2 days ago
Corse-Monaco à la nage: Noam Yaron sorti de l'eau près du but
Exploit sportif stoppé
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Le nageur de l'impossible sorti de l'eau à un jet de Monaco!
Parti de Corse lundi, le Morgien Noam Yaron était à deux doigts de boucler son pari XXL de 180 kilomètres. À bout de forces, il a été contraint de mettre un terme au défi, par mesure de sécurité.
Cédric Jotterand
Après un départ en boulet de canon et trois jours à un rythme exceptionnel, Noam Yaron a commencé à connaître de grosses difficultés dès la journée de jeudi qu'il pensait être la dernière. Il a été sorti de l'eau par son équipe vendredi à quelques kilomètres de Monaco.
Noam Yaron Production x Studio Filmiz
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En bref : Après son abandon de 2024 au terme d'une centaine de kilomètres, le Morgien Noam Yaron n'a pas pu venir à bout de sa nouvelle tentative entre Calvi et Monaco.
Alors que le record du monde de la plus longue traversée à la nage en continu en mer ou en océan, en combinaison, lui tendait les bras, un message de son équipe a annoncé vendredi sa sortie de l'eau.
Selon les rares éléments fournis par ses proches, l'athlète a été pris en charge par un médecin, sans qu'on en sache plus à ce stade.
Médaillé olympique des Jeux de Tokyo, le nageur genevois Jérémy Desplanches évoque l'exploit physique et mental colossal, malgré cet improbable épilogue.
Un exploit, une revanche et un record du monde à la nage. Voilà ce qu'il était prévu de célébrer sur la terrasse d'un hôtel monégasque vendredi, après 180 kilomètres de nage entre Calvi et Monaco, réalisé par le nageur morgien Noam Yaron.
Mais à la surprise générale, le rêve a viré au cauchemar sur le coup de 16 h, quand un message aussi bref qu'inquiétant de son équipe est tombé sur notre écran de téléphone: «Noam est sorti de l'eau. Il respire, il parle, il est pris en charge par des médecins. Nous donnerons davantage de nouvelles samedi.»
Voilà une issue à laquelle on ne s'attendait pas, même si l'on a commencé à percevoir des signes de fébrilité après soixante heures et 130 kilomètres effectués en boulet de canon. Dans des conditions apparemment devenues difficiles et des courants contraires, tous semble être allé de travers dans la nuit de mercredi à jeudi, même si l'aventurier a annoncé son arrivée pour la fin de journée.
C'est depuis là que les messages ont commencé à parler de «plusieurs épisodes d'hallucinations et de désorientation critiques», tout en retardant à chaque fois de plusieurs heures l'horaire d'arrivée jusqu'à ce vendredi à midi sur la plage du Meridien Beach Plaza, où nombre de ses supporters ont patienté dans le but de le porter en triomphe.
Premiers signaux d'alarme
Moins volubile qu'à l'accoutumée notamment en raison de la fatigue et d'une langue soumise à rude épreuve par le sel marin, l'aventurier a pourtant laissé encore un dernier message vidéo vendredi matin en réaffirmant sa foi en la réussite de l'objectif. Visiblement marqué – on le serait à moins –, mais avec la conviction qui le caractérise.
Puis… plus rien avant ces quelques lignes ayant valeur d'abandon si près du but, ce qui n'efface cependant pas les 175 kilomètres parcourus, un exploit majeur qui se termine en queue de poisson. Finalement, la mer qu'il entendait protéger à travers ce défi aura été bien cruelle avec lui. «Cette traversée est le moyen le plus efficace que j'ai trouvé pour attirer l'attention de tous les publics (citoyens, entreprises et politiques) à la pollution d'un environnement qu'on dit protégé, mais qui ne l'est pas dans les faits», martelait-il depuis des mois.
Défenseur de l'environnement, consterné par les couches de plastique qui s'accumulent dans les eaux du globe, Noam Yaron espérait gagner encore plus de légitimité pour devenir un porte-voix en faveur de cette cause. «Ma première revendication est de réclamer la limitation de la vitesse des bateaux qui circulent dans ces zones et qui vont beaucoup trop vite. Cela a pour conséquence d'entrer en collision avec les cétacés qui n'ont pas le temps de changer de cap. Pour le reste, la protection de la biodiversité devrait aller de soi, mais la question du plastique reste centrale et la lutte indispensable.»
Noam Yaron a été sorti de l'eau par son équipe vendredi à quelques kilomètres de Monaco.
Noam Yaron Production x Studio Filmiz
Équipe soudée à ses côtés
Dans l'immédiat, il s'agit surtout d'assurer la bonne santé du Morgien, entouré par son équipe qui le suit depuis plus de deux ans dans cette aventure, après d'autres records décrochés par le passé. À voir si celui-ci sera homologué, à 5 kilomètres près.
Deux bateaux étaient notamment en permanence à ses côtés alors que sa contrainte principale était de ne jamais sortir de l'eau durant sa tentative. «L'équipe est restée en alerte avec les yeux rivés sur lui afin d'assurer sa sécurité, lui remonter le moral ou le calmer lors de phases d'hallucinations et de désorientation», indique la cellule communication.
Un exploit colossal quand même
Sur un plan purement sportif, ces 175 kilomètres sont à considérer comme un accomplissement exceptionnel, alors que la plupart des humains peinent à traverser un bassin municipal de 25 mètres. Médaillé olympique à Tokyo en 2021, le nageur genevois Jérémy Desplanches a suivi le défi de Noam Yaron avec un œil averti. «C'est inhumain, je ne vois pas comment qualifier autrement cette performance. Pour moi, il faut être porté par une dimension dont lui seul a conscience pour se mesurer à un tel effort. Il faut une conviction et un état d'esprit exceptionnels, car la distance est colossale.»
Homme de multiples exploits dont une médaille olympique, le nageur Jérémy Desplanches témoigne de son admiration pour l'exploit phénoménal de son confrère Noam Yaron.
FRANK MENTHA
Cédric Jotterand est journaliste à la rubrique vaudoise, responsable du bureau de Morges. Il est par ailleurs rédacteur en chef du Journal de Morges, lauréat du Prix BZ du journalisme local. Plus d'infos
@JotterandC
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