12-07-2025
Montréal veut mettre fin au Far West
Congestion de livreurs de repas commandés en ligne. Véhicules de livraison garés en double. Camions lourds aux manœuvres trop souvent dangereuses. Montréal veut revoir les règles du jeu dans l'industrie de la livraison et se donne deux ans pour s'attaquer à plusieurs problèmes.
Zones de livraison « dangereuses »
Dans un plan qui vise à accélérer la « transition des pratiques de livraison » d'ici 2027, Montréal constate que « la majorité des aires de livraison en zone commerciale sont régulièrement utilisées de manière inappropriée, non réglementaire et souvent dangereuse ». Pour s'y attaquer, l'Agence de mobilité durable (AMD) sera mandatée pour renforcer la surveillance, avec comme priorité les véhicules illégalement immobilisés en bordure de rue. Dans une première phase, quatre tronçons situés dans Ville-Marie et Le Plateau-Mont-Royal feront l'objet de plus de supervision. L'Agence conseillera aussi dorénavant les arrondissements afin de choisir les emplacements d'aires de livraison les moins conflictuels possibles.
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Un camion de livraison mal garé cause de la congestion sur la rue Beaubien, à Montréal.
Mieux encadrer la livraison à domicile
Uber Eats, DoorDash, SkipTheDishes : le nombre de commandes de nourriture en ligne suit une tendance à la hausse à Montréal. Or, cela « entraîne des répercussions notables sur les artères commerciales », affirme la Ville. Dans l'attente d'une commande, les livreurs de repas à domicile se regroupent en effet près de restaurants, occupant la bordure de la rue, ce qui « contribue à l'encombrement véhiculaire de secteurs achalandés », selon le plan d'action. Celui-ci suggère de « mieux encadrer » la livraison à domicile dans les prochaines années. Quant aux livraisons de biens de type Amazon, Montréal veut multiplier la présence de « points de dépôt », comme des comptoirs de collecte dans les commerces ou des casiers à colis.
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Le plan de la Ville de Montréal vise notamment à mieux encadrer les livraisons de repas commandés en ligne, en hausse ces dernières années.
Des horaires revus « par territoire »
Pour Danielle Pilette, professeure spécialisée dans les affaires municipales à l'Université du Québec à Montréal (UQAM), il faut urgemment « faire un ménage » en matière de livraison. « La livraison dans les magasins est beaucoup plus fréquente qu'avant. L'entrepôt, il est dans le camion maintenant. Ça fait en sorte que leur présence est trop importante, entre autres dans les rues locales », constate-t-elle. L'experte estime que l'idéal serait de tester des horaires de livraison « par territoire », autrement dit de limiter l'accès aux camions sur certaines rues à certains moments. Montréal entend le faire dans certains arrondissements et n'exclut pas de « pérenniser cette mesure et de la répliquer progressivement » si tout se passe bien.
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Danielle Pilette, professeure spécialisée dans les affaires municipales à l'Université du Québec à Montréal
Vers de nouvelles signalisations routières
Montréal entend aussi développer de nouvelles signalisations routières, en collaboration avec le ministère des Transports. La Ville voudrait par exemple interdire le virage à gauche ou à droite « aux véhicules lourds dont le gabarit apparaît inapproprié, voire surdimensionné, par rapport aux caractéristiques des contextes urbains traversés ». La priorité serait de s'attaquer à des intersections dans des secteurs névralgiques du centre-ville et dans des rues commerçantes situées dans des quartiers résidentiels. Selon Montréal, l'objectif sera de « favoriser l'utilisation de véhicules de transport de marchandises de plus petits gabarits, […] de manière à accroître la sécurité routière et à assurer une meilleure cohabitation » avec les autres usagers.
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De nouvelles signalisations pourraient être mises en place spécifiquement pour les véhicules lourds.
Bientôt des remorques chez BIXI ?
BIXI compte réaliser un projet-pilote « visant l'ajout de remorques à la flotte de vélos en libre-service à proximité d'artères commerciales fréquentées », apprend-on enfin dans le rapport. Le tout sera financé par la Ville, qui souhaite « encourager une mobilité urbaine plus durable [que la voiture] pour le transport de marchandises sur de courtes distances ». Des discussions doivent encore avoir lieu avant le déploiement, mais cela ne saurait tarder. Dans l'arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, un projet de location de vélos-cargos électriques en libre-service, baptisé Mulo, est déjà en vigueur jusqu'au 31 octobre prochain.