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La Presse
5 days ago
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Lueur d'espoir dans la lutte contre le cancer de la prostate
Lorsque Jean Krashevski a appris la nouvelle, au téléphone, il était en compagnie de sa femme, Céline. « On s'est pris dans les bras et on a versé des larmes, raconte-t-il. Puis, j'ai appelé mes deux fils. Et on a pleuré en famille. De joie. » Ce qu'il faut savoir Depuis le 2 juillet, le traitement Pluvicto est remboursé par le régime public du Québec. Ce traitement est approuvé pour une minorité de patients — ceux qui sont atteints d'un cancer de la prostate métastatique et qui ont déjà essayé l'hormonothérapie et la chimiothérapie. Le Pluvicto prolonge la vie de ces patients de quatre mois environ, parfois moins, parfois plus. Cette nouvelle que Jean Krashevski espérait depuis longtemps, c'est l'ajout du Pluvicto à la liste des médicaments remboursés par le régime public du Québec. Le Pluvicto est issu d'une nouvelle génération de médicaments contre le cancer. Pour le moment, il est destiné aux patients qui souffrent d'un stade avancé du cancer de la prostate (métastatique) et qui ont déjà essayé l'hormonothérapie et la chimiothérapie. Le Pluvicto donne donc l'espoir, à ces patients qui se savent condamnés, de vivre plus longtemps. Jean Krashevski, 65 ans, a reçu son diagnostic de cancer de la prostate à 55 ans. Son cancer s'est propagé. L'été dernier, il a lancé une pétition pour exiger l'accès des Québécois au Pluvicto, qui était déjà approuvé par Santé Canada. Les négociations s'éternisaient entre la société pharmaceutique Novartis, qui produit le Pluvicto, et l'Alliance pancanadienne pharmaceutique, qui représente les provinces et territoires dans les négociations. Le traitement total de Pluvicto coûte environ 140 000 $ et consiste en six injections, chacune espacée de quelques semaines. Lisez « Un traitement pour le cancer de la prostate non accessible au Québec » Les négociations ont abouti à la fin de l'année 2024. Plusieurs provinces canadiennes (dont l'Ontario, l'Alberta et la Colombie-Britannique) ont approuvé le remboursement, mais le Québec tardait à emboîter le pas. Je vous avoue avoir vécu des hauts et des bas, mais je n'ai jamais arrêté d'y croire. Jean Krashevski, atteint d'un cancer de la prostate Le Pluvicto fait partie d'une classe appelée « traitements par radioligands ». Depuis 2019, Santé Canada approuve un autre traitement issu de cette famille (le Lutathera) pour les tumeurs neuroendocrines, une maladie rare. « Maintenant, on a donc l'équivalent pour le cancer de la prostate, qui touche une population beaucoup plus importante », souligne le Dr Frédéric Arsenault, président de l'Association des médecins spécialistes en médecine nucléaire du Québec. Au Québec, entre 100 et 200 patients par année pourraient, selon lui, en bénéficier. Quel est le mode de fonctionnement ? « C'est une molécule ou une protéine à laquelle on vient fixer un atome radioactif, explique le Dr Arsenault. Les atomes ont deux rôles : l'un d'eux nous permet de faire des images, pour voir la distribution du cancer partout dans le corps. Et le deuxième va délivrer de la radiothérapie à l'intérieur du corps, spécifiquement au niveau des tumeurs. » Comme le traitement est ciblé, les effets secondaires sont limités, explique-t-il. Le Pluvicto peut être donné en dernier recours, juste avant la dernière ligne de chimiothérapie. Les médecins doivent d'abord essayer l'hormonothérapie et une première chimiothérapie. « C'est une autre façon de traiter cette minorité de patients qui ont quasiment épuisé tout ce qui pouvait prolonger leur vie », résume le Dr Fred Saad, directeur du département de chirurgie de l'Université de Montréal. Études mondiales Selon les études cliniques, le Pluvicto permet à cette catégorie de patients de prolonger leur vie de quatre mois. Ce chiffre correspond à la « médiane ». La moitié des patients gagnent moins que quatre mois de vie, mais l'autre moitié gagne plus que quatre mois. Et dans cette deuxième moitié, on compte quelques patients chez qui le Pluvicto a fonctionné incroyablement bien. Un patient du Dr Saad est en rémission complète, après quatre ans. À ce stade de la maladie, des miracles, ça peut arriver, mais c'est une minorité. J'ai des patients qui ont eu de très belles réponses, mais d'autres qui ne répondaient pas du tout au traitement… Le Dr Fred Saad, directeur du département de chirurgie de l'Université de Montréal Pourquoi ne pas utiliser le Pluvicto plus tôt dans le cours de la maladie ? Après tout, l'avenir dans le traitement du cancer réside dans ces traitements très ciblés. « Les études sont en cours », indique le Dr Saad, qui souligne qu'il faut d'abord prouver la sécurité du traitement chez ces patients, mais aussi son bénéfice par rapport aux autres traitements existants. D'autres traitements par radioligands sont à l'étude partout dans le monde. Dans la prochaine décennie, le Dr Frédéric Arsenault s'attend à avoir apparaître une dizaine de molécules sur le marché, pour d'autres cancers également : cancer du sein, cancer du pancréas, cancer pulmonaire, cancer de l'estomac… Jean Krashevski, lui, reçoit depuis cinq ans des traitements d'hormonothérapie, qui ont ralenti la progression de la maladie. « Mes tests sanguins montrent que l'hormonothérapie est en train d'atteindre la limite de son efficacité », dit celui qui devra d'abord tenter la chimiothérapie avant Pluvicto. « Mon combat personnel n'est pas fini, mais c'est un pas qui rajoute de l'espoir », conclut-il.


Le Parisien
6 days ago
- Science
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Pourquoi les hommes négligent leur santé et comment y remédier
Par Elodie Chermann A 64 ans, Domingos Adriano, originaire de Decines Charpieu, dans la banlieue de Lyon (Rhône), cumule deux boulots. Il travaille à mi-temps comme gardien dans une résidence et est concierge dans un hôtel. Mais cela ne l'empêche pas de s'occuper de sa santé. « Comme je suis diabétique, je vais tous les trois mois chez mon médecin de famille pour vérifier que mes analyses sont bonnes », témoigne-t-il. C'est en faisant ces examens de contrôle qu'il découvre une anomalie en décembre dernier. Son dosage de prostate specific antigen (PSA), un marqueur du cancer de la prostate, est particulièrement élevé. Il prend aussitôt rendez-vous avec le Dr Arnaud Cimier, chirurgien urologue au Médipole de Lyon Villeurbanne, qui confirme le diagnostic : Domingos est bien atteint d'un cancer de la prostate. Il faut vite opérer. Fuites urinaires, difficultés sexuelles, les suites de l'intervention sont compliquées. Mais six mois après, Domingos va beaucoup mieux. « Je ne peux qu'encourager les hommes à mettre en place un suivi médical pour éviter les mauvaises surprises, insiste-t-il. Le cancer de la prostate est une maladie qui ne fait pas mal, je n'avais aucun symptôme. Faire des examens réguliers m'a permis d'être pris en charge avant que les métastases ne se propagent. Un réflexe loin d'être automatique chez tous les hommes. D'après une étude de l'Insee parue en mars 2022, ils étaient 80% à avoir consulté un médecin généraliste depuis moins d'un an en 2019, contre 88% des femmes. Et c'est pire quand il s'agit d'aller chez un médecin spécialiste ! Seuls 42% des hommes en avaient consulté un au cours des douze derniers mois. Certes, il est parfois compliqué de décrocher un rendez-vous près de chez soi. Mais pour Arnaud Cimier, il y a aussi un défaut d'information sur la prévention en France. « Les femmes prennent très tôt l'habitude d'instaurer un suivi gynécologique lié notamment à la contraception, souligne-t-il. Mais chez les hommes, les problèmes surviennent en général plus tardivement. Ils se préoccupent donc moins de leur santé et ont tendance à faire traîner les choses. » C'est ce qu'à vécu Salma avec son mari. « Fin 2024, j'ai remarqué que le grain de beauté qu'il avait sur la cuisse avait noirci et grossi, témoigne-t-elle. Je lui ai conseillé d'aller le faire contrôler mais il ne s'en est pas occupé. » Le voyant tarder, elle finit par lui donner l'adresse d'un dermatologue à Paris. Et là, coup de massue. On lui détecte un mélanome. « Il se l'est fait retirer sur le champ, explique-t-elle. Mais il va devoir faire en plus une sorte de curetage pour s'assurer qu'il ne reste pas d'autres cellules cancéreuses autour. Je crois que ça lui a servi de leçon. Certes on est cadres, on mène une vie à 100 à l'heure. Mais c'est capital de ne pas négliger sa santé. » C'est ce que s'efforce de répéter le Dr Cimier à ses patients. « Il ne faut pas avoir honte de consulter pour des symptômes en lien avec les parties intimes, insiste-t-il. Cela peut vraiment vous sauver la vie. » En 2018, 86 hommes sont morts d'un cancer du testicule en France. La prévention est pourtant toute simple. « Il suffit de palper ses parties intimes, une fois par mois environ, à partir de 14 ans », explique le spécialiste. Et d'alerter en cas de toute anomalie. « Entre 50 et 75 ans on préconise de réaliser les tests de dépistage contre le cancer de la prostate, qui est le cancer le plus répandu chez l'homme », rappelle aussi le Dr Cimier. « Quand la maladie est prise en charge tôt, les chances de guérison sont autour de 93%. »