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« C'est de la folie pure » : l'inquiétante tendance des lions de compagnie en Thaïlande
« C'est de la folie pure » : l'inquiétante tendance des lions de compagnie en Thaïlande

Le Parisien

time29-07-2025

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« C'est de la folie pure » : l'inquiétante tendance des lions de compagnie en Thaïlande

Un phénomène aux nombreuses dérives porté par les réseaux sociaux. La Thaïlande, qui autorise les particuliers à posséder un lion à domicile, s'inquiète de l'augmentation du nombre de félins domestiques . Plus de 500 individus sont désormais recensés dans les zoos, les fermes d'élevage, les cafés animaliers, et les maisons privées. Et ce n'est pas près de s'arrêter. Derrière son garage d'une rue anonyme d'une ville du nord de la Thaïlande, Tharnuwarht Plengkemratch a installé ses animaux de compagnie chéris : deux lionnes blanches, et un hybride lion-tigre de 200 kg appelé « Big George ». Depuis Chiang Mai, il partage sur TikTok, où il compte environ trois millions d'abonnés, le quotidien de ses trois grands félins, qui « aiment bien jouer et sont affectueux, comme les chiens et les chats », décrit-il. « Je veux montrer aux gens que les lions peuvent bien s'entendre avec les humains », assure-t-il, bien que ses interactions, prudentes, dans l'enclos de « Big George » restent limitées à quelques minutes. Les réseaux sociaux, où partager du contenu avec le majestueux félin produit toujours son effet, ont aggravé la tendance, souligne Tom Taylor, un responsable de la Fondation pour les amis de la faune sauvage de Thaïlande (WFFT). « C'est de la folie pure », estime-t-il. « Il est terrifiant d'imaginer, si les lois ne sont pas changées, ce que la situation deviendra dans dix ans. » Depuis 2022, la loi exige des propriétaires qu'ils enregistrent leur lion de compagnie, leur implantent une micropuce et informent les autorités en cas de changement de résidence. Mais le texte ne définit aucun contrôle sur la reproduction, ni sur les hybrides, et les exigences au sujet des conditions de conservation en enclos demeurent minimales. Les naissances d'espèces présentes à l'état sauvage en Thaïlande, comme le tigre, doivent être signalées sous 24 heures. Pour un lion, son propriétaire dispose de 60 jours. « C'est une fenêtre énorme », explique Tom Taylor. « Qu'est-ce qui peut être fait avec une portée de lionceaux pendant ces 60 jours ? Plein de choses. » Cet expert et ses collègues ont constaté le triplement récent du nombre de lions en captivité, d'environ 130 en 2018 à environ 450 en 2024, sur la base de recherches sur les réseaux sociaux et de visites in situ. Mais, faute de preuve de vie pendant un an, 350 autres félins ont disparu de leurs radars, peut-être en raison de décès non-remontés, parce que l'animal n'est plus exposé au public, ou, « pire » encore, à cause du commerce illégal, selon M. Taylor. « Nous avons interrogé des professionnels qui nous ont donné les prix pour des lions en vie ou morts, et nous ont dit qu'ils pouvaient les récupérer à la frontière », explique-t-il. Il existe de nombreuses preuves sur le trafic de lions ou de ses parties, ont indiqué à l'AFP plusieurs experts, qui ont requis l'anonymat, par crainte de se faire remarquer des autorités. En plus de la Thaïlande, le phénomène touche aussi le Laos et le Cambodge. L'éleveuse thaïlandaise Pathamawadee Janpithak, 32 ans, a débuté dans le négoce de crocodile, avant que la chute des prix liés au reptile la pousse vers le lion. Elle vend des lionceaux âgés d'un mois pour environ 500 000 bahts (13 200 euros). Après un pic à 800 000 bahts (21 200 euros), le marché s'est réajusté en fonction de l'offre rendue plus abondante par le développement des sites de reproduction. Les lions en captivité, qui dévorent environ deux kilos de carcasses de poulet par jour, peuvent avoir des portées de deux à six lionceaux, une à deux fois dans l'année. Les trois installations que contrôle Pathamawadee à Chachoengsao (centre) abritent environ 80 individus, allant d'un imposant lion de neuf ans à une paire de lions malades de 8 jours nourris au biberon 24 heures sur 24. Ils ont un pelage blanc en raison d'une mutation génétique. Les lions blancs, qui sont parfois considérés, à tort, comme une sous-espèce « en danger », sont populaires en Thaïlande. Mais leur faible nombre augmente les chances de consanguinité et de maladies. Pathamawadee soupire sur le cas d'un lionceau blanc âgé d'un mois, malade depuis sa naissance, qui n'a attiré aucun acheteur, et dont le patrimoine génétique est trop pauvre pour la reproduction. Il est aussi de plus en plus difficile de trouver des acheteurs disposés à respecter la loi, déplore-t-elle. « Avant, les gens pouvaient payer et repartir avec un lion. Aujourd'hui, tout est devenu plus compliqué », décrit-elle. Elle dit vendre environ la moitié des 90 bébés nés chaque année dans sa ferme, souvent à d'autres éleveurs, de plus en plus enclins à ouvrir des « cafés à lions » où les clients peuvent prendre la pose et câliner le félin. Près de Chiang Mai, un dresseur a réveillé un lionceau de sa sieste pour qu'il puisse jouer avec un groupe de touristes chinois enthousiastes. Le café a autorisé l'AFP à filmer l'interaction mais, comme tous les autres commerces similaires contactés, a décliné une demande d'entretien.

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