3 days ago
- Science
- Le HuffPost France
Canicule : la Mer de Glace fond très vite avec les températures positives au sommet du Mont Blanc
ENVIRONNEMENT - C'est une autre conséquence massive du dérèglement climatique et des températures caniculaires qui touchent de nouveau la France en ce mois d'août. Si les océans suffoquent, causant un désastre pour la biodiversité, à près de 5 000 mètres d'altitude, le Mont Blanc subit également de plein fouet les très fortes chaleurs.
Un chiffre illustre parfaitement cette situation inquiétante. Lundi 11 août, l'isotherme 0 °C, c'est-à-dire l'altitude à laquelle la température bascule dans le négatif, s'est élevé à 5 113 mètres, d'après des données récoltées par un lâcher de ballon sonde à Payerne, en Suisse. Or, le Mont Blanc culmine quant à lui à 4 806 mètres. Ce qui signifie donc qu'il faisait plus de 0 °C à la pointe du plus haut sommet d'Europe.
Un relevé exceptionnel, mais qui a tendance à se multiplier ces dernières années avec le changement climatique. Rien que fin juin, la température au sommet du Mont Blanc avait dépassé les 0 °C plusieurs jours de suite. En juin 2022, un record absolu avait été fixé : 10,4 °C.
« Plus de 10 centimètres de pertes » en une journée dans la Mer de Glace
Si l'isotherme 0 °C est repassé à 4 400 mètres mardi, selon Météo-France, et devrait continuer à baisser durant la semaine, ce n'est pas pour autant que la situation reste rassurante. Alors que la Haute-Savoie était toujours placée ce mercredi 13 août en vigilance orange canicule, sur tout le versant du Mont Blanc, les températures restent élevées pour la zone. Avec des conséquences notamment désastreuses pour le plus grand glacier de France : la Mer de Glace.
« On peut avoir, sur des journées comme [mardi] ou [mercredi], plus de dix centimètres de pertes », dans la Mer de Glace, explique auprès d'ICI Haute-Savoie Ludovic Ravanel, géomorphologue et directeur de recherche au CNRS. « Plus il fait chaud, plus les glaciers fondent et plus leur retrait s'accélère. Passé un certain point, il n'y a plus de neige de surface et la glace, plus sombre, se retrouve exposée aux rayonnements solaires et fond plus rapidement », complète auprès de France 3 Auvergne-Rhône-Alpes Nicolas Ribard, prévisionniste et nivologue pour Météo-France au bureau de Chamonix, en Haute-Savoie.
Cette canicule du mois d'août n'est pas la seule responsable. Celle de la fin du mois de juin, la plus précoce jamais connue en France, a également participé à cette très nette dégradation des glaciers. « Quand on commence par une période très, très chaude, la couverture neigeuse fond et la période de fonte des glaciers démarre très tôt », insiste Ludovic Ravanel.
De quoi lui faire dire que « d'ici à 2050, on aura des glaciers qui, malheureusement, seront déjà bien retirés par rapport à la situation actuelle. Et, par rapport aux modélisations dont on dispose pour la fin du siècle, il est vraisemblable qu'il reste très peu de glaciers dans les Alpes ». Avec des conséquences colossales : réduction du niveau d'eau douce en montagne, risques d'éboulement, sans oublier la contribution à la montée du niveau des océans, parmi tous les dangers causés.
