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« Je n'ai pas fait une croix sur mon métier »
« Je n'ai pas fait une croix sur mon métier »

La Presse

time7 days ago

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« Je n'ai pas fait une croix sur mon métier »

Depuis que Télé-Québec a débranché son talk-show 125, Marie-Anne, il y a 10 ans maintenant, Christiane Charette a complètement disparu du petit écran. Même si le public la réclame encore, l'intervieweuse émérite est on ne peut plus claire : jamais on ne la reverra à la télé, il faut s'y faire. C'est qu'avec les années, la dame en noir a développé ce qu'elle appelle une « caméraphobie ». Juste l'idée de se voir à l'écran l'angoisse. Elle refuse aussi d'ailleurs de se faire photographier. Heureusement, dès lors qu'elle se retrouve derrière un micro de radio en direct, ses complexes lui deviennent soudainement moins lourds à porter. On peut d'ailleurs l'entendre à l'occasion les vendredis après-midi cet été à l'émission littéraire de Karyne Lefebvre, Dis-moi ce que tu lis, sur ICI Première. Elle y collabore avec son ancien recherchiste Paul-Maxime Corbin. Une expérience qu'elle adore. Si d'autres occasions à la radio comme celle-là venaient à se présenter à elle dans les prochains mois, Christiane Charette se verrait bien mal dire non. « Je n'ai pas fait une croix sur mon métier. L'idée d'être à la retraite est impossible. La retraite, c'est un tue-monde. Bien sûr qu'il y a des choses que je sais que je ne ferai plus. Je n'animerai plus, par exemple, une quotidienne le matin. Mais si on me propose des projets à la radio qui me tentent, c'est certain que je suis ouverte. C'est important, par contre, que je sente que je suis la bonne personne et que l'équipe a envie de travailler avec moi », précise avec l'intensité qu'on lui connaît celle qui aura 75 ans l'an prochain. Entre l'ombre et la lumière L'ancienne star de la télé n'a rien perdu de sa vivacité d'esprit. Quand elle parle, les idées se bousculent comme avant. Plusieurs fois au cours de cette entrevue, celle qui s'est toujours démarquée des autres animateurs par son style brouillon s'excusera de passer autant « du coq à l'âne ». Or, c'est plus fort qu'elle. Cette verbomotrice dit tout ce qui lui passe par la tête lorsqu'un sujet la passionne. Un entrain qui cohabite aussi avec un immense désarroi face à l'état actuel du monde. « L'époque que l'on vit en ce moment me terrorise. Tout ce qui se passe avec Trump, avec l'intelligence artificielle, qui va finir par nous remplacer, ça me fait très peur. Les gens vont peut-être penser que je suis une crisse de folle, mais qu'est-ce que tu veux, c'est ce que je pense. Je suis très pessimiste. Quand je suis seule chez moi, ça m'arrive d'être envahie par des pensées dystopiques. Je me demande si je veux vivre assez longtemps pour voir ça. J'essaie de ne pas trop aller là, de ranger ça dans une partie de mon cerveau », confie Christiane Charette. Derrière ses grands verres fumés, qu'elle n'enlève jamais même à l'intérieur, on décèle alors une tristesse dans son regard. Sans doute qu'il y a une part de lucidité chez Christiane Charette. De folie aussi ? Probablement. Mais une belle folie, qui n'est pas un repoussoir. Au contraire, on est immédiatement pris d'attachement pour cette femme magnétique, que l'on a envie de suivre dans n'importe quelle de ses élucubrations. Ce ne fut pas le cas, cependant, de tous ses patrons, « les loups », comme on les appelle. Certains ont été refroidis par ses insécurités légendaires, qui ont pu parfois être comprises comme des exigences, voire des caprices. « Oui, je me suis toujours battue pour animer en direct. Le différé, même si ça coûte moins cher, je ne voulais rien savoir. Et oui, je me suis toujours habillée en noir, même si les gens disaient que j'avais besoin d'une styliste. Je sais que je peux avoir l'air compliquée. J'en ai payé le prix aussi. Je n'ai pas toujours travaillé, et je ne m'en plains pas. Car je n'aurais pas pu faire autrement. Si je ne suis pas totalement moi-même, ça ne marche juste pas », se défend-elle. Faire le deuil de la télé Quand elle ne se sentait plus complètement à l'aise dans un projet, Christiane Charette n'a jamais hésité à partir, même quand rien ne s'offrait à elle. En 2011, c'est elle qui a décidé de mettre fin à la quotidienne qu'elle animait à la radio, même si le succès était au rendez-vous. Sept ans plus tôt, alors que s'amorçait Tout le monde en parle, Radio-Canada avait fait le choix d'arrêter son émission de télé Christiane Charette en direct pour ne pas avoir deux talk-shows le dimanche. Le diffuseur public lui avait proposé d'avoir une émission en matinée en semaine. Elle avait décliné l'offre, parce qu'elle ne le sentait pas. Christiane Charette sera restée de longs mois chez elle à se tourner les pouces à l'époque. C'est durant cette période qu'elle s'est mise à photographier avec un polaroïd tout ce qu'elle voyait à la télé. Une démarche artistique qu'elle poursuit aujourd'hui, mais avec son iPhone. Elle en publie les résultats sur sa page Instagram, où on peut admirer ses portraits aussi pixélisés que psychédéliques de Marc Labrèche, Anderson Cooper ou encore Léa Salamé. Consultez le site Instagram de Christiane Charette Je pense que ce projet-là, c'est la manière que j'ai trouvée pour m'accrocher à la télé. Au fond, c'est un hommage à ceux qui sont encore capables d'en faire. Je les admire tellement, parce que moi, je n'y arrive plus à cause de cette phobie qui me paralyse complètement. Christiane Charette, ancienne animatrice « Mais je m'ennuie de ce média, qui m'a tellement donné. Je suis la première à dire qu'il manque de femmes de mon âge à la télé. J'aimerais faire partie des rares que l'on voit. Mais je n'y arrive pas », s'excuse Christiane Charette. Femme libre Faire de la télévision, Christiane Charette en rêvait pourtant depuis qu'elle était toute jeune. La pomme n'est pas tombée bien loin de l'arbre. Son père, Raymond Charette, fut l'un des présentateurs vedettes de Radio-Canada. Entre 1963 et 1966, il a notamment animé la première mouture du mythique jeu-questionnaire Tous pour un. Pendant un temps, Christiane Charette a réprimé ce désir, pourtant bien ancré en elle, de suivre ses traces. À l'université, elle a étudié l'histoire de l'art. Puis, au bout de quelques années à mettre le travail des autres en valeur comme employée du Musée des beaux-arts, elle a eu une espèce de révélation. À partir de cet instant, il n'était plus question de se contenter d'être un faire-valoir. Christiane Charette voulait être elle-même l'artiste, la star, comme ce père qu'elle admirait tellement. « Mon père ne cherchait pas la lumière. Mais j'avais compris, très jeune, que sa célébrité le protégeait. Et moi, comme je suis née en ayant peur de tout, je me suis dit que d'être une vedette, ce serait une protection contre ce monde qui est rempli de dangers et de méchancetés. Ce que j'aurais aimé savoir à cet âge-là, c'est que l'argent protège beaucoup plus », raconte en riant Christiane Charette. L'argent, Christiane Charette aurait pu en gagner plus si elle n'avait pas été aussi intransigeante dans ses choix de carrière. Sa notoriété lui aura tout de même conféré certains privilèges. À commencer par le pouvoir de tenir tête aux « loups » en restant elle-même, en ne se compromettant jamais. Une liberté qui n'a pas de prix.

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