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À la caisse, avec mon char !
Des années 1950 aux années 1970, le Mouvement Desjardins a joué un rôle important dans l'avènement de l'architecture moderne au Québec. Il reste encore des traces de cette folie visionnaire. Mais ce patrimoine demeure fragile. Un dossier de Jean-Christophe Laurence
À la caisse, avec mon char !
À la caisse, avec mon char !
Avant les guichets automatiques, il y a eu les guichets… automobiles. C'était une autre époque. Un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître.
À partir des années 1960, plusieurs succursales Desjardins se sont en effet munies d'un service à l'auto. Ce système révolutionnaire, inspiré des banques américaines, fonctionnait comme chez McDo. Sauf qu'au lieu de commander un hamburger, on déposait un chèque…
Selon David Camirand, historien chez Desjardins, les premières succursales à offrir ce service auraient été les caisses de Hull et de Louiseville, à la fin des années 1960. Au cours de la décennie suivante, elles vont se multiplier dans la province : Belœil, Repentigny, Saint-Romuald, Trois-Rivières, Saint-Hyacinthe, Montréal, dans les villes et dans les banlieues…
C'était l'époque où les déplacements en voiture explosaient. Les caisses y voyaient une autre façon de rejoindre leurs membres.
David Camirand, historien chez Desjardins
C'était aussi une façon de réduire l'achalandage à l'intérieur des succursales, ajoute-t-il : « Les files jusqu'à dehors, c'était fréquent à l'époque, ça pouvait être chaotique certaines journées, donc on y voit une façon de diminuer cet achalandage-là. »
PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS
Les succursales de Desjardins offrant le service à l'auto se sont multipliées dans la province dans les années 1970.
Pour les caisses, ce nouveau dispositif permet aussi d'élargir les heures de service, sans que tout l'établissement soit ouvert. « On pouvait faire rentrer une seule personne pour gérer le service à l'auto sans avoir à débarrer les portes de la caisse, lance M. Camirand. Par exemple, si la caisse ouvrait à 10 h, on pouvait voir le service à l'auto ouvrir à 8 h. Même chose en fin de journée. »
Le système du service à l'auto va évoluer avec les années. Dans leur première version, les guichets seront tenus par de vraies personnes.
PHOTO FOURNIE PAR DESJARDINS
C'est par l'entremise d'un écran et d'un micro que les clients du service à l'auto communiquaient avec les employés de la caisse.
Plus tard, on remplace l'être humain par une petite télé. Les transactions se font par micro et par écran interposés : le client dans sa voiture, le caissier ou la caissière dans la succursale. « Si on avait de l'argent ou des papiers à envoyer, on mettait ça dans des espèces de tubes pneumatiques. L'employé recevait le tube dans la caisse plus loin et pouvait faire la transaction », souligne M. Camirand. Ce système sera éventuellement remplacé par les premiers guichets automatiques.
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Les transactions s'effectuaient à l'aide d'un système de tubes, ancêtre des guichets automatiques.
Le service à l'auto disparaît progressivement dans les années 1980 et 1990, avec la réorganisation du réseau.
Les avancées technologiques et l'automatisation des transactions font que les visites en succursale sont moins fréquentes, voire non nécessaires. C'est l'avènement du dépôt automatique et des transactions par internet. Les caisses se spécialisent moins dans la transaction et plus dans le service conseil.
Quelques succursales proposeraient encore des guichets automatiques accessibles en voiture, mais alors que le mouvement Desjardins souligne son 125e anniversaire, l'âge d'or du service à l'auto est définitivement révolu.