6 days ago
« J'ai éteint mon smartphone pendant toutes mes vacances et c'était plus facile que prévu »
TÉMOIGNAGE - J'ai un métier qui m'amène à être en permanence sur les réseaux sociaux. Mon portable est avant tout un outil de travail, j'ai toujours un message, quelqu'un qui m'appelle, je l'ai en permanence dans les mains. Mon cerveau est toujours en train de faire des connexions avec les différents contenus que je regarde. Et quand on scrolle sur TikTok ou Instagram, on n'a pas toujours consciente de ce qu'on consomme. À la fin de mes journées, je suis fatiguée mentalement.
L'année dernière, avant les vacances d'été, je sentais une espèce de trop-plein dans ma tête. Je ne prends pas beaucoup de congés durant l'année et le mois d'août est vraiment la seule période où je peux déconnecter.
Dans le train en direction de chez mes beaux-parents pour deux semaines de repos, je me suis lancé un défi en me disant : « Si j'éteignais mon téléphone et je ne le rallumais que quand j'en aurai l'envie ou le besoin ? » À l'arrivée, j'ai déposé mon portable éteint dans ma valise. Et je ne l'ai pas ressorti de toutes mes vacances.
« J'avais besoin qu'on me laisse tranquille »
Ce n'était pas du tout anticipé et je n'ai pas du tout pensé à prévenir mon père, mes amis ou ma collègue. Je me suis dit que s'il se passait quelque chose de vraiment grave, ma famille pourrait toujours joindre mon copain, avec qui je me trouvais.
À aucun moment, cela ne m'a gênée de ne pas avoir mon téléphone, mais j'avoue que j'ai profité de ceux des personnes qui étaient avec moi pendant mes vacances. Pour le GPS en voiture, pour envoyer un message WhatsApp à des amis qu'on devait rejoindre, pour présenter des billets de train reçus par e-mail… Et pas plus. Pour les photos, tant pis, je n'ai rien posté sur Instagram. Mon copain a pris quelques photos, pour les mettre sur le Famileo, et ça m'a suffi.
Le fait de savoir que personne ne pouvait me déranger en pleine lecture, à la plage ou en randonnée m'a fait beaucoup de bien. J'avais besoin qu'on me laisse tranquille et d'être, pour une fois, totalement indisponible. J'ai vraiment éprouvé un sentiment de lâcher-prise, de déconnexion. Je vivais davantage et mieux le moment présent, je regardais plus le paysage quand j'étais en voiture ou dans le train, je rêvassais, lisais plus, notamment le soir au lieu de regarder une vidéo YouTube ou une série. J'avais l'impression de revivre, même si ce mot est un peu fort, d'une manière très simple. Ça m'a permis d'être reposée, apaisée, moins stressée.
Durant ces deux semaines, tout le monde me demandait comment je faisais et beaucoup m'ont dit que s'ils étaient à ma place, ils n'y arriveraient pas. Cela a déclenché pas mal de discussions sur notre rapport à notre téléphone… Et sur le fait que finalement, quand on le coupe, on se rend compte qu'il n'est pas si utile.
« C'est revenu aussi vite que c'est parti »
Au total, j'ai éteint mon téléphone pendant deux semaines et demi. Je ne l'ai rallumé que quelques jours avant la rentrée, dans le train. Il était hyper lent les dix premières minutes, le temps de se reconnecter, recevoir les messages, etc. Mais en l'ouvrant, je me suis rendu compte que je n'avais pas tant de choses que ça à rattraper. Tout le monde avait envoyé des photos de ses vacances sur le WhatsApp familial, mais dans les mails de boulot, rien d'urgent.
Après cette coupure, j'ai refait une « digital détox » de cinq jours pendant les vacances de Noël, où j'ai réussi à couper. Puis, pour faire entrer la déconnexion dans mon quotidien, j'ai entrepris d'éviter mon téléphone le soir, après 22 heures. Mais je n'ai tenu qu'un mois avant de replonger : les habitudes sont revenues aussi vite qu'elles sont parties. J'aimerais bien mettre en place cette discipline au moins le soir et les week-ends.
Cet été, je vais déconnecter à nouveau pendant trois semaines. Car ma conclusion, après cette expérience, c'est que c'est une fausse excuse de penser qu'on ne peut pas vivre sans téléphone. Le portable n'est qu'un outil qui nous aide au quotidien, mais qu'il est assez facile de pas l'utiliser. Quand on veut trouver sa route, on peut demander de l'aide ou regarder une carte, pour écouter de la musique, on peut allumer la radio, pour s'occuper le soir, on peut lire et jouer à des jeux. Notre smartphone n'est pas aussi nécessaire que l'on pourrait le croire.
