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Présence d'algues en hausse
Présence d'algues en hausse

La Presse

time4 days ago

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Présence d'algues en hausse

Plusieurs lacs au Québec sont aux prises avec des algues bleu-vert, comme au lac Saint-François, en Montérégie. (Québec) Avez-vous remarqué de plus en plus d'algues dans le lac où vous aimez aller pêcher, faire de la planche à pagaie ou devant lequel se trouve votre chalet ? Vous n'êtes pas les seuls et le phénomène risque de prendre de l'ampleur avec les changements climatiques. Une nouvelle étude menée par des chercheurs québécois a analysé 80 lacs au Canada. Leur constat est sans appel : la presque totalité d'entre eux ont vu les algues augmenter et de manière beaucoup plus rapide dans les 50 dernières années. Ces résultats sont inquiétants, car la présence de cyanobactéries ou d'algues bleu-vert dans nos plans d'eau peut affecter la baignade, la présence de poissons ou même rendre l'eau impropre à la consommation. Les chercheurs ont même fait une découverte surprenante. « On constate que les algues augmentent aussi dans des lacs loin de toute activité humaine. Les algues augmentent dans toutes les régions du Canada », note Hamid Ghanbari, auteur principal de l'étude et chercheur postdoctoral à l'Université Laval. PHOTO FOURNIE PAR L'UNIVERSITÉ LAVAL Le chercheur Hamid Ghanbari a utilisé une technologie novatrice pour analyser 80 carottes de sédiments venant d'autant de lacs canadiens. Cette découverte a déconcerté les auteurs. « Généralement, quand on voit une augmentation des algues dans les lacs, ça vient d'un excès de nutriment, de phosphore, etc. » note Yannick Huot, professeur à l'université de Sherbrooke en géomatique appliquée et coauteur de l'étude. Comment expliquer alors que les résultats d'analyse montrent une augmentation des algues même dans des lacs éloignés peu affectés par l'humain ? « C'est un peu l'indice qui nous a amené vers les changements climatiques, car ça nous prenait un effet qui se trouvait partout au Canada même dans les lacs où la quantité de nutriments n'a pas augmenté à cause des humains. C'est là qu'on a regardé les changements climatiques d'un peu plus près », explique le professeur Huot. Les chercheurs ont notamment trouvé que : L'augmentation moyenne de la chlorophylle – un indicateur de la présence d'algues – a été sept fois plus rapide entre 1966 à aujourd'hui que de 1850 à 1966 dans les lacs canadiens ; Entre 1850 et 1966 la présence d'algues a augmenté de manière significative dans 58 % des lacs étudiés, contre 84 % des lacs après 1966 ; Entre 1850 et 1966, seuls 28 % des sites étudiés ont vu la température ambiante augmenter, mais après 1966, les 80 sites étudiés, sauf un, ont vu leur température moyenne augmenter. Les chercheurs concluent donc à une « très forte association » entre la température de l'air ambiant et la présence d'algues dans les lacs. Comment l'expliquer ? Probablement la glace. « On n'a pas la réponse finale. Mais ce qu'on pense, c'est que parce qu'il a fait plus chaud, la période sans glace s'est allongée et c'est ça qui a permis d'avoir une plus longue période pour pousser, avoir des nutriments qui entrent dans les lacs, explique Yannick Huot. Ça reste une hypothèse, mais ça semble la plus logique. » « Il ne faut pas se décourager » Les changements climatiques viennent donc s'ajouter à la longue liste des facteurs qui nuisent aux lacs québécois et participent à leur vieillissement accéléré (eutrophisation). Est-ce décourageant pour les experts sur le terrain ? « Ce n'est pas décourageant. Mais c'est inquiétant. Je pense qu'on doit s'adapter, on n'a pas le choix. On doit travailler à la source pour mieux protéger nos bassins versants, donc nos lacs », lance au bout du fil Mélissa Laniel, coordonnatrice de l'équipe de limnologie à RAPPEL, une coopérative de solidarité de protection de l'eau. « Il ne faut pas se décourager, dit-elle. Des choses peuvent être mises en œuvre pour protéger nos lacs dans un contexte de changements climatiques. » Les experts observent d'autres effets du climat sur les lacs. Les pluies plus importantes et abondantes peuvent créer davantage d'érosion et de ruissellement. La hausse des températures à la fonte des glaces peut aussi nuire au brassage des lacs et donc limiter l'apport d'oxygène, ce qui nuit aux poissons. PHOTO FOURNIE PAR LE RAPPEL Un intervenant du RAPPEL installe un matelas anti-érosion pour empêcher des sédiments d'atteindre un lac. En même temps, les lacs du Québec sont de plus en colonisés par des espèces aquatiques exotiques envahissantes. Sur le terrain, Mélissa Laniel note que les citoyens et les élus municipaux sont de plus en plus au fait des bonnes pratiques. « Ce n'est pas une bonne nouvelle. En même temps ça ne veut pas dire qu'il faut arrêter les autres efforts. C'est un stress de plus qu'on impose à nos lacs », estime Yannick Huot. « Il faut réduire les autres stresseurs pour que nos lacs composent mieux avec les changements climatiques. » Lisez l'étude (en anglais) publiée dans Communications Earth & Environment

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