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Angleterre : la découverte de chaussures jusqu'à la taille 49 sur un ancien site romain stupéfie les archéologues
Ces chaussures en cuir, dont il ne reste bien souvent que la semelle, seraient vieilles de près de 2000 ans. Les origines de leurs gigantesques propriétaires font encore débat.
Une découverte gargantuesque. Dans la région du Northumberland dans le nord de l'Angleterre, une équipe d'archéologues a mis au jour huit chaussures d'une taille peu commune, encore plus à l'époque. Dépassant l'actuelle taille 47 et allant jusqu'au 49, ces chaussures en cuir dont il ne reste bien souvent que la semelle seraient vieilles de près de 2000 ans. Elles ont été découvertes dans une fosse mitoyenne au fort romain de Magna, près du célèbre mur d'Hadrien. Selon les chercheurs, cette fosse était à la fois utilisée dans un contexte militaire pour se défendre d'invasion et servait également de décharge, où soldats et habitants jetaient leurs déchets, ce qui explique que les chaussures s'y soient retrouvées.
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Des fouilles sont menées depuis quelques années près du mur d'Hadrien (construit après le Fort Magna) entre l'Angleterre et l'Écosse, dans le cadre d'un projet mené par le Trust Vindolanda, financé par la loterie nationale. Au total, 32 chaussures ont été déterrées au Fort Magna, dont huit (soit 25%) ont été classées comme «très grandes». Elles mesurent au moins 30 cm, l'équivalent d'une pointure 47 en France.
Image aérienne montrant un site de fouilles au Fort Magna, près de Greenhead, dans le nord-est de l'Angleterre, où 32 chaussures ont été découvertes à ce jour.
AFP PHOTO / The Vindolanda Trust / Handout
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«La première chaussure exceptionnellement grande a été signalée dans le journal de fouilles de l'équipe de Magna le 21 mai», détaille l'équipe du projet dans un communiqué daté du 2 juillet. Cette chaussure mesure 32,6 cm, soit une pointure française 49, et détient l'actuel record de taille de la collection du Trust. «Sa semelle en cuir a suscité beaucoup d'intérêt, sa longueur la classant parmi les plus grandes de la collection du Trust», poursuit le communiqué. «À mesure que la nouvelle de cette chaussure géante se répandait, l'équipe a continué à découvrir d'autres chaussures anciennes, dont plusieurs d'une taille exceptionnelle».
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Dans le cadre d'autres fouilles sur l'autre site romain de Vindolanda à Hexham (à 11 km de Fort Magna), plus de 5000 chaussures avaient déjà été retrouvées. Cette collection est forte de minuscules chaussons pour bébés, de sandales d'été «raffinées» et des bottes de marche, explique l'équipe. La pointure moyenne de leurs propriétaires oscille entre 24 à 26 cm, et seules quatre ou cinq (0,4%) des chaussures découvertes à Vindolanda sont de très grande taille (supérieure à un 47).
«Toutes les populations n'étaient pas identiques»
Si tant de chaussures ont pu être conservées dans cette zone, c'est grâce aux conditions particulières du sol, qui a «une très faible teneur en oxygène». Ainsi, des objets organiques en bois, cuir, textile ont pu survivre aussi longtemps.
Les chaussures retrouvées dépassent les 30 cm.
- / AFPAFP PHOTO / The Vindolanda Trust / Handout
Pour le Dr Andrew Birley, PDG du Trust et directeur des fouilles cité par le communiqué, cette découverte «nous rappelle que toutes les populations n'étaient pas identiques, que les grandes variations entre les régiments et les personnes ayant servi le long du mur d'Hadrien pouvaient être d'ordre culturel et physique.»
Le fort de Magna abritait une population militaire diversifiée composée d'archers syriens, de Dalmates, de Bataves et de légionnaires des deuxième et vingtième légions Augusta et Valeria Victrix, rappelle le média dédié à l'archéologie Archeology News . Il suggère que «la diversité des pointures de chaussures pourrait indiquer des différences physiques entre ces régiments, ou peut-être des différences d'approvisionnement ou de pratiques culturelles».
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«Quand les gens pensent aux Romains, ils pensent aux Italiens. Ils oublient parfois l'étendue de l'Empire et donc, être capable de restituer cette diversité sur ce site, d'évoquer les origines diverses des personnes ayant vécu ici, des cultures différentes qui s'y sont rencontrées, c'est important à la fois pour l'histoire mais aussi pour nous aujourd'hui», détaille Rachel Frame, archéologue principale du projet auprès de l'AFP. Les experts espèrent avoir de premières réponses dès la fin de l'année, lorsqu'une datation plus précise des chaussures aura pu être réalisée. En tout cas une chose est sûre : les pistes sont nombreuses.