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Chasser le champignon dans le Bronx
Chasser le champignon dans le Bronx

La Presse

time5 days ago

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Chasser le champignon dans le Bronx

Des mycologues amateurs de la New York Mycological Society s'adonnent régulièrement à la chasse aux champignons à New York. (New York) Le rendez-vous est donné un samedi matin de juillet à l'entrée du Van Cortlandt Park qui avoisine la toute dernière station de la ligne de métro 1, dans le nord-ouest du Bronx. Plus tôt dans la semaine, de fortes pluies se sont abattues sur New York, y compris sur les crêtes et les vallées verdoyantes du troisième parc de la ville pour la taille. Les conditions sont donc idéales pour la chasse aux champignons. D'où la trentaine de mycologues amateurs, armés de paniers et de loupes, présents sur place à l'heure dite. Euh… il est vraiment possible de s'adonner à la cueillette des champignons à New York, où pousse une pléthore de gratte-ciel le long d'artères asphaltées ? « On s'attendrait à ce qu'il n'y ait pas de champignons dans cette jungle de béton, mais les champignons prospèrent ici. Ils adorent New York ! », lancera Sigrid Jakob au cours de la promenade, l'une des dizaines qu'organise, bon an, mal an, la New York Mycological Society dans 15 parcs et 2 cimetières de la mégapole américaine. Depuis 2009, l'organisation a observé plus de 1200 des 2239 espèces de champignons répertoriées à New York par les mycologues amateurs ou professionnels sur l'application iNaturalist. Certaines espèces sont mortelles ; au moins dix sont hallucinogènes. « Il y a plus d'espèces de champignons répertoriées dans la ville de New York que dans tout l'État du Colorado », ajoutera Sigrid Jakob, en tenant entre les doigts un champignon toxique – la lépiote crêtée – cueilli dans un sous-bois en bordure d'une piste cyclable. « Et ils ont environ 14 millions d'hectares, alors que nous n'avons que quelques modestes parcs. » Ce que l'ancienne présidente de la New York Mycological Society finira par expliquer, c'est que sa ville d'adoption ne fait jamais les choses à moitié. Et l'étude des champignons ne fait pas exception. De l'ADN à la microscopie Stratège en marketing, Sigrid Jakob est l'incarnation parfaite du phénomène. Il y a dix ans, la New-Yorkaise d'origine allemande a commencé à s'intéresser aux champignons. Puis elle a graduellement été « aspirée », selon son propre mot, dans cet univers où des millions d'espèces n'ont pas encore été identifiées. Sa spécialité : les champignons coprophiles, c'est-à-dire les champignons qui poussent sur les excréments d'animaux. PHOTO RICHARD HÉTU, COLLABORATION SPÉCIALE Sigrid Jakob Elle décrit ainsi l'évolution de sa passion pour la mycologie : « Quand tu tombes sur un champignon qui n'est pas dans les livres, tu te dis : 'Bon, d'accord, mais qu'est-ce que ça pourrait être ?' Et tu commences à faire du séquençage d'ADN, à faire de la microscopie. Et puis tu es aspirée par le côté scientifique de la chose, et une fois que tu entres dans cette dimension, tu découvres une communauté de gens très sérieux qui s'y intéressent. Ça devient ta vie sociale. » Son expertise ne se limite pas aux champignons coprophiles, dont trois espèces différentes seront recueillies sur du crottin de cheval au cours de la journée. Les mots que l'on entend le plus souvent lors d'une promenade de la New York Mycological Society sont les suivants : « Va le demander à Sigrid. » Les uns cherchent à identifier telle espèce de champignon, les autres veulent déterminer si une autre est comestible ou toxique. Sigrid a presque toujours la réponse. Ethan Crenson, actuel président de l'organisation, a sa propre spécialité, développée au fil des années qui ont suivi une première chasse aux champignons fructueuse dans le Vermont, en 2005. Il s'agit des ascomycètes, vaste division de champignons qui regroupe plus de 64 000 espèces, dont les morilles et les truffes délicieuses, de même que les levures et les moisissures parfois toxiques. PHOTO RICHARD HÉTU, COLLABORATION SPÉCIALE Ethan Crenson, actuel président de la New York Mycological Society, devant le stérée entassé Fait également partie du groupe un minuscule champignon carnivore repéré lors de l'excursion sur une branche d'arbre pourrie par Elan Trybuch, dont la propre spécialité est les myxomycètes, organismes unicellulaires d'une grande beauté. Un peu de gastronomie Alerté par Elan, Ethan Crenson prélève aussitôt, à l'aide d'un couteau, une petite parcelle de bois sur laquelle pousse le champignon carnivore qu'il parviendra à identifier avec précision quelques jours plus tard. « Passionnant ! », dit-il en examinant avec sa loupe le champignon qui se nourrit en attrapant ses proies – des vers microscopiques appelés nématodes – avec des espèces de lassos ou de filets. « J'ai mis trois jours à l'identifier », écrira plus tard Ethan Crenson dans un courriel à propos du champignon portant le nom scientifique d'Orbilia nemaspora et observé pour la toute première fois à New York. De toute évidence, les expressions « chasse aux champignons » ou « cueillette de champignons » ne rendent pas justice à la mission de la New York Mycological Society. Celle-ci a peu à voir avec la détente ou la gastronomie. « Nous collectons les champignons essentiellement à des fins d'identification et d'éducation », dit Paul Sadowsky, vétéran de l'organisation, en s'adressant aux mycologues amateurs au début de l'excursion. PHOTO RICHARD HÉTU, COLLABORATION SPÉCIALE Zhipei Luo Mais Zhipei Luo est de ceux qui cueillent les champignons comestibles en pensant quand même aux plats que ceux-ci accompagneront. « Je suis chinois, dit cet ingénieur de Google. La majeure partie des plats que je prépare sont donc asiatiques. Si j'ai une bonne variété de champignons, je les fais cuire dans une marmite avec du porc et des herbes. Délicieux. » Zhipei a découvert la chasse aux champignons en s'adonnant à la randonnée pédestre lors de la pandémie de COVID-19. Depuis, il est devenu un adepte. La diversité des champignons à New York est étonnante, même dans un endroit comme Central Park, où j'ai fait de bonnes cueillettes. Il s'agit d'un passe-temps qui te permet de voir un aspect différent de cette ville. À New York, on croit souvent vivre dans une jungle de béton. Mais c'est une véritable jungle ! Zhipei Luo Sur les pas de John Cage Eliza Newman-Saul, elle, est devenue membre de la New York Mycological Society après avoir appris que le célèbre compositeur et théoricien de la musique d'avant-garde John Cage, mort en 1992, en avait été l'un des cofondateurs, en 1962. Durant ses années de vaches maigres, John Cage a même arrondi ses fins de mois en vendant aux plus grands restaurants de New York, dont le Four Seasons, les champignons (comestibles) qu'il récoltait. Il a aussi donné un cours d'identification des champignons à la New School, où il enseignait la musique. PHOTO RICHARD HÉTU, COLLABORATION SPÉCIALE Eliza Newman-Saul « C'est à travers l'art que je me suis intéressée à la mycologie », explique Eliza Newman-Saul, une artiste visuelle qui a poursuivi pendant un certain temps la passion du compositeur de 4'33'' en Suède, où la chasse aux champignons est quasiment un sport national. John Cage aurait sans doute jubilé en consultant la liste des 114 espèces de champignons observées pendant la plus récente excursion du groupe qu'il a cofondé dans le Van Cortlandt Park1. Quatre de ces espèces étaient observées pour la première fois à cet endroit et deux autres pour la première fois à New York. Une partie de la cueillette s'est retrouvée sur une grande table de pique-nique près des écuries du parc à la fin de la promenade d'environ quatre heures. PHOTO RICHARD HÉTU, COLLABORATION SPÉCIALE Une partie de la cueillette à la fin de l'excursion « C'est OK pour une promenade en ville pendant un mois d'été », dira plus tard Ethan Crenson. « Nous aurions aimé voir plus de bolets et de champignons à branchies. Tout dépend du temps qu'il fait, mais aussi des participants et du rythme de la promenade », ajoutera-t-il en expliquant que le groupe a « sauté quelques bons endroits » pour arriver aux écuries à l'heure prévue. On est tenté de croire que les mycologues amateurs du Colorado auraient préféré halluciner en pareilles circonstances plutôt que de tout répertorier. 1. Consultez la liste des espèces de champignons observées dans le Van Cortlandt Park par les membres de la New York Mycological Society (en anglais)

Prunes, pommes, noisettes… Dans l'Eure, une association sauve des tonnes de fruits inexploités et les redistribue
Prunes, pommes, noisettes… Dans l'Eure, une association sauve des tonnes de fruits inexploités et les redistribue

Le Parisien

time22-07-2025

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Prunes, pommes, noisettes… Dans l'Eure, une association sauve des tonnes de fruits inexploités et les redistribue

Dans des propriétés privées ou chez des agriculteurs, des milliers d'arbres voient leurs fruits inexploités sauf… par les oiseaux, les petits mammifères ou les insectes. Souvent, c'est la main-d'œuvre qui manque pour les cueillir. En 2020, à La Rochelle (Charente-Maritime), Coralie Tisné-Versailles a fondé l'association Aux arbres citoyens pour ne pas laisser pourrir les fruits sur les branches ou aux pieds des arbres. Depuis, elle a fait des émules dans toutes les régions de France comme à Strasbourg, Marseille, Bordeaux, dans le Marais poitevin, sur l'Île de Ré, dans le Mont-Dore et bientôt dans le Gers. C'est en juin 2024 que Louise Naouri a lancé la section Normandie Sud-Eure qui compte déjà sur son listing une centaine de bénévoles sans oublier les conjoints, les enfants, les membres de la famille ou des amis : « Je me suis lancée dans ces cueillettes solidaires, car dès mon enfance je récoltais chez mes parents. Je continue à faire des compotes et des confitures. Je me suis dit qu'en Normandie, avec notamment toutes ces pommes, il y avait quelque chose à faire. Je suis alors tombée sur Aux arbres citoyens qui m'a apporté toutes les infos et conseils à travers la Cueillette Académie. Rien que la première saison, de mai à décembre, nous avons cueilli et distribué plus d'une tonne de fruits de propriétaires qui en ont trop ou n'ont pas le temps ou l'énergie pour les récolter. » Le principe peut paraître simple, mais demande une organisation comme ce samedi 19 juillet chez Nancy aux Baux de Breteuil : « Elle m'a appelée, raconte Louise Naouri. Je lui ai demandé le nombre et l'état des arbres, la variété des fruits. Elle m'a envoyé une photo pour évaluer le matériel nécessaire. Nous sommes bien équipés en perches, échelles et sacs fabriqués à La Rochelle à partir d'anciennes voiles de bateaux. Après, je monte une équipe d'une douzaine de bénévoles et nous cueillons des cerises, des prunes, des ketchs, des mirabelles, des pommes, des noisettes, des groseilles, du cassis, des coings et nous ramassons aussi des pommes de terre. L'opération dure une heure, une heure et demie. Nous pesons ensuite la récolte et nous la séparons entre le propriétaire et les bénévoles en fonction de leurs besoins et leurs envies. » Le but est que tout le monde s'y retrouve et passe surtout un bon moment. « C'est souvent une rencontre intergénérationnelle, se réjouit Louise Naouri. Mes enfants adorent cela. En tant que mère, c'est une volonté de les faire participer à une activité en pleine nature. Une reconnexion aux saisons afin de comprendre les choses. Après, nous cuisinons et dégustons ensemble », détaille Louise Naouri. Les cueillettes de l'association sont solidaires et écologiques, mais aussi humanitaires, car chaque semaine, le surplus va à des associations d'aide alimentaire du secteur « dont les Restos du cœur, le CCAS de Verneuil-sur-Avre, la Croix-Rouge de Breteuil, SOS Solidarité à Damville et chez notre nouveau partenaire le Foyer Annie Solange à Breteuil-sur-Iton. Pour cette deuxième saison, c'est super. Il a fait chaud et il y a eu de la pluie. Nous avons déjà fait autant de cueillettes qu'en 2024. En plus, nous avons plus de propriétaires et plus de cueilleurs ».

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