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Éditorial: Locarno, toute la Suisse sous un écran
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Depuis 79 ans, le festival du cinéma incarne une idée réussie du fédéralisme tourné vers les siens et ouvert sur le monde. Éditorial Publié aujourd'hui à 20h39
Le grand écran collectif, au défi de l'ère de l'image individuelle: depuis 1946, Locarno se voit en reflet de la Suisse culturelle.
En 1946, il fallait oser imaginer un festival de cinéma en Suisse. C'est toujours aussi vrai en 2025. Malgré sa longévité, ou peut-être grâce à elle, celui de Locarno réinvente chaque année une sorte de petit miracle d'équilibrisme, où son cadre immuable et paisible accueille les images mouvantes d'un présent en pagaille. Ce n'est pas la dernière de ses ambivalences, sinon de ses paradoxes: par son audace artistique comme par la vitalité de son public, l'un des plus vieux festivals de cinéma au monde reste d'une jeunesse confondante.
On y voit des films qui racontent la Suisse, mais il suffit de se promener dans ses rues pour en vivre l'utopie, soudain réalisée, durant dix jours. La politique culturelle se fait à Locarno, mais le festival est politique en lui-même, au carrefour de toutes les langues du pays, de toutes ses communautés et sensibilités. L'offre de cinéma est aussi exigeante que la fréquentation est grand public. Acteurs, politiciens, journalistes, producteurs se mêlent aux quidams sur le pavé, dans une décontraction mi-bohème mi-chic que la laideur du barouf cannois et de sa montée des marches n'a jamais contaminée.
Dans un monde d'écrans individuels et d'individus scotchés à leurs écrans, Locarno impose la rencontre. Accessible, intelligent, fédérateur, il est un festival populaire dans la plus noble acception du terme. Une réussite suisse tellement ancrée dans le paysage qu'on oublie trop souvent de la saluer, et qu'il ne faudra jamais oublier de défendre.
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François Barras est journaliste à la rubrique culturelle. Depuis mars 2000, il raconte notamment les musiques actuelles, passées et pourquoi pas futures. Plus d'infos
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