30-07-2025
«On se demande pourquoi autant de moyens financiers sont mobilisés» : à Mayotte, des reconduites à la frontière en chute libre
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DÉCRYPTAGE - Malgré les moyens mis en place, les chiffres de la lutte contre l'immigration sont en forte baisse. En 2024, le nombre d'expulsions est passé de 24.000 à 19.000 et les interceptions d'embarcations ont diminué de 25 %. Sur l'archipel, un sentiment d'impuissance s'enracine.
Fin juin, Mohamed a, à nouveau, rejoint Mayotte en kwassa depuis les Comores, après avoir été expulsé vers Anjouan quelques semaines plus tôt. C'est la cinquième fois que l'homme de 33 ans monte à bord d'un bateau de pêcheur pour rejoindre le 101e département français, où il vit depuis cinq ans. Avec, à chaque fois, son lot d'appréhensions. « La dernière fois que j'ai fait la traversée, je pensais qu'on n'allait jamais arriver. La mer était très agitée, il y avait du brouillard, de l'orage… Je me suis dit que c'était fini pour moi », raconte cet Anjouanais qui débourse à chaque fois 400 à 500 euros pour la traversée. Des voyages effectués de nuit et qui durent parfois « jusqu'à vingt-quatre heures », avec « 18 personnes à bord » et même « des zébus ou des chèvres », décrit celui qui garde toujours « un peu d'économies de côté » pour repayer la traversée en cas d'expulsion.
À Mayotte, l'histoire de Mohamed ne fait pas exception. « Les gens qui se font expulser reviennent…