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Une cuvée internationale au bassin olympique
Les Championnats panaméricains de bateaux-dragons regroupent des équipes des quatre coins de l'Amérique au bassin olympique du parc Jean-Drapeau jusqu'à ce dimanche.
De tout jeunes sportifs comme de plus âgés, des vétérans, des personnes en situation de handicap et des athlètes ayant parcouru des milliers de kilomètres : de nombreuses équipes venues des quatre coins de l'Amérique ont gagné le bassin olympique du parc Jean-Drapeau, vendredi, afin de s'affronter lors de la première journée des Championnats panaméricains de bateaux-dragons. La Presse est allée à la rencontre de quelques-uns de ces athlètes.
De nombreuses tentes décorées aux couleurs des équipes s'étirent le long du bassin, alors que les athlètes se préparent à la première épreuve de la fin de semaine, le 200 mètres.
Il est 9 h 20 et l'équipe 3R Paracuda, originaire de Trois-Rivières, s'apprête à s'élancer dans la finale de sa division.
Yves Bourque, athlète paralympique de ski de fond et passionné des sports d'embarcation, s'extirpe seul de son fauteuil roulant afin de se positionner sur le banc d'appoint qu'il a confectionné lui-même dans son atelier.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Yves Bourque
En plus d'être un athlète aguerri, Yves Bourque consacre une bonne partie de son temps à fabriquer des modulaires d'appoint pour les personnes en situation de handicap afin de leur permettre de pratiquer leur sport de prédilection.
« C'est la passion qui m'a toujours guidé. Si je pouvais faire juste ça de mon temps, je le ferais ! », affirme l'athlète originaire de Bécancour.
Le bateau-dragon est un sport qui se pratique en équipe de 10 ou de 20 rameurs. On ajoute à cela un batteur, qui s'occupe de garder le rythme à l'aide d'un tambour, et un barreur, qui dirige l'embarcation à l'arrière.
Dans son équipe, il y a des personnes malentendantes, des personnes ayant une déficience visuelle ou encore des personnes avec des handicaps physiques. L'objectif est clair : donner la possibilité à chacun de s'adonner au sport.
« On m'avait dit que je ne ramerais plus jamais », lance Kathleen Pinard, qui pratiquait le bateau-dragon avant d'être partiellement paralysée du côté droit. À la suite d'une hémorragie cérébrale liée à une malformation artérioveineuse, la mère de quatre enfants a passé huit jours dans le coma alors que la pandémie faisait rage.
« C'est ce sport qui m'a motivée pendant ma rééducation. Ça brise l'isolement, ça me fait sortir de chez moi et socialiser avec les autres », ajoute Mme Pinard.
PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE
Kathleen Pinard, Yves Bourque et Philippe Marchand
Bien que l'équipe ait rencontré quelques difficultés techniques lors de la course de 200 mètres vendredi, elle est enthousiaste et confiante pour les courses à venir.
Que l'on soit jeune, âgé, en situation de handicap ou non, d'ici ou d'ailleurs, la majorité des équipes présentes au championnat panaméricain à Montréal partagent la même passion, mais aussi le même souhait : celui que leur sport soit reconnu par les Jeux olympiques et ainsi permettre à leurs athlètes des perspectives professionnelles plus concrètes.
Un sport populaire, mais méconnu
« C'est un sport qui est accessible et qui est tellement rassembleur, on n'arrête pas d'entendre des histoires de gens qui y trouvent une réelle communauté », avance Lyne Larivière, responsable de l'accompagnement des équipes pour le comité organisateur du championnat panaméricain.
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Les deux plus grandes organisations de bateaux-dragons de Montréal, H2O Playground et 22Dragons, regroupent environ 1000 membres répartis dans 40 équipes.
Bien qu'il soit possible de faire de ce sport un métier dans certains pays en Asie, la situation n'est pas la même en Amérique du Nord. « Nos athlètes sont aussi disciplinés et motivés que d'autres, mais ils doivent prendre des vacances, bien souvent à leurs propres frais, pour venir dans des compétitions », ajoute-t-elle.
La mission dragon, qui regroupe les deux plus grandes organisations de bateaux-dragons de Montréal, H2O Playground et 22Dragons, a déjà organisé plusieurs compétitions internationales. Cette année, ce sont les équipes nord-américaines qui sont à l'honneur pour le championnat.
Les deux clubs de Montréal regroupent environ 1000 membres répartis dans 40 équipes et les divisions s'étirent du U16 aux Seniors de 70 ans et plus.
Hisser son drapeau, toujours plus haut
Les plus déterminés ont fait un long voyage de 24 heures pour se rendre à la compétition. C'est le cas de l'équipe Oceanus Dragon Boat Club, originaire de Tobago, une petite île des Caraïbes.
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L'équipe Oceanus Dragon Boat Club, originaire de Tobago
« C'est populaire chez nous, mais on veut continuer de participer à des compétitions comme celle-ci afin qu'on puisse faire rayonner le talent de notre pays à l'international », dit le rameur Damien Leach. Tout sourire, il ajoute : « Nous ferons tout pour hisser notre drapeau toujours plus haut ! »
Accompagné de deux rameuses, Dianne Dennis et Michelle Daniel, le petit groupe raconte à La Presse comment le club a vu le jour il y a 14 ans.
« Mon frère a vu des bateaux-dragons s'entraîner dans la mer pas très loin de notre maison, et il s'est mis dans la tête qu'il pouvait lui aussi fonder une équipe et remporter les plus grands prix », raconte en riant la rameuse Michelle Daniel, âgée de 50 ans.
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Le bateau-dragon est un sport qui se pratique en équipe de 10 ou de 20 rameurs.
Le club Oceanus a depuis mis sur pied plusieurs initiatives afin de faciliter l'accès au sport dans les écoles de leur pays.
Contrairement aux équipes montréalaises, les clubs de Trinité-et-Tobago s'entraînent dans la mer. Ils ont donc dû faire certains ajustements lors de leur arrivée dans les eaux calmes du bassin olympique.
Pour Damien Leach et pour plusieurs comme lui, « c'est le frisson de la camaraderie, même dans les conditions les plus défavorables » qui fait de ce sport un environnement si spécial.