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La bravoure des sauveteurs a permis d'éviter un drame en Valais

Une opération périlleuse a secouru quatre alpinistes en difficulté au Lagginhorn. La Rega enregistre une hausse de 17% des sauvetages en montagne cette année. Publié aujourd'hui à 13h59 Au-dessus de Saas-Grund, le Lagginhorn a été le théâtre d'un accident mortel la semaine dernière et de plusieurs sauvetages ces derniers jours. AIR ZERMATT En bref: L'appel d'urgence est venu du Lagginhorn , en Valais. Un groupe de quatre alpinistes s'est retrouvé bloqué sur son arête sud samedi dernier. La cordée a été surprise par le mauvais temps durant la longue ascension. Bloquée par le vent, la neige et les températures négatives, elle n'a pu ni avancer ni reculer. Puis, la nuit est tombée. Les quatre alpinistes sont partis samedi à 5 heures du matin de la cabane Hohsaas pour atteindre le sommet, malgré les mauvaises prévisions météorologiques. Un guide de montagne les avait déjà prévenus en chemin. Brouillard, neige fraîche et vent violent: la randonnée pourtant aisée s'est transformée en défi, même pour les alpinistes expérimentés. L'excursion vers le Lagginjoch, puis jusqu'au sommet par l'arête sud, constitue une course de haute montagne facile mais longue. Par beau temps et dans de bonnes conditions, l'escalade de l'arête prend entre quatre et cinq heures. Mais le groupe a mis plus de temps et a décidé de poursuivre l'ascension. Quand les alpinistes ont finalement donné l'alerte, ils étaient déjà partis depuis plus de treize heures. L'organisation cantonale valaisanne des secours a reçu l'appel d'urgence à 18 heures. En raison du mauvais temps, Richard Lehner, sauveteur, a conseillé aux alpinistes de ne pas rebrousser chemin, mais de franchir le sommet et de redescendre par la voie normale, plus facile – une décision de vie ou de mort. Il ne subsistait une chance de survivre qu'en passant de l'autre côté. Deux sauveteurs ont dû passer la nuit au Lagginhorn L'intervention risquée au Lagginhorn aurait ainsi pu être évitée. Un pilote d'hélicoptère d'Air Zermatt est parvenu à déposer deux sauveteurs à environ 3200 mètres d'altitude, malgré des conditions très défavorables. Quatre autres ont été acheminés lors de vols ultérieurs, avec du matériel supplémentaire. Par un froid glacial, ils ont gravi à pied les pentes vers le sommet pour rejoindre le groupe en détresse. Peu avant l'arrivée, ils ont envisagé d'interrompre le sauvetage . Les risques étaient considérables. Deux des alpinistes avaient atteint le sommet, deux autres se trouvaient juste en dessous. Les sauveteurs, sous la direction de Richard Lehner, ont décidé de poursuivre leur route. Vers minuit, ils ont rejoint la cordée. Les alpinistes étaient affaiblis, mais pouvaient encore marcher. «S'ils avaient dû passer la nuit dehors, leur vie aurait été en danger», raconte l'expert. Il a fallu attendre 6 heures du matin et les premières lueurs du jour pour que les derniers sauveteurs et rescapés puissent être évacués par hélicoptère. Deux alpinistes ont été transportés à l'hôpital de Viège. Pour Richard Lehner, ce fut l'une des missions les plus exigeantes de ces derniers temps. «Nous observons ce phénomène de plus en plus fréquemment. Les gens sous-estiment la montagne, partent malgré des prévisions défavorables et poursuivent leur route le soir alors qu'ils auraient dû rebrousser chemin depuis longtemps.» Le groupe aurait pu reporter la randonnée à un week-end où la météo serait plus clémente. «Mais ils ont minimisé le trajet et la difficulté de la randonnée tout en surestimant leurs propres capacités.» Une semaine plus tôt, une cordée avait déjà été en difficulté au même endroit. Une personne était si épuisée que l'équipe de sauvetage a dû la redescendre dans la vallée sur une civière. La règle d'or est simple: «Qui n'est pas au sommet à 10 heures devrait faire demi-tour.» La Rega doit se démultiplier Le nombre d'accidents de montagne en Suisse est remarquablement élevé cette année. Au 24 juillet, la Rega avait déjà secouru 440 personnes victimes d'accidents de randonnée ou de haute montagne – un record depuis cinq ans. C'est ce que révèlent les chiffres que nous avons pu obtenir en exclusivité. Le précédent record datait de 2022, avec 408 patients. Avec une moyenne stable de 375 sauvetages sur plusieurs années, le chiffre de 2025 est déjà environ 17% plus élevé. L'augmentation est particulièrement marquée pour les randonnées en haute montagne . Soixante-quatre personnes ont été secourues à ce jour après des accidents, soit plus du double par rapport à la même période l'an dernier (27). La Rega explique cette hausse par deux facteurs principaux: les conditions météorologiques et les comportements des randonneurs. Le nombre d'accidents augmente les années où les conditions météorologiques sont stables et favorables, comme en 2022 et 2023. Les sauveteurs d'Air Zermatt, qui interviennent en Valais, ont également effectué cette année plus de sauvetages que les années précédentes. D'après Richard Lehner, «les gens sous-estiment la montagne, partent malgré des prévisions défavorables et poursuivent leur route le soir alors qu'ils auraient dû rebrousser chemin depuis longtemps.» DR Les accidents lors de randonnées et d'ascensions se multiplient ces derniers temps. Une tendance claire se dessine aussi sur le long terme. Selon le Bureau de prévention des accidents (BPA), en Suisse, 40'000 accidents non professionnels se soldent par des blessures chaque année, dont environ 7000 modérées ou graves. En moyenne, 47 Suisses perdent la vie chaque année lors de randonnées ou de marches en montagne. Par ailleurs, une dizaine de touristes étrangers décèdent chaque année. En Suisse, tout le monde n'est pas conscient du danger Cette hausse est disproportionnée par rapport à la croissance démographique et au développement général des activités sportives, explique Susanne Baumann, conseillère sport et activité physique au BPA. Les raisons exactes ne sont pas connues, mais on peut supposer que de plus en plus de personnes s'aventurent en montagne sans connaître suffisamment les dangers ou prennent des risques inconsidérés. Rolf Sägesser, responsable de la formation été au Club alpin suisse et guide de montagne, a une explication: «Cet été en particulier, la situation est propice aux accidents. Un hiver pauvre en neige et un mois de juin chaud ont fait fondre la neige rapidement. Cela a attiré de nombreuses personnes en montagne.» S'y ajoute l'influence des réseaux sociaux. «Une belle photo du sommet sur Instagram, et voilà que tout le monde veut faire la même randonnée . Mais un cliché ne remplace pas une bonne préparation», explique le spécialiste. Certains cours privilégient une autoévaluation réaliste, notamment sur cette question cruciale: «Suis-je assez responsable pour renoncer à une course ou faire demi-tour?» Les personnes qui s'engagent en montagne doivent non seulement être en excellente condition physique, «mais aussi avoir de l'expérience, un équipement adéquat et les compétences nécessaires». Le BPA conseille également de planifier soigneusement les randonnées. Il ne faut pas sous-estimer les itinéraires longs ou techniquement exigeants, notamment les chemins de randonnée de montagne balisés blanc-rouge-blanc. En cas de temps incertain ou de fatigue, savoir faire demi-tour à temps demeure souvent la décision la plus importante pour éviter les accidents. Traduit de l'allemand par Emmanuelle Stevan Plus sur la montagne Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Cyrill Pinto est journaliste chez Tamedia à Zurich. Originaire du Valais, il est spécialisé dans le crime organisé et les questions environnementales. Plus d'infos @cyrill_pinto Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.