3 days ago
La foudre traverse le toit, perfore le plafond et finit dans son salon
Tamara Oddoux se souviendra longtemps de la soirée du 30 juin, quand la foudre a fini sa course dans son salon. Heureusement, ni elle ni son fils n'ont été blessés. Publié aujourd'hui à 08h30
Un orage violent a éclaté lundi à 18 h 30 à Lausanne. La foudre est tombée sur l'immeuble place Chauderon 24, a traversé le toit et est entrée par le plafond dans le salon de Tamara Oddoux, avant de descendre le long de la cheminée où elle est ressortie. Il y a un trou au plafond et un impact au bas de la cheminée.
Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia
En bref:
«Mon fils de 15 ans était dans sa chambre occupé sur son ordinateur, quand il a vu un énorme flash blanc, accompagné d'une déflagration. Comme une bombe.» Lorsqu'elle évoque la soirée du lundi 30 juin, Tamara Oddoux parle vite. L'effet du stress a posteriori. Il y a de quoi! Jamais cette Lausannoise n'aurait imaginé que la foudre puisse frapper l'immeuble du centre-ville où elle habite au sixième et dernier étage, traverser le toit à côté du clocher, puis le plafond de son salon, pour ressortir à la base de la cheminée.
Vers 18 h 30, un orage soudain s'abat sur la capitale vaudoise. «J'étais sortie faire une course dans le voisinage, raconte Tamara Oddoux. Une chance, car normalement, à cette heure-là, je suis dans mon salon et l'histoire aurait pu être beaucoup moins sympathique à raconter.» De la rue, elle entend aussi le violent coup de tonnerre, mais sans imaginer une seule seconde la suite de sa soirée.
«Je suis rentrée chez moi et j'ai remarqué qu'il n'y avait plus d'électricité. J'ai demandé à mon fils s'il allait bien. Il m'a alors décrit ce qu'il avait vu et que l'écran de son ordi était noir. J'ai essayé de rétablir l'électricité. Cela a marché. Je ne me doutais encore de rien.»
La foudre est passée à côté du clocher et est tombée entre une tuile et la ferblanterie avant de finir dans l'appartement, selon les premières explications de la gérance de l'immeuble sis place Chauderon 24, à Lausanne
Florian Cella / Tamedia Des débris de plâtre dans tout le salon
C'est en entrant dans son grand salon de 40 m2 que Tamara Oddoux se pose des questions. Des éclats de plâtre sont éparpillés dans toute la pièce. «Le ramoneur était passé en début d'après-midi, puis la femme de ménage. Tout était propre, cela ne pouvait être cela. J'ai compris en levant la tête et en regardant le plafond. Il y avait un trou. La foudre l'avait perforé.»
Immédiatement, elle prévient la régie pour signaler l'improbable sinistre. «Ils ont bien réagi. Dès le lendemain, un ferblantier est venu réparer le toit et constater les dégâts dans la cheminée.» Un inventaire a également été réalisé dans l'appartement: «Plusieurs appareils ménagers, comme l'aspirateur et un ordinateur qui étaient branchés, ainsi qu'une lampe d'art n'ont pas résisté à la surtension.»
Depuis, Tamara Oddoux avoue un stress certain: «Je sais et on me répète sans cesse qu'il a fallu un gros concours de circonstances pour que la foudre finisse dans mon salon. Néanmoins, je ne suis plus tranquille.» Pour se rassurer un peu, la locataire a demandé à la régie de vérifier si le paratonnerre était bien fonctionnel: «Je me réjouis de lire le rapport qui sera produit, aussi pour savoir comment cela a pu arriver.» «Entre une tuile et la ferblanterie»
Du côté de la gérance aussi, l'événement est extraordinaire. «En dix-sept ans d'activité, je n'ai jamais vu cela. Tout comme notre directeur, qui a encore plus d'expérience que moi, lance d'emblée Ludovic Butticaz, directeur adjoint de la Gérance Robert Crot ¬ Cie. Le plus important est qu'il n'y ait pas eu de victimes.»
Reste le mystère de l'improbable: «Des investigations et un contrôle des installations électriques et du paratonnerre sont menés pour déterminer les travaux qu'il faudra entreprendre. Nous n'avons pas encore chiffré les dégâts. Ce que nous savons pour l'instant, c'est que la foudre est tombée entre une tuile et la ferblanterie. Vraiment un trou de souris. C'est probablement pour cela qu'elle a évité le paratonnerre pour arriver dans le logement.»
Ici, l'impact en haut de la cheminée.
Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia
Ici, l'impact en bas de la cheminée.
Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia 615 impacts directs de foudre par an
Ce scénario, Tamara Oddoux ne l'imaginait pas en pleine ville. «À la campagne oui… les arbres et les bâtiments isolés, je sais tout cela. Mais ici?» Et pourtant. Selon les spécialistes, la foudre ne fait aucune distinction géographique (lire ci-dessous) et frappe peut-être plus souvent qu'on ne l'imagine. Selon le Centre d'information pour la prévention des incendies (CIPI) , les 19 cantons dotés d'un ECA, soit 80% du territoire suisse, enregistrent en moyenne 615 impacts de foudre directs par an, pour des dommages de près de 6 millions de francs. Néanmoins, toujours selon le CIPI, les sinistres ont «diminué d'environ un tiers au cours des trente dernières années».
Quelques jours après cette frayeur invraisemblable, Tamara Oddoux veut en sourire: «Sinon on se focalise sur la chose et c'est l'angoisse du non-contrôle des événements climatiques et de ses conséquences qui prend le dessus. Et là, je crois que l'on ne survit pas.» Même si l'on sait que la foudre ne tombe jamais deux fois au même endroit. «Ne pas prendre de bain ou de douche durant un orage»
«La foudre frappe n'importe où. Elle ne fait pas de différence entre les bâtiments des villes et ceux de la campagne.» L'histoire de Tamara Oddoux n'étonne pas le moins du monde Frédéric Jolliet, expert prévention, spécialiste de la foudre et de la prévention des incendies à l' Établissement cantonal d'assurance des bâtiments (ECAB) à Fribourg. «Parfois, elle fait éclater le carrelage ou met le feu à la charpente. La surtension dans les lignes électriques peut aussi endommager les appareils branchés.»
L'appartement touché à Lausanne se situait au 6e et dernier étage du bâtiment. Faut-il en déduire qu'il est plus dangereux d'habiter sous le toit qu'au 1ᵉʳ étage? «Non, il n'y a pas plus de risques. Car la foudre va toujours chercher à aller jusqu'au sol. Elle trouve toujours un chemin dans les éléments d'un bâtiment. Et s'il s'agit d'une structure en métal, celui-ci sera plus direct», explique Frédéric Jolliet.
L'expert rappelle que le meilleur moyen de prévenir un tel incident est d'installer un paratonnerre. «Il s'agit de la seule protection directe à disposition et son installation est en principe subventionnée par les ECA, selon la réglementation du canton et si elle est effectuée par un installateur agréé.»
Enfin, le spécialiste rappelle que même à l'intérieur d'un bâtiment, il y a quelques réflexes, souvent oubliés, à avoir durant un orage. Petit rappel:
Ne jamais prendre de bain ni de douche.
Éviter de se tenir à proximité d'une cheminée métallique ou de s'appuyer contre elle.
Débrancher les fiches des appareils électriques pour éviter les surtensions.
Ne pas se tenir sur la terrasse ou le balcon pour admirer les éclairs, mais bien rester à l'intérieur.
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Patrick Oberli est journaliste à la cellule enquête de Tamedia depuis juin 2023. Auparavant, il était rédacteur en chef adjoint de Sport Center à Lausanne, fonction qu'il a également occupée à L'Express/L'impartial, L'Hebdo et PME Magazine. Il est lauréat du Prix Dumur 2016. En 2021, il a reçu un Special Awards for Investigation de l'Association de l'Association internationale de la presse sportive. Plus d'infos
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