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«Cassez-vous !» : à Nice, l'exubérante mise en scène d'Estrosi pour réclamer le départ d'un bateau de croisière
Le maire de Nice a voulu empêcher le débarquement de passagers d'une croisière en s'appuyant sur un arrêté qui n'est pas encore en vigueur, selon la préfecture.
«Vous n'avez pas le droit d'être là [...] Cassez-vous !» : depuis une embarcation, le maire de Nice Christian Estrosi (Horizons) s'en est pris verbalement à l'équipage d'un bateau de croisière qui se trouvait dans la rade de Villefranche-sur-Mer, en train de débarquer des passagers. Agacé et dans une mise en scène exubérante, l'élu leur a affirmé qu'ils pouvaient être «lourdement condamnés». «Vous n'êtes personne !», leur a-t-il encore lancé lors d'une séquence filmée par France 3 Côte d'Azur.
Avec plus de 3000 passagers, le Voyager of the Seas de la compagnie Royal Caribbean Group ne respectait pas, selon Christian Estrosi, un arrêté en vigueur depuis juillet qui interdit les grands navires de croisière, jugés trop polluants. Le maire de Nice, également président de la métropole, souhaitait début janvier chasser les croisières de la rade de Villefranche-sur-Mer et du port de Nice, mais face à la forte contestation des acteurs économiques et maritimes, il était revenu sur cette décision, fixant alors des critères.
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Les escales dans la rade doivent ainsi être limitées à 65 par an, avec pas plus d'un bateau par jour et le nombre de passagers à bord ne peut plus excéder 2500. Sur le port de Nice, les bateaux avec plus de 450 passagers ne devraient plus être acceptés.
«Je ne lâcherai rien»
Dans un courrier adressé au commandant de la croisière visée, Christian Estrosi lui a notifié l'interdiction de débarquer des passagers à terre du fait du non-respect de ces conditions. L'élu indique également avoir saisi la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher et les préfets de la Méditerranée et des Alpes-Maritimes.
«En tant qu'autorité portuaire, j'ai tenu à me rendre moi-même à bord du bateau pour notifier formellement à l'équipage l'interdiction de débarquement. Le commandant a non seulement refusé de me recevoir à bord, mais également de prendre en compte ma notification officielle», a ensuite expliqué Christian Estrosi sur son compte X, en précisant qu'il avait alors «ordonné la fermeture de tous les accès à la gare maritime».
«Au lendemain du Sommet de l'océan, je ne lâcherai rien», a-t-il encore affirmé. L'Union maritime des Alpes-Maritimes (UM06), qui s'était opposée à cette interdiction stricte des croisières, a assuré que la présence de ce navire était tout à fait autorisée par les différentes autorités compétentes.
«Buzz» et «bluff»
«La réglementation dont il parle n'existe pas», assure Nicolas Plummion au Figaro, le président de l'UM06. «Il y en a marre, c'est lui qui est en position illégale et qui veut faire le buzz. Ce n'est que du bluff, il y en ras-le-bol de vouloir nous empêcher de bosser», dénonce-t-il.
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Contactée par Le Figaro, la préfecture confirme qu'à ce stade, aucun arrêté de limitation des croisières n'est en vigueur, comme l'affirme pourtant Christian Estrosi.
«Au-delà de la légalité, il y a un sujet plus global sur ces paquebots : pour le faire avancer de manière efficace, il faut qu'il y ait une coordination, ça ne peut pas être unilatéral. Il faut un travail concerté, qui a déjà commencé», a réagi le préfet Laurent Hottiaux sur le plateau de BFM Nice. Le représentant de l'État a rappelé que si la gare maritime relevait bien de la compétence de la métropole, «la possibilité de débarquer relève du département, qui est investi du pouvoir de police portuaire».
En réaction à cette séquence, le député niçois Éric Ciotti, ennemi juré de Christian Estrosi et qui siège au conseil départemental, n'a pas pu s'empêcher de railler cette sortie. «Barbe rouge ! À l'abordage avant d'être coulé», a-t-il écrit sur son compte X, en ajoutant une tête de clown.
Si de nombreuses croisières font historiquement escale sur la Côte d'Azur, elles ne sont plus forcément les bienvenues. À Cannes, David Lisnard vient également de décider de limiter le nombre d'escales, lui qui réclame un pouvoir décisionnel sur cette question laissée aux maires.