29-07-2025
Longtemps symbole de noblesse, la bague qui se porte au petit doigt revient (différemment)
Revenue à la mode depuis plusieurs années, la «pinky ring», bague qui se porte à l'auriculaire, devient peu à peu un symbole féministe.
Cela fait quelques années que la mode surfe sur la vague féministe, en développant des t-shirts à slogans - parfois hors de prix -, des tote bags ou autres casquettes. Mais cette nouvelle tendance s'inscrit bien loin d'un marketing parfois un peu profiteur. La «pinky ring», c'est-à-dire la bague que l'on porte au petit doigt, devient, depuis quelque temps, un symbole d'émancipation des femmes. De plus en plus de stars la portent avec fierté, à commencer par Emily Ratajkowski qui a transformé, après son divorce, sa bague de fiançailles en deux anneaux, dont l'un porté au petit doigt. Hailey Bieber, qui vient de vendre sa marque de cosmétiques pour un milliard de dollars, en porte aussi régulièrement, tout comme Meghan Markle qui s'inspire en cela de la princesse Diana, qui portait elle aussi une pierre à l'auriculaire.
Si l'on peut voir dans le choix du petit doigt pour arborer un bijou une forme de revendication d'émancipation, c'est parce que pendant des siècles, il a été l'apanage des hommes. La «pinky ring» est tout simplement une réappropriation symbolique d'un territoire incarnant le pouvoir masculin et viriliste. Et le bijou qui représente le mieux cela, est la chevalière. Elle a fait son retour depuis plusieurs saisons déjà et c'est elle qui est principalement portée au petit doigt.
Les mains de l'actrice Blake Lively à l'avant-première londonienne du film "Another Simple Favour" (Londres, le 15 avril 2025).
Mike Marsland / WireImage
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Un tournant dans l'histoire du bijou
Gabriel Hacquebart, directeur de la maison Agry, qui façonne et grave à la main des chevalières depuis 200 ans, revient pour nous sur l'histoire de ce bijou. «Le port de la chevalière varie selon les pays, en Angleterre par exemple, homme et femmes la portent au petit doigt. En France en revanche, la tradition voulait pendant longtemps que ce soit uniquement l'homme de la famille avec un titre, par exemple un comte, qui l'arbore à l'auriculaire et avec une petite couronne pour se distinguer de ses frères cadets. Aujourd'hui, la coutume veut que les hommes la portent à l'annulaire et les femmes à l'auriculaire.» Le spécialiste souligne que certains nobles respectent la tradition tout en renouvelant les codes en mettant la chevalière à l'index, dans une inspiration romaine, ou au majeur.
En l'écoutant parler de l'histoire de la chevalière, on se rend rapidement compte qu'elle n'a à l'origine vraiment rien de féministe. Bien au contraire. «Autrefois, les jeunes filles portaient sur leur chevalière les armes de leur père, entourées d'un losange pour signifier qu'elles n'étaient pas mariées. Une fois mariées, elles prenaient celle de leur mari, ou une combinaison des armoiries de leur père et de leur mari, qui n'était pas forcément noble puisque même les familles sans titres en possédaient.»
La chevalière a gardé son aura de pouvoir, mais les femmes se la sont réapropriée. On trouve des pinky rings chez des joailliers comme David Yurnam qui a notamment un modèle avec des diamants retournés ce qui confère au bijou un côté plus rock, rappelant que les bikers américains aussi en portent. Ou chez Emmanuel Zimmerman et Stone qui proposent des réinterprétations modernes de chevalières. La maison Bangla Begum quant à elle, a imaginé la bague Boob, en forme de sein, rapidement devenue un best-seller. La créatrice Fanny Boucher explique sur le site de la marque: «Tout a commencé avec l'envie de créer une chevalière pour me moquer (gentiment) des personnes qui en portent ! Mais c'est devenu bien plus que cela. La bague Boob est un symbole, un talisman, un bijou très spécial que les femmes et les hommes portent avec intention.» L'offre de pinky rings est donc plus que variée et permet à chacune de trouver la bague de petit doigt qui lui convient - et la symbolique qu'elle veut lui apposer, aussi.