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« Le Nord est beau, le Nord est fier, faites la fête ! » : à la parade des coureurs du Tour de France, c'est déjà le feu
Depuis près de deux siècles, la colonne de la Déesse, synonyme de résistance, domine le cœur de la Grand'Place à Lille (Nord). Mais ce jeudi à 19h54, c'est un Dieu au guidon d'un vélo blanc qui triomphe avant même de s'être battu. Le triple vainqueur
du Tour de France
Tadej Pogacar, accompagné par ses camarades de la formation UAE Team Emirates, s'invite sur la scène cylindrique dans le bouquet final de la parade des coureurs.
Et engrange une première petite victoire en s'adressant au public dans la langue de Molière. « Bonsoir Lille ! Comment allez-vous ? », lance l'ogre slovène. Ovation garantie. Au match des applaudissements, il devance largement son rival danois Jonas Vingegaard.
Sous un grand ciel bleu qui ne colle pas avec les clichés météorologiques de la région, Sandra, infirmière de 42 ans et sa sœur jumelle Viviana, prof d'histoire, sont aux anges. Ces deux Chiliennes de Santiago, venues exprès en France pour cinq jours de Tour, ne jurent que par « Pogi » inscrit en lettres capitales sur un drapeau. « Ben oui, on n'a pas de coureur chilien ! », sourient les deux quadras qui ont enfilé le maillot de l'équipe UAE.
Dans la capitale des Flandres, ce n'est pas encore le Grand Départ du Tour de France qui s'élancera samedi mais un simple défilé de coureurs, ou plutôt de « superhéros » dixit le maître de cérémonie au catogan. Mais en matière de rassemblement de foules XXL, ça ressemble furieusement à une première étape.
Lors d'une balade d'un peu plus d'un kilomètre dans centre-ville dont la rue Pierre-Mauroy, tous les engagés de la Grande Boucle ont été acclamés par des milliers de spectateurs, maillots jaune et à pois assortis aux casquettes, premiers cadeaux des sponsors. Avant de défier les mini-pavés (rien à voir avec ceux du Paris-Roubaix) de la Grand'Place et une rampe pour être solennellement présentés au grand public, le beffroi en décor de fond.
Aux premières loges, Vincent, 34 ans, éducateur vêtu d'un maillot de la Once époque Laurent Jalabert. « Moi, gamin, je me prenais pour Jaja et mon grand frère pour le sprinteur Erik Zabel », raconte ce cycliste amateur coiffé d'une casquette « Binouze ». Pour le passage du Tour chez les Ch'tis jusqu'à lundi, ce Lillois a posé des vacances. « C'est comme si on accueillait une Coupe du monde de foot », s'enflamme-t-il.
Son coureur préféré ? Question idiote ! « Le Français Julian Alaphilippe bien sûr, il donne toujours tout », applaudit-il entre deux gorgées de blonde du cru. Son père, Pascal, 63 ans, est aussi « fan d'un coureur ». « Mais il a arrêté depuis longtemps, c'est Bernard Hinault », révèle le retraité qu'on ne peut pas perdre avec sa tunique fluo. À vrai dire, il aime aussi Alaphilippe. Vers 19h20, « le d'Artagnan du peloton », « le chouchou des Français » comme le présentent les animateurs, fait un carton à l'applaudimètre. En matière de décibels, il ne sera égalé que par Pogacar. « Julian ! Julian ! », scandent spontanément ses fans.
Néerlandais en provenance de Maastricht, André, 72 ans, son épouse Josette, 67 ans et leur fiston Jules, 32 ans, ont, eux, un faible pour leur compatriote Mathieu Van der Poel. « Bon,
il y a aussi Tadej
, il n'est pas de chez nous, mais il est très bon aussi », s'amuse monsieur, ancien représentant en rubans décoratifs. Le trio apprécie la chaleur des gens du Nord. « C'est un peu la famille ici, on est juste à 240 km de Maastricht », apprécie-t-il.
Sur scène, l'Érythréen Biniam Girmay (Intermarché-Wanty) fait le bonheur d'un veinard qui récupère son bidon. Christian Poiret, président (divers droite) du conseil départemental du Nord en fait sa tribune. « Le Nord est beau, le Nord est fier, faites la fête ! », s'égosille-t-il. Le néophyte du Tour de France, Bastien Tronchon (Décathlon-AG2R-La Mondiale) savoure ce premier bain de foule. « Ça va être une dinguerie ! »