant la question existentielle de savoir comment continuer. »

Les centres de données à la recherche d'électricité
Les centres de données à la recherche d'électricité

La Presse

time15-07-2025

  • La Presse

Les centres de données à la recherche d'électricité

Un centre de données de Google à Council Bluffs, en Iowa. (Davis) « La centrale serait là », pointe sur une carte Al Tomson, le maire de Davis, dans l'est des États-Unis. Cet ancien militaire se bat contre l'implantation, à la sortie de son village, de turbines à gaz destinées à alimenter en électricité un vaste centre de données. Ulysse BELLIER Agence France-Presse Ce projet, que l'État de Virginie-Occidentale essaye de « faire avaler de force » aux 600 habitants du village selon l'édile, n'est qu'un exemple de plus dans la course de vitesse que mène l'industrie de la technologie pour alimenter en énergie ses serveurs, rendus plus gourmands que jamais par le boom de l'intelligence artificielle. Pour brancher à la hâte leurs milliers de centres de données, les géants américains de l'informatique à distance (cloud) s'impliquent directement dans la production d'énergie. Et s'ils se tournent vers les énergies renouvelables et tentent de relancer le nucléaire, ils appellent aussi à la rescousse les énergies fossiles comme le gaz, peu cher. En Pennsylvanie, une ancienne centrale à charbon va désormais tourner au gaz pour alimenter un centre de données. En Géorgie, xAI, l'entreprise d'Elon Musk derrière le robot conversationnel Grok, a directement branché à ses serveurs 35 turbines à méthane, le tout sans permis selon l'ONG Southern Environmental Law Center. L'avantage : un accès rapide et fiable à une grande quantité d'électricité. Car la part des centres de données dans la demande électrique aux États-Unis devrait passer de 4 à 5 % actuellement à entre 6,7 % et 12 % d'ici 2028, selon une estimation gouvernementale. Impuissance Le réseau électrique américain « fait face à une croissance de la demande que nous n'avons pas vue depuis plus d'une génération », alerte Todd Snitchler, patron de l'EPSA, qui représente un grand nombre de producteurs d'électricité. Pour y répondre, ils agissent sur tous les fronts. Un peu partout, la fin de vie des vieilles centrales est repoussée, des turbines additionnelles sont ajoutées en attendant que de nouvelles installations sortent de terre. Mais la soif liée à l'IA est telle que de plus en plus de géants de la technologie en viennent à construire leurs propres centrales, en dehors du réseau. Quitte à le faire contre le souhait des habitants. À Davis, le maire et des centaines de ses administrés luttent depuis avril contre le projet de centrale de Fundamental Data. Pour Al Tomson, cette entreprise n'est qu'une « société écran » qui travaille « pour le compte d'une grande entreprise de la technologie non identifiée. » Fundamental Data n'a pas répondu aux multiples sollicitations de l'AFP. Dans le bureau du maire est imprimée une carte sur laquelle on peut lire que les turbines à gaz, avec leurs rejets toxiques, seraient situées à « 1,1 kilomètre d'habitants » du village touristique entouré de nature à trois heures de Washington. Mais Al Tomson se dit démuni. L'État de Virginie-Occidentale a récemment adopté une loi qui, pour attirer les milliards de dollars d'investissement dans les centres de données, interdit aux élus locaux de prendre des mesures s'y opposant. Compétition mondiale La frustration des habitants de Davis a débordé lors d'une réunion publique particulièrement tendue, fin juin. Pendant cinq heures, quelque 300 personnes ont interpellé des régulateurs chargés d'approuver un premier permis concernant la qualité de l'air, bien parti pour être accordé selon eux. À la sortie, des bénévoles distribuaient des panneaux « Non au complexe de centre de données » à installer dans son jardin – certains sont déjà placardés sur les vitrines des commerces. PHOTO ULYSSE BELLIER, AGENCE FRANCE-PRESSE Un véhicule de construction passe devant un panneau indiquant « Pas de centrale de données » dans la ville de Davis, en Virginie-Occidentale. Mais ces opposants font face à un problème qui les dépasse. « Ne pas réussir à alimenter les centres de données nécessaires pour l'emporter dans la course à l'IA […] permettrait à des nations concurrentes de décider des règles du monde numérique et de contrôler son infrastructure », alerte un récent rapport du département américain de l'Énergie. Certains, à Davis et en Virginie-Occidentale, sont favorables à ces projets, y voyant l'occasion de réindustrialiser une région sinistrée – la centrale proposée s'installerait sur le site même d'une ancienne mine de charbon. Car depuis que les emplois miniers sont partis, « nous avons besoin de quelque chose ici pour garder nos jeunes, » estime Charles Davis, chemise à carreaux et bottes de cuir, qui habite Thomas, un village proche. Jojo Pregley, elle, ne veut pas en entendre parler. « Beaucoup de monde a eu le cancer ici », dit-elle, assise sur un banc devant sa maison, en compagnie de son mari Pat, 40 ans au fond de la mine. « On ne veut pas plus de pollution, de centres de données ou de quoi que ce soit d'autre. »

TÉLÉCHARGER L'APPLICATION

Commencez dès maintenant : Téléchargez l'application

Prêt à plonger dans un monde de contenu mondial aux saveurs locales? Téléchargez l'application Daily8 dès aujourd'hui sur votre app store préféré et commencez à explorer.
app-storeplay-store