16-07-2025
Un virus bovin aux portes de Genève inquiète les éleveurs
L'État de Genève met en place des mesures préventives contre l'introduction de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) qui menace la filière bovine des rives du lac Léman. Publié aujourd'hui à 18h57
La dermatose nodulaire menace d'arriver à Genève.
(24 HEURES /Jean-Paul Guinnard)
En bref:
Inquiétude du côté des éleveurs du Grand Genève: le 29 juin dernier, le premier cas de dermatose nodulaire contagieuse (DNC) a été confirmé dans un élevage bovin de la commune d'Entrelacs, à moins de 50 km de la frontière genevoise. Alors que le nombre de foyers diagnostiqués augmente en Auvergne-Rhône-Alpes, la France a placé le canton de Genève en zone de surveillance, à une exception près, la commune de Céligny, qui se situe en dehors du périmètre d'observation. Les autorités genevoises ont réagi et ont instauré des mesures de prévention , avec des contrôles sanitaires, des restrictions de mouvement et une obligation de vaccination pour tous les bovidés du canton. Un virus potentiellement mortel
Transmis par des insectes (mouches, moustiques, taons), ce virus entraîne des problèmes de reproduction, de production laitière, voire la mort, dans près de 10% des cas, chez les bovins, les buffles et les bisons. Ce qui entraîne également des pertes économiques importantes. Bien qu'inoffensive pour l'humain, la dermatose nodulaire est très contagieuse. Selon le journal « La France Agricole », on dénombre déjà quatorze cas connus en France.
Concernant la Haute-Savoie, le communiqué de presse de la préfecture fait état de six foyers et précise: «La stratégie d'éradication du virus est la seule qui permette d'éviter une contagion large qui menacerait toute la filière bovine. Elle passe par un abattage rapide et total des troupeaux et une stricte interdiction des déplacements des bovins.» En cas de contamination dans un élevage, tous les bovidés doivent donc être abattus. Prévention à Genève
Bien qu'aucun cas n'ait encore été détecté à Genève, l'heure est à la prévention. Dans un communiqué, le Département genevois de la santé et des mobilités appelle les éleveurs «à faire preuve de la plus grande vigilance», en surveillant les signes cliniques annonciateurs tels que de la fièvre, des nodules sur la peau ou encore une observation de la baisse de la production.
«En cas de découverte d'un cas de DNC dans une exploitation, s'agissant d'une épizootie hautement contagieuse selon l'OFE (ndlr: ordonnance sur les épizooties) , le dépeuplement de tous les bovins du foyer est ordonné ainsi que le nettoyage, la désinfection et la désinsectisation du site et du matériel», explique le service du vétérinaire cantonal, à l'Office cantonal de la santé.
Les nodules issus de la contamination au DNC.
DR
Le Service de consommation et des affaires vétérinaires (SCAV) a mis en place des mesures sanitaires depuis le 2 juillet. On retrouve notamment une limitation de la circulation des animaux bovins cantonnés à la zone de confinement, ainsi qu'une surveillance vétérinaire et des mesures de biosécurité des exploitations renforcées.
«Si une vache est atteinte, elle ne mange plus, mais cela pourrait venir de n'importe quelle maladie, comme la grippe, il faut donc directement appeler le vétérinaire, explique Anne Carrel, une éleveuse et productrice genevoise basée à Chancy. Ce qui est spécifique à ce virus, ce sont les petits nodules sur la peau, mais arrivée à ce stade, la maladie est déjà bien déclarée. La campagne de vaccination cantonale commencera dès la fin du mois de juillet, mais les contrôles sanitaires ont, eux, commencé très rapidement.» Quid des éleveurs transfrontaliers?
«On patauge un petit peu», confie Mathieu Meylan , un éleveur et producteur laitier basé à Meinier, mais dont le troupeau estive en Haute-Savoie. «Pour les Suisses qui se trouvent aussi en France, on ne sait pas trop qui va s'occuper de nous. Tout ce qu'on sait, c'est que nos animaux sont bloqués au Salève et qu'on ne peut pas les déplacer.» Alors qu'une campagne de vaccination est aussi prévue dans les prochaines semaines en France voisine, cet éleveur espère ne pas être oublié.
«Économiquement, ce n'est pas possible d'éliminer l'entièreté du troupeau, déplore encore Mathieu Meylan. Même sans contamination, confiner les bovins est déjà un risque économique.» En effet, les éleveurs qui ont l'habitude d'abattre leurs bêtes en dehors du canton de Genève se trouvent dans l'impossibilité de le faire en raison des mesures déjà établies.
La levée des mesures dans la zone de sécurité sur le territoire genevois est prévue au plus tôt pour le 29 juillet, selon évolution de la situation.
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