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La Presse
3 days ago
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Le collège LaSalle conteste une amende de 30 millions
Le collège dit ne pas avoir été en mesure de respecter ces limites en partie à cause du nombre d'étudiants étrangers qui avaient été acceptés avant l'annonce des quotas. (Montréal) Le collège LaSalle, à Montréal, conteste une amende de 30 millions pour avoir accueilli un nombre excessif d'étudiants dans ses programmes anglophones. La Presse Canadienne Claude Marchand, président du collège, affirme que cette amende menace la survie de l'établissement bilingue vieux de 65 ans. « Une amende de 30 millions non seulement est disproportionnée, mais aussi sans précédent dans le système d'éducation québécois et ailleurs, a soutenu M. Marchand. Elle représente une menace existentielle pour notre établissement, nos étudiants et des centaines d'emplois. » Le Collège a demandé à la Cour supérieure du Québec d'annuler l'amende, arguant qu'elle est déraisonnable. Dans une récente publication sur les réseaux sociaux, la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, a défendu la décision du gouvernement. « le Collège Lasalle est le seul établissement privé subventionné à ne pas respecter la loi et à avoir défié la Charte de la langue française, et ce, malgré un accompagnement serré et plusieurs avertissements », a-t-elle déclaré. Le Collège admet avoir dépassé le nombre d'étudiants autorisés dans ses programmes anglophones au cours des deux dernières années. Le gouvernement du Québec impose des limites au nombre d'étudiants pouvant s'inscrire aux programmes collégiaux anglophones depuis l'adoption de la loi 96 en 2022. Au cours de l'année scolaire 2023-2024, première année d'application des nouvelles limites, le Collège LaSalle a dépassé son quota de 716 étudiants et a reçu une amende de 8,8 millions. Au cours de la dernière année scolaire, le collège a dépassé son quota de 1066 étudiants et s'est vu infliger une amende supplémentaire de 21 millions. Le collège dit qu'il était impossible de respecter les limites en partie à cause du nombre d'étudiants étrangers qui avaient été acceptés avant l'annonce des quotas. L'école affirme qu'elle sera en conformité d'ici l'automne. Dans des documents judiciaires, le collège affirme que le processus d'admission des étudiants étrangers commence souvent plus d'un an avant la date prévue de début des cours. Après avoir reçu une lettre d'admission du collège, les étudiants doivent obtenir un certificat d'acceptation du gouvernement du Québec. Le Collège LaSalle soutient que le gouvernement a accordé plus de 700 certificats à des étudiants étrangers souhaitant suivre des programmes en anglais pour l'année scolaire 2023-2024, malgré le nouveau quota du collège pour l'année, qui n'était que de 693 étudiants. Il y avait déjà 654 étudiants inscrits dans des programmes en anglais, ajoute-t-il. L'établissement d'éducation affirme ne pas avoir pu annuler les offres déjà faites aux étudiants ayant reçu des certificats d'acceptation du gouvernement du Québec. Il note également accueillir une proportion d'étudiants étrangers plus élevée que les autres collèges du Québec. « La loi a été mise en œuvre sans période de transition, ce qui nous a mis dans une situation où il était impossible de nous y conformer », a déclaré M. Marchand. Il a également noté que le nombre total d'étudiants anglophones n'avait pas augmenté depuis 2019. Le collège assure avoir imposé un moratoire sur les inscriptions à certains de ses programmes d'anglais pour l'année scolaire 2024-2025 et qu'il sera en conformité avec les nouveaux quotas d'ici l'automne.


Le Figaro
04-07-2025
- Politics
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«Boualem Sansal ou la francophonie emmurée»
TRIBUNE - Sept mois et demi après son arrestation à Alger, l'écrivain franco-algérien s'est vu infliger une peine de cinq ans de prison. Pour Sophie Audugé, présidente de SOS Éducation, l'absence de soutien de notre diplomatie est symptomatique du délitement progressif de l'esprit français. Sophie Audugé est présidente de SOS Éducation. À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié Depuis des siècles, forte de son humanisme et de son universalité, la langue française tisse des liens entre les générations et entre les continents. 258 millions de personnes la parlent dans le monde. La langue française est un bien commun qui nous oblige. Publicité Comprendre l'histoire des idées, du siècle des Lumières à l'époque contemporaine, est l'un des enjeux primordiaux de l'École. Pour cela, il ne s'agit pas seulement d'apprendre à lire, mais de savoir lire. C'est-à-dire lire parfaitement jusqu'à saisir le sens profond des textes, afin d'accéder à l'esprit des idées qui ont forgé l'âme française. Pour l'académicien Jean Dutourd, «pervertir une langue, c'est pervertir l'esprit, c'est renier l'âme de la nation dans ce qu'elle a de plus intime et de plus précieux.» La créolisation d'apparat que prône Jean-Luc Mélenchon, consiste à déshériter le peuple français d'une partie de sa matrice civilisationnelle. Déjà en 1998, des esprits partisans voulaient affaiblir la francophonie. Le philosophe et historien Jean Salem, publia comme un acte de résistance, un article dans l'Orient-Le Jour, en marge d'un colloque sur la francophonie qui se tenait au Liban. Voilà ce qu'il y écrivit: «La langue française est devenue une grande langue de civilisation parce qu'elle a été façonnée par trente générations d'écrivains ; c'est à eux, en première et ultime instance, que le français doit d'être ce qu'il est, et d'avoir, dans son tissu sémantique, dans ses outils grammaticaux, dans ses instruments rhétoriques, dans ses registres stylistiques, le poids et l'épaisseur d'un millénaire d'histoire.» Maurice Druon reprendra mot à mot les propos de Jean Salem dans un discours historique sur l'état de la langue, prononcé sous la coupole de l'Académie française le 3 décembre 1998. À lire aussi «Il s'est exprimé de façon personnelle» : LFI prend ses distances avec Delogu, en déplacement en Algérie sans évoquer Sansal et Gleizes Druon y dépeint «la francophonie à l'école et surtout à l'université, comme guettée par un mal insidieux et grave : la crise intellectuelle et spirituelle de la culture française qui se traduit par le reniement délibéré, systématique, de la tradition qui a fondé, depuis plus de dix siècles, cette culture.» Maurice Druon condamne «les sectarismes réducteurs qui menacent l'avenir tout à la fois de la langue française et de la civilisation dont elle est inséparable.» 20 ans plus tard, le sectarisme du genre avait frappé, l'écriture inclusive a envahi les universités et les administrations. L'Académie lance une alerte solennelle en 2017 avec cette formule choc : «La langue française est en péril mortel» Aujourd'hui, c'est le sectarisme du racialisme qui s'abat sur la francophonie. Comment alors ne pas avoir une pensée pour Léopold Sédar Senghor, Africain agrégé de grammaire, président du Sénégal, auteur africain élu à l'Académie française mais surtout, fervent défenseur de la francophonie séculaire. Publicité Pour Senghor, «la langue française est un instrument de liberté. Le français, langue de rigueur, langue de clarté, m'a permis d'exprimer le fonds de mon âme nègre.» Et que dire aussi, d'Albert et Boualem, que 40 ans séparent, mais qui l'un comme l'autre, enfants d'une extrême pauvreté, ont grandi dans le quartier populaire de Belcourt, à Alger. Ils reçurent l'instruction rigoureuse et exigeante des hussards noirs de la République Française. Albert Camus fera de la langue française sa patrie. Sacré prix Nobel de littérature, il rendit un vibrant hommage à son instituteur dans une lettre d'anthologie. Quant à Boualem Sansal, diplômé de l'école polytechnique d'Alger et docteur en économie, haut fonctionnaire, il fut directeur général du ministère de l'Industrie algérien. Écrivain tardif en réaction aux années de guerre civile algérienne, il déclara «écrire, était une nécessité vitale». Dans Le français, parlons-en !, Boualem Sansal déplore «la langue est la pierre angulaire de l'édifice symbolique national, le trésor sacré du peuple. Défendre la langue française est désormais chez nous considéré comme un combat désuet. En Algérie, je suis devenu un résistant de la langue française. Je suis considéré comme un agent de l'Occident, doublé d'un mécréant.» Tristement prophétique puisque l'écrivain franco-algérien croupit dans une prison d'Alger. Les écrivains ont tout fait. Si la France cessait d'en produire, la langue de Duras et de Sansal deviendrait une langue morte. Antoine de Rivarol Précisément sur la terre, où jadis la méritocratie de l'école républicaine fut l'ascenseur social qui le fit scientifique et écrivain. Mais les temps ont changé. La France, hier paradis des écrivains, combattante infatigable de la liberté d'expression, courbe l'échine. La diplomatie française incapable de se lever avec force pour ramener, un des siens, symbole vivant de la francophonie émancipatrice. Boualem Sansal incarne malgré lui le symptôme d'un changement d'époque. L'esprit français cédant aux sirènes de l'ignorance. Si Boualem Sansal venait à mourir en Algérie, ce serait une tragédie historique, marquant le basculement de l'universalisme français vers l'obscurantisme. De Camus à Sansal, l'instruction publique française permit à des enfants pauvres de s'élever aux plus hautes fonctions. Depuis, des esprits fourbes ont inventé la discrimination positive et cassé l'ascenseur social des savoirs et de l'exigence intellectuelle. Des institutrices et instituteurs, héritiers spirituels des hussards, désertent l'École publique parce qu'elle n'instruit plus. Ils sont remplacés par des surdiplômés, gratifiés d'un bac + 5, pourtant incultes voire ignares à en juger par leurs faits d'armes au dernier concours du professorat des écoles. Certains ont attribué Germinal à Balzac ou les fleurs du mal à Victor Hugo, confondu les nombres impairs et les nombres négatifs, été incapables de définir «apatride» ou même, d'en comprendre le sens dans une phrase. Ironie du sort. Ces professeurs des écoles en herbe, inconscients d'être apatrides de la langue française, prétendent, avec l'outrecuidance de l'enfant-roi, instruire les élèves de France. Publicité Il est peu probable qu'ils engendrent des Zola, Sand, Yourcenar, Jaurès, Colette, Camus, Duras, Ernaux ou Sansal… La formule d'Antoine de Rivarol, malicieusement adaptée à la circonstance, cingle notre époque : «Les écrivains ont tout fait. Si la France cessait d'en produire, la langue de Duras et de Sansal deviendrait une langue morte». Voilà où en est la France en 2025, après des décennies de renoncements. Sous-culture, diplomatie de soumission et École de l'ignorance. L'esprit français tombé en désuétude, remplacé par les rouleaux compresseurs du vide: Netflix et TikTok. L'instruction publique, macdonalisée, où l'on vient «satisfait comme on est», la fierté de l'inculture en bandoulière.